Patrice Castets, une passion pour la pêche « no-kill »
Publié le 25/11/2024
Mordu par la pêche depuis l’adolescence, Patrice Castets, membre d’une Association pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique, nous a accordé un entretien pour nous dévoiler sa passion pour ce loisir. Récemment revenu d’une session en famille du côté des lacs et rivières d’Irlande, il nous partage son expertise et son amour pour cette discipline.
Une passion pour la pêche devenue une véritable expertise
D’où vous vient cette passion pour la pêche, est-ce une histoire de famille ?
Pas du tout, car personne ne pêchait à la maison. Vers mes treize ans, j’ai développé un intérêt pour la pêche et tout ce qui gravite autour de l’eau. J’habitais la région lyonnaise et quand j’avais un peu d’argent de poche, j’allais acheter du matériel. Je me préparais pour aller pêcher un jour. Je vivais surtout la pêche à travers les livres. J’ai fini par demander l’autorisation à mes parents et c’est comme ça que j’ai débuté. Aujourd’hui, j’ai deux enfants qui sont assidus depuis leurs deux ans. L’un des grands avantages de la pêche, c’est qu’on peut pratiquer toute l’année, même si je manque parfois de temps, étant Agent d’assurance.
Quelles espèces de poissons pêchez-vous ?
Plus jeune, je me suis essayé un peu à tout, puis, avec les années, je me suis concentré sur les espèces de poissons carnassiers, qui ont des dents. Le rapport de force m’intéresse et ce sont des poissons plus « rares », puisqu’ils sont au-dessus dans la chaîne alimentaire.
Nous sommes obligés de les traquer, car eux-mêmes poursuivent leurs proies. Pêcher ce type de poisson oblige à être sans cesse en mouvement, à chercher, à observer et à réfléchir à comment les attirer. Je suis un pêcheur qui aime traquer l’animal et comprendre son comportement pour le capturer et ensuite le relâcher vivant dans son milieu : c’est ce qu’on appelle le « no-kill ».
Avez-vous déjà pratiqué en haute-mer ?
À plus d’une vingtaine de milles des côtes, oui. J’ai pratiqué sur l’océan Indien, Atlantique et Pacifique. J’étais à la recherche de poissons pélagiques, ce sont des poissons non côtiers qui font, pour certains, le tour du monde et qui sont en permanence en mouvement. Il s’agit de poissons de type Marlins, Espadons qui peuvent atteindre plusieurs centaines de kilos.
Nous utilisons des bateaux puissants avec une forte autonomie permettant de parcourir de grandes distances sur une journée. Il s’agit souvent de quelques heures de navigation avant d’atteindre les spots situés sur des zones dénuées de tout repère à la surface. Les poissons évoluant sur ces zones à cause des courants ou pour différentes raisons géologiques : failles, fosses ou hauts-fonds.
Avez-vous déjà participé à des compétitions de pêche ?
J’ai fait plusieurs années le championnat de France de pêche à la mouche, en me concentrant sur les salmonidés. Ce sont des compétitions sur plans d’eau, avec pour principe d’attraper le maximum de poissons. J’ai remporté certaines victoires et fait quelques podiums mais je n’ai jamais pu accéder à l’équipe de France, car je n’étais ni assez bon ni assez assidu !
J’ai fait aussi pas mal de compétitions de pêche aux carnassiers, une à deux par an, même si cela m’attire moins. Nous sommes obligés de pêcher trois sortes de poissons différents (sandres, perches et brochets), alors que je préfère traquer et attraper des gros brochets.
Étant partenaire de plusieurs marques et faisant partie d’une Association pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique (APPMA), il m’arrive aussi d’organiser des compétitions.
Les compétitions attirent-elles beaucoup de passionnés ?
Cela dépend des évènements. Pour les championnats de pêche à la mouche en réservoir, on va être entre trente et quarante participants. Pour les compétitions en rivière, c’est à peu près la même chose. Pour les compétitions aux carnassiers, cela dépend du plan d’eau (rivière, lac…), de sa capacité à accueillir physiquement les bateaux et float-tubes¹, soit environ une cinquantaine de pêcheurs. La plus grosse compétition à laquelle j’ai participé s’est déroulée au lac des Settons, dans le Morvan (58), avec environ 110 bateaux et 220 pêcheurs.
