Interview d'Aurelien Delahaye : Le projet Thor

21/03/2023

Aurélien Delahaye, client AXA Passion via l’agence S. Debourge & B. Ollier à Saint-Cyprien, nous parle de sa passion pour la glisse au travers de son projet Thor.



Aurelien Delahaye

Bonjour Aurélien. Quel a été votre parcours ? Quelle est votre implication dans le milieu de l’e-foil ?

J’ai grandi entre l’Auvergne et Nice, je fais du surf et du snowboard depuis mon enfance et désormais aussi de l’e-foil. J’ai un réseau de location sur la côte d’Azur, Olympea Riviera. Avec d’autres acteurs de la discipline, j’ai monté une structure dans le but d’encadrer cette discipline récente, l’E-foil Academy. Nous échangeons depuis un an avec la Division des Affaires Maritimes et la DDTM (Direction Départementale des Territoires et de la Mer) pour améliorer la sécurité : gilets, combis, équipements de sécurité côtiers, délimitation de zones de pratique en sécurité… On travaille aussi sur la création d’un diplôme d’enseignement de l’e-foil, avec le Ministère des Sports. La création d’une fédération permettra par ailleurs d’organiser des compétitions.


L’e-foil est une discipline récente, encore peu connue. Depuis combien de temps s’est-elle démocratisée ?

Depuis un an environ. Le surf sur foil existe depuis plus longtemps, mais il fallait être tracté par un bateau. Puis, sont arrivés de nouveaux matériaux et l’électrique a tout changé avec des batteries performantes et des télécommandes Bluetooth… Cela faisait bien trente ans qu’il n’y avait pas eu une telle révolution dans le monde des sports nautiques !

Aurelien Delahaye


Pouvez-vous nous présenter le projet Thor ? Comment a germé l’idée de cette aventure ?

Après avoir visionné le documentaire « Under the Artic Sky » (sorti en 2020) dans lequel Chris Burkard part en Islande avec un groupe de surfeurs rider sous les aurores boréales. J'ai réalisé que cela n’avait jamais été fait en e-foil. Je me suis dit qu’il fallait foncer ! En quelques mois, j’ai monté le projet Thor avec six passionnés et j’ai trouvé des sponsors.

Le projet Thor, c’est un roadtrip de 10 000 kilomètres en van jusqu’à Tromsø, situé sur le cercle polaire arctique, au nord de la Norvège. Avec une équipe de 3 passionnés de surf et d’e-foil (Aurélien Delahaye, Marion Neveu et Ruben Chiajese) et 3 photographes vidéastes pour capturer une moisson d'images à couper le souffle.

L'itinéraire :

Départ de Nice le 18 novembre 2022, arrivée et séjour à Tromsø (au nord de la Norvège) du 21 au 27 novembre 2022.

Trajet :

France, Italie, Suisse, Allemagne, Danemark, Suède et Norvège.


Pourquoi avoir choisi Tromsø, à l’extrême nord de la Norvège, comme destination ?

C’est le meilleur endroit pour surfer sous les aurores boréales. Je me suis beaucoup renseigné sur la Norvège pour trouver la meilleure période car il fait nuit une bonne partie de l'année, là-bas... À cette époque, fin novembre, le jour ne dure qu’une heure à une heure et demie.


Vous êtes restés à Tromsø une semaine en plein hiver, en novembre dernier. Comment s’est passée l’aventure sur place ?

C’était dépaysant, magique ! Nous avions loué une maison à 500 mètres de l’eau pour pouvoir faire des mises à l’eau facilement, grâce à un ponton. Il fallait être loin de la ville, pour échapper à la pollution lumineuse et faire de belles images.


Avez-vous rencontré des surprises ou des situations imprévues ?

Nous avions tout préparé, mais nous n’avions pas anticipé la puissance des marées ! Dans les fjords, le courant est très fort, c’est très différent des conditions que nous connaissons en Méditerranée. Pendant trois jours, nous avons eu aussi pas mal de vent, souvent dans le dos, avec la houle de travers… Dès qu’on tombait, on perdait la planche et il fallait aller la chercher à la nage assez loin, à cause du courant : car en foil, nous n’avons pas de leash pour garder un lien avec la planche… Il y avait aussi beaucoup d’algues à la surface de l’eau. De temps à autre, le moteur se bloquait net et nous tombions à l’eau. Il fallait à chaque fois recommencer… Ce n’est qu’à partir du quatrième jour que le vent est tombé et que nous avons pu filmer avec le drone.


