Youngtimers : rétro mais pas trop

Mais au fait ! C’est quoi un youngtimer ?

Alors là, une belle bataille de clochers s’est instaurée et chaque camp a ses chauds partisans ! Pour faire simple, un youngtimer est un véhicule de moins de trente ans, trop jeune pour être considéré comme véhicule de collection (c’est-à-dire un véhicule de plus de trente ans disposant d’un certificat d’immatriculation spécial) mais suffisamment âgé pour ne plus être produit en usine. En 2025, un youngtimer ne devrait plus pouvoir être considéré comme tel s’il date d’avant 1995. On devrait donc voir entrer et sortir des véhicules au gré des années, selon qu’ils intègrent ou quittent la période magique des trente années écoulées. Or, pour certains, les youngtimers sont des voitures des années 1970-1980-1990, point. Ainsi existe une liste figée de véhicules : une Peugeot 504 est un youngtimer, une Renault 6 est un youngtimer, une 4L est un youngtimer et qu’elles aient plus de trente ans ne change rien à l’affaire... Et puis, demandez à un Anglais sa définition de youngtimer et il y a fort à parier qu’il n’y comprendra rien car le néologisme est une invention... allemande ! Le mot youngtimers est né outre-Rhin pour les différencier des oldtimers, la classe de véhicules de collection (que l’on appelle là-bas vintage ou classic).

Cela nous paraît normal aujourd’hui de voir passer une Citroën Ami 8 ou une Dyane dans les rues de Brest ou de Strasbourg, à l’heure des embouteillages. Monsieur part travailler, voilà tout, comme chaque jour. Rien de nouveau. C’est qu’on en voit des youngtimers aujourd’hui. Et puis des jeunes au volant en plus ! La scène nous arrache souvent un sourire, un pouce levé parfois. Elle met de bonne humeur, de bonne heure ! Pour un peu, on se passerait bien un petit Joe Dassin dans l’autoradio ! Car c’est le monde d’avant qui se rappelle à nous, celui de l’enfance pour beaucoup, de la cassette audio, de Pif Gadget, des Verts de Saint-Etienne et du ballon Fina ! Voilà la force et la richesse des youngtimers : ils racontent une histoire, la nôtre. Retour en arrière...

Au début