Pouvez-vous nous en dire plus sur vos techniques de pêche ?
Je ne pêche pas avec des appâts vivants mais avec des leurres, car je trouve cela plus noble. J’ai longtemps pêché à la mouche, que ce soit en rivière ou en réservoir. Ce qui me plaît le plus, c’est la traque des gros brochets de plus d’un mètre, sur les grands lacs alpins. Je vis dans l’Ain (01), à 1 km d’une rivière et à proximité des trois principaux lacs alpins, pour aller pêcher en bateau facilement : le lac d’Annecy, du Bourget et Léman.
Quelles sont les règles et règlementations en vigueur pour pêcher en eau douce et en haute-mer ?
On peut pêcher toute l’année, seulement, il y a des périodes de fermeture selon la typologie des poissons qui se basent sur leur cycle naturel de reproduction. Il existe des réglementations de taille et de périodes d’ouverture, qui évoluent régulièrement. En mer, on relève des limitations et des interdictions, quant au nombre de poissons potentiellement prélevables, pour maintenir la réserve. Je pense particulièrement au bar et au thon rouge.
Que pouvez-vous dire sur les passionnés de pêche que vous rencontrez en général ?
Le nombre de licenciés baisse un petit peu. En revanche, les pêcheurs sont bien meilleurs qu’avant. Aujourd’hui, on a des pêcheurs qui sont beaucoup plus techniques, avec du matériel plus évolué et certainement plus passionnés. Ils sont davantage à la recherche du dépassement de leurs habitudes et de leurs performances. Ils souhaitent aussi mieux s’équiper en bateaux et en électronique. On constate aussi davantage de jeunes y compris en ville, qui s’essayent par exemple au « street fishing » (type de pêche qui se déroule en zone urbaine, telles que les centres-villes, NDLR.).
Le plaisir de s’adonner à sa Passion tout en profitant de la beauté des paysages. En fond, la magnifique abbaye d’Hautecombe (73).
Les bateaux utilisés pour ce loisir
Quels sont les différents types de bateaux de pêche ?
Il y a vingt ans, il y avait seulement des petites barques en bois ou des Tabur, des barques en polyester. Aujourd’hui, les pêcheurs en eau douce ont plutôt des float-tubes, sur lesquels ils sont assis avec les jambes dans l’eau, palmant pour se déplacer. C’est une bonne embarcation pour débuter, quand on n’a pas forcément les moyens de mettre plus cher ou quand on est jeune.
Il existe aussi des bateaux allant de deux à six mètres, avec une moyenne autour des 4,50 m. Les plus grands ont une motorisation conséquente, qui ravit les amateurs de compétitions et leur permet d’aller plus vite sur les emplacements repérés. Le plan d’eau conditionne le type de bateau autorisé : on doit savoir si on a le droit d’utiliser un moteur thermique ou non.
Les bateaux de pêche sont effectivement équipés d’un moteur thermique et d’un moteur électrique à l’avant ou à l’arrière : l’électrique est écologique et discret. Enfin, on trouve aussi des sondeurs qui vont permettre de faire une « image » du fond, une bathymétrie². Certains envoient des ondes, favorisant la localisation des poissons et leur visualisation.
Quels sont les principaux avantages de la pêche en bateau par rapport à la pêche depuis le rivage ?
La typologie de poissons définit le type de pêche. Depuis le bord, on va se limiter aux poissons présents sur les rives avec une technique de lancer-ramener. C’est une pêche très active sur la canne. Pour certaines espèces plus difficiles à trouver et qui aiment la profondeur, le bateau sera un avantage. Pour pouvoir pêcher sérieusement et pour les gros volumes d’eau, il est quasiment obligatoire d’avoir un bateau.
Et vous, quel bateau avez-vous pour partir pêcher ?