Malgré les difficultés, vous avez néanmoins réussi votre défi : réaliser de superbes images de glisse en e-foil sous les aurores boréales !

Oui, je venais de m’assoupir quand l’équipe m’a prévenu que les aurores boréales « dansaient » dans le ciel… J’ai sauté du lit et couru à l’eau. Nous avions des lampes frontales sur la tête et sur la planche. Mais il faisait nuit noire et comme je n’avais aucun repère, je dérivais très vite loin du bord… C’était compliqué car je ne voyais pas du tout s’il y avait des vagues ou non. Je devais me repérer à la seule lumière d’un phare. Finalement, une des lampes frontales est tombée à l’eau, peu profonde, ce qui m’a servi de point de repère. J’étais tellement concentré pour tenir mon cap, que je n’ai même pas eu le temps de contempler les aurores boréales !

Aurelien DelahayeAurelien Delahaye


Vous étiez sans doute bien préparé au froid. Malgré tout, les températures n’ont pas posé trop de problèmes ?

Tromsø est située sur le cercle polaire arctique, mais l’eau ne gèle pas grâce au Gulf Stream. Malgré une eau à 3°C, nous étions bien protégés par nos combinaisons épaisses en néoprène. Mais le plus difficile une fois mouillés, c’était le vent, dès qu’on sortait de l’eau, en particulier pour les mains et le visage… Il ne fallait pas traîner dehors !


Et sur la route, les conditions étaient-elles difficiles ? Cette aventure contribuera sans doute à faire connaître l’e-foil auprès d’un plus large public ?

C’est notre objectif, en effet. On a lancé un blog vidéo sur les coulisses de l’aventure, sur YouTube. Nous travaillons aussi sur un documentaire que nous avons pour ambition de présenter au festival de Cannes, dans la catégorie courts-métrages. Une expo photo est prévue également à Saint-Laurent-du-Var.

Nous étions six à prendre la route avec un van et un utilitaire. On a eu quelques soucis. On a dû affronter une tempête de neige sur l’autoroute en Allemagne, au Danemark et en Suède. En Suède, à la limite de la Norvège, nous avons roulé sur des pistes glacées pendant 22 heures sans croiser une seule voiture… Et en Suède, la vitesse maximale autorisée est de 60 à 80 km/heure ! Nous avons dormi sur la route jusqu’à ce qu’il fasse trop froid. Dans le no man’s land, entre la mer Baltique et la Norvège, le thermomètre est descendu jusqu’à -24° C ! Il valait mieux ne pas tomber en panne. Notre van a eu un peu de mal mais le moteur a tenu le choc, heureusement. Au total, nous avons parcouru près de 10 000 kilomètres…

Aurelien Delahaye


Les disciplines sur mer avec foil ont le vent en poupe : le kitefoil et la planche à voile sur foil feront partie des nouvelles épreuves nautiques aux JO de Paris 2024. Verra-t-on aussi bientôt l’e-foil aux Jeux olympiques ?

J’aimerais bien. En tout cas au niveau sportif, nous avons ce qu’il faut en France : nous sommes prêts ! (Rires)


Le soutien d’AXA Passion a-t-il été important pour vous ?

Tout à fait. Je fais confiance à AXA qui assure mes agences de location d’e-foil depuis des années, via Jet Plus et l’agence S. Debourge & B. Ollier, de Saint-Cyprien. Notre agent Sébastien Debourge est d’ailleurs venu nous rejoindre à Tromsø pour nous soutenir dans l’aventure.

Connaissez-vous l'e-foil ?

Déclinaison du sup foil et du surf foil, l’e-foil s’est imposé récemment comme activité sportive sur l’eau. L'engin utilisé se compose d’une planche et d’une aile avec moteur électrique située sous la planche. L’ensemble est contrôlé par Bluetooth à l'aide d'une simple manette connectée qui active le moteur. La télécommande permet aussi d’agir sur la direction.

Avec la vitesse, la planche décolle. Ensuite, c’est un jeu subtil d’équilibre. La particularité avec l’e-foil, c’est qu’il faut gérer l’axe de la hauteur, ce qui n’est pas le cas dans les autres sports de glisse. Le but est de décoller, afin de réduire le frottement sur l’eau : « Lorsqu’on côtoie les oiseaux sur l’eau, sans un bruit, on a vraiment l’impression de voler ! », témoigne ainsi Aurélien Delahaye… Les planches évoluent à 40 km/heure maximum et ont une autonomie d’1h15 à 1h30. Lorsqu’on est débutant, il est recommandé de commencer sur un plan d’eau plane, comme un lac.

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Visuels : © Flavian Couvreur