L’âge d’or des EDPM ?

Publié le 01/07/2025 Par Thierry Traccan

Les EDPM1, sont l’acronyme de : Engins de Déplacement Personnel Motorisés, ces nouveaux moyens de locomotion qui tendent à coloniser les villes, parfois d’ailleurs de manière un peu sauvage, bien que l’État encadre dans les textes cette pratique. L’occasion de faire le point sur ces matériels de la nouvelle mobilité.

Monoroue et trottinette
Monoroue et trottinette.

Vous ne savez pas ce qu’est un EDPM ? Et si on vous dit « Engin de Déplacement Personnel Motorisé », ça ne fait pas vraiment avancer votre schmilblick ? Mais si on énonce trottinette électrique, monoroue, gyropode, hoverboard, et même VTT électrique ? Là, vous voyez mieux, c’est certain.

Bon, laissons ici de côté les vélos électriques qui finalement ne sont pas si différents des vélos dits musculaires. La différence se fait par cette assistance motorisée, qui laisse vos muscles dans un confort, et un état, justement… ouaté. Pas de risques de crampes à redouter, pas plus de courbatures, ni même la crainte de sentir la sueur, comme celle de marquer son costume ou sa robe, d’auréoles disgracieuses en arrivant au bureau.

Le bénéfice du vélo électrique, c’est de se déplacer sans résistance et donc, sans grand effort si ce n’est celui de faire timidement tourner ses jambes.

Les EDPM que nous présentons ici ne sont pas des matériels de sport, mais bien des équipements destinés soit au loisir pur, soit aux déplacements privés ou professionnels. Ce sont des moyens de locomotion qui prennent de plus en plus de place dans les grandes villes où l’on réduit l’espace, hier encore, dévolu à la voiture, pour le remplacer par des voies de circulation imaginées et réservées pour les vélos et autres EDPM. La mobilité douce en somme. Enfin, douce pas toujours…

La mobilité de ces nouveaux engins qui se frottent aux autres usagers, s’avère parfois rugueuse, voire violente. Comme souvent dans ces environnements nouveaux, où la technique est au point et offre des possibilités allant bien au-delà de ce que les lois entendent limiter, les libertés prises par certains (certes toujours des minorités) se heurtent, hélas, quelques fois, douloureusement à ceux qui respectent, dans ces nouvelles pratiques, à la fois l’esprit et la lettre, donc la loi (voir encadré en fin d’article).

Qui n’a pas été témoin d’utilisateurs de trottinettes, transformés en missile sol-sol, roulant à des vitesses dont le différentiel de vitesse avec celui des autres usagers était tel, et à ce point désaccordé, que le moindre impact laissait présager du pire ?

Des matériels qui une fois débridés (et l’affaire est aisée) atteignent des vitesses que ne renieraient pas certaines motos de belle cylindrée. Et quand on mesure la permissivité accordée par les villes à ces nouveaux entrants, tantôt par la vitesse (heureusement ils restent rares), tantôt par le non-respect des signalisations (et là ils sont très nombreux), on comprend l’attrait décuplé pour ces nouveaux moyens de locomotion qui ne se bloquent jamais dans le trafic, disposant de voies réservées édifiées sur la chaussée hier réservée aux voitures, ou autorisés à emprunter les voies mixtes et jouissant de passe-droits réglementaires que certains épris d’encore plus de liberté personnelle amplifient.

Une liberté d’autant plus grande que les utilisateurs sont difficilement identifiables (pas de plaques d’immatriculation). Il reste alors à éviter les interpellations directes au moment d’emprunter les sens interdits, ou de ne pas respecter les feux de signalisation.

Bon… on est d’accord, faire le choix d’un EDPM, ce n’est pas qu’assouvir ses pulsions libertaires. C’est pour l’immense majorité des utilisateurs d’abord et avant tout un choix de raison quand on habite en ville et que la plupart de ses déplacements avoisinent les cinq kilomètres.

Un choix pratique, grâce à l’encombrement minimaliste de ces véhicules (pour la plupart), qui se rangent derrière une porte de bureau ; un choix écoresponsable, par le peu d’énergie consommée et l’empreinte au sol limitée (dimensions des pneus) ; et un choix économique tout court, puisqu’un citadin peut aujourd’hui abandonner sa voiture (ou encore son scooter ou sa moto, avec lesquels il devient de plus en plus difficile de se faufiler et dont le stationnement est payant) au profit d’un EDPM bien moins gourmand en tout, et qui permet même de se passer au quotidien des transports en commun.