J’ai commencé avec un zodiac, qui m’a permis d’aller en mer et en lac. Je suis ensuite passé à un bateau en fibre, assez léger, de 4,50 m. Quand j’ai commencé à initier mes enfants, j’ai acheté un bateau beaucoup plus conséquent avec un carré plus profond, pour plus de sécurité : un Ranger d’une tonne, qui mesure 5,80 m de long et 2,50 m de large.
C’est un bateau de 150cc, parfaitement adapté aux lacs alpins car il faut savoir que les lacs sont plus dangereux que la mer : le clapot y est plus serré, cela nécessite d’être plus attentif. C’est une machine de pêche formidable car j’ai deux plateformes énormes, plusieurs sondes, et on peut pêcher sans problème à trois ou quatre personnes. Il peut aussi aller en mer, même si je ne le fais pas.
Comment préparez-vous votre bateau avant une sortie ?
C’est un modèle avec une grosse machinerie à mettre en place. La remorque et le bateau pèsent deux tonnes et demie, ce qui demande de la préparation. Pour moi, cette phase fait partie des plaisirs de la pêche. Quand on prépare ses cannes, on a déjà la tête à sa sortie. J’ai une douzaine de cannes et plusieurs dizaines de leurres en permanence dans le bateau. Il faut aussi penser à prendre ses précautions lorsqu’on part pour une session de pêche, en prenant à boire et à manger, par exemple ainsi qu’en vérifiant la météo.
Y a-t-il des saisons ou des conditions météorologiques que vous préférez pour la pêche en bateau ?
Grâce à la capacité de mon bateau et à la sécurité qu’il permet, je me limite beaucoup moins en termes de saisonnalité. J’aime particulièrement les pêches estivales, en fin de journée et jusqu’à la nuit. Le soir, les gros poissons sont de sortie ! La journée, on en profite généralement en famille pour faire un pique-nique et du ski nautique.
Si vous deviez en acquérir un nouveau, lequel serait-il ?
Le mien (rires) ! C’est vraiment un bateau qui correspond à ma pêche, il a un confort indéniable. Cependant, le petit bateau que j’avais avant me permettait d’aller dans des endroits un peu moins profonds, ce qui donnait lieu à une plus grande variété de choix.
Des envies d’ailleurs
Vous êtes récemment parti pêcher en Irlande. Qu’avez-vous à nous raconter sur cette expérience ?
C’était merveilleux ! C’est la troisième fois que j’allais pêcher là-bas. Il faut savoir que tous les ans, je fais un voyage de pêche. Je suis déjà parti dans les Caraïbes, au Costa Rica, en Laponie, à l’île Maurice etc. Cette année en Irlande, je suis allé sur le lac Lough Derg et la rivière Shannon, pour la traque aux gros brochets.
J’adore ce pays et ses habitants, que je trouve simples, accueillants et joyeux. En voyageant là-bas, je souhaitais pêcher des quantités plus importantes et utiliser des techniques qui ne fonctionnent pas chez nous, avec des leurres démesurés. Je suis parti avec mes deux enfants, pour nous retrouver et partager des moments passion.
Durant le séjour, nous évoluions sur un bateau de marque Nitro ZV21, de 300cc, d’environ 7 m de long et de la même typologie que le mien. Moi, ce qui m’intéresse quand je pars en voyage, c’est la découverte.
Les associations pour la Pêche et la Protection en Milieu Aquatique (APPMA)
Les associations pour la Pêche et la Protection en Milieu Aquatique (APPMA) assurent notamment la préservation de la biodiversité en régulant les populations de poissons et en menant des actions de repeuplement. Ces associations sensibilisent également le public à l’importance de protéger les milieux aquatiques, luttent contre le braconnage, tout en promouvant une pêche respectueuse de l’environnement. Aujourd’hui en France, on peut compter jusqu’à 3 400 associations agrées de Pêche et de Protection du Milieu Aquatique, avec plus de 1,5 million de pêcheurs passionnés3.
1 float-tubes : petit bateau pneumatique, ressemblant à un siège gonflable, utilisé par les pêcheurs.
2 bathymétrie : représentation graphique des profondeurs sous-marines, montrant les variations du relief du fond de l’eau.
3 source : Fédération Nationale de la Pêche en France.
Visuels : © Patrice Castets, Sylvain Russo