Un EDPM, c’est aussi la liberté (on y revient) de partir quand bon vous semble, d’emprunter des chemins fluides, et donc de vivre sa liberté d’aller et venir en n’ayant à supporter qu’un minimum de contraintes…

Une pratique qui ne va faire qu’augmenter, pour plusieurs raisons : des politiques de la ville qui sont chaque jour un peu plus hostiles à la voiture (et à la moto), mais aussi des engins proposés toujours mieux adaptés et toujours plus performants (on ne parle pas là que des performances sportives).

Les EDPM ont de (très) beaux jours devant eux, à condition de mieux faire respecter les règles de pratique. C’est d’ailleurs l’anarchie constatée à Paris qui a poussé la mairie, à la suite d’un vote populaire, à retirer en 2023 l’ensemble de ses 15 000 trottinettes électriques proposées en location libre-service, les Parisiens jugeant ces engins à la fois dangereux et trop encombrants…

Sans compter toutes ces trottinettes qui finissaient sur les bords de Seine ou plongées carrément tout au fond de son lit. L’offre publique disparue, les vendeurs privés ont pris le relais et les magasins ont commencé à fleurir, répondant à une demande forte… La nature a horreur du vide. La ville aussi.

La trottinette en conquête

Trottinette électrique

C’est un sentiment qui se vérifie en se promenant dans les magasins spécialisés du genre autant que chez les généralistes dont les rayons proposent également des trottinettes électriques. Ce sentiment ? Celui d’une montée en gamme pour des modèles de plus en plus en phase avec la réalité des environnements où ils évoluent, comme en témoigne Rudy Godoy, directeur France de Segway-Ninebot, marque leader du marché :

« Il y a une tendance à améliorer les capacités dynamiques de nos trottinettes, en ajoutant des éléments de suspension pour plus de confort par exemple. Nous proposons aussi de meilleurs freins, une plus grande autonomie grâce à de nouvelles batteries… Nos modèles embarquent aussi des systèmes de navigation, un contrôle de traction. Depuis trois ans, nous sommes restés stables sur les prix mais en offrant un niveau d’équipement supérieur, profitant de ce que nous permettent les nouvelles avancées de la technologie. Et puis nous sommes en pleine phase de renouvellement après la crise sanitaire. Beaucoup ont acheté leur première trottinette électrique à cette période, et nous nous devons de proposer des matériels qui justifient cette volonté de renouvellement d’achat. Sans oublier que la trottinette devient un objet de mode, on l’achète parfois autant pour le look que pour l’usage. Le profil de la clientèle, ce sont les 20-35 ans, plutôt urbains, qui l’utilisent pour aller au travail. Certains pour l’intermodalité puisqu’ils prennent aussi le train, le métro et qui recherchent un produit léger et pratique. Ce sont les tarifs inférieurs à 400 euros. Ceux qui font de longues distances, 8 km en moyenne, se tournent vers un matériel plus imposant dont les prix sont plus proches des 700 euros. Le marché est reparti en croissance depuis le mois de novembre. En Allemagne, il a même été multiplié par deux, et en Espagne l’augmentation est de l’ordre de + 30/40 %, quand la France voit sa croissance s’établir à + 20 % ».

S’il reste difficile d’avoir des chiffres exacts, d’après nos informations, sachant qu’il se vend environ 700 000 unités par an, il y aurait entre 2,5 millions et 3 millions de trottinettes électriques en circulation dans l’hexagone.

Les différents EPDM

Trottinette électrique

Les trottinettes électriques :

Elles sont les engins électriques de déplacement les plus courants. Munies d’un guidon (souvent) réglable, de poignées, de freins et d’une gâchette d’accélération, les trottinettes électriques séduisent beaucoup d’usagers, étant à la fois très simples d’utilisation et beaucoup plus stables que d’autres engins électriques. Le prix moyen varie entre 300 et 800 euros.

gyroroues

Les gyroroues :

Après les trottinettes électriques et les hoverboards, les gyroroues (ou monoroues) sont les EDPM les plus utilisés en France. C'est un engin qui requiert un certain sens de l’équilibre, même si la difficulté est surtout psychologique. Munie de deux repose-pieds sur les côtés, la gyroroue se pilote debout : l’utilisateur donne des impulsions pour décider de sa trajectoire. Un temps d’apprentissage est ici nécessaire. Si on trouve des monoroues à 700 euros, le prix médian flirte plutôt avec les 1 000 euros.

hoverboard

Les hoverboards :

Contrairement au tout premier contact, l’hoverboard est l’un des engins les plus faciles à maîtriser. Quelques minutes de pratique suffisent à appréhender la position debout, il suffit ensuite de se pencher du côté de la direction souhaitée en appuyant sur le pied gauche ou droit. Pour s’arrêter, on se penche légèrement en arrière ; pour avancer, légèrement en avant, et plus franchement pour prendre de la vitesse. Question budget, comptez entre 250 et 300 euros.

gyropode

Les gyropodes :

Tout comme l’hoverboard ou la gyroroue, le gyropode se conduit en se penchant d’avant en arrière pour avancer ou reculer, et sur les côtés pour tourner. Intuitif, piloter un gyropode devient évident dès les premiers essais. Évident sauf pour le tarif de ces EDPM qui se déclinent dans bien des utilisations (urbaine, off road) puisque le prix moyen s’élève à 1 500 euros, mais peut largement dépasser les 3 000 euros.

draisienne

Les draisiennes :

Des vélos mais sans pédales, voici ce que sont les draisiennes que l’on imagine souvent réservées aux enfants en quête d’apprentissage de l’équilibre, mais dont certains modèles électriques ont été développés pour les adultes. Un moyen de déplacement confortable et pratique (pliable parfois) dont les prix fluctuent entre 400 et 1 000 euros.

Une assurance est-elle nécessaire ?

Reconnu officiellement par les pouvoirs publics comme une catégorie de véhicule à part entière depuis octobre 2019 (au même titre par exemple que les voitures ou les motos), les EDPM sont soumis à l’obligation d’avoir au minimum une assurance Responsabilité Civile. AXA vous propose plusieurs options pour accompagner cette nouvelle mobilité.

Pour en savoir plus : https://passion.axa.fr/edpm-trottinette-electrique

Ce que dit le droit

Depuis le 25 octobre 2019 (et le décret modificatif du 31 août 2023), le code de la route reconnaît les EDPM comme une nouvelle catégorie de véhicules et en définit le statut. Il fixe les caractéristiques techniques, les règles de stationnement et précise les sanctions en cas de non-respect de ces règles. Parmi les règles édictées, on relève que :

  • les conducteurs doivent adopter un comportement prudent ;
  • il est interdit de conduire sous l’influence de l’alcool ou de stupéfiants ;
  • le port d’écouteurs, de casques audio ou l’usage d’un téléphone tenu en main est interdit ;
  • l’âge minimum pour conduire un EDPM est de 14 ans (contre 12 auparavant) ;
  • leur usage est strictement personnel (interdiction de monter à deux) ;
  • la circulation sur les trottoirs est interdite, sauf dérogation locale ;
  • en agglomération, l’usage des pistes cyclables est obligatoire lorsqu’elles existent ; à défaut, les EDPM peuvent circuler sur les voies dont la vitesse maximale autorisée est inférieure ou égale à 50 km par heure ;
  • le port du casque est obligatoire hors agglomération (et recommandé en ville) ;
  • les équipements obligatoires incluent : feux avant et arrière, avertisseur sonore, freins, dispositifs rétroréfléchissants.

En cas d’infraction pour non-respect des règles de circulation, l’amende sera de 150 euros, majorée à 1 500 euros en cas de vitesse supérieure à 25 km par heure.

Des trottinettes à 130 km par heure !

On fait bien des courses automobiles avec des caisses à savon… Logique, donc, que les trottinettes aient maintenant leurs compétitions. Et dans ce cadre, oubliez les modèles paisibles limités à 25 km par heure réservés à la voirie. Ici, ce sont les 130 km par heure que ces trottinettes atteignent sur des circuits empruntés habituellement soit par des karts, soit par des motos.

Organisé sous l’égide de la Fédération Française de Motocyclisme, l’E’trott Racing possède son propre règlement (avec deux catégories distinctes, les – de 38 kg et les + de 38 kg). Partagée entre des modèles de série et des prototypes, cette compétition reste pour l’instant fréquentée par quelques pionniers amateurs de sensations fortes et animés par l’esprit de participer à quelque chose de tout neuf.

Pour 2025, cinq épreuves sont au programme pour une entrée en matière du côté du Mans (72), les 5 et 6 avril, et une finale organisée sur le pôle mécanique d’Alès (30), les 13 et 14 septembre.

Plus d’informations : https://www.ffmoto.org

E’Trott

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1 EDPM : Véhicule sans place assise, équipé d’un moteur ou d’une assistance électrique, conçu pour le déplacement d’une seule personne. Sa vitesse doit être supérieure à 6 km par heure sans dépasser 25 km par heure. Rentre dans cette famille : les trottinettes électriques, monoroues, gyropodes, hoverboards et skateboards, et même les VTT électriques (pourtant équipés d’une selle, NDLR.).

Visuels : © Thierry Traccan, Alessio Corradi & Photos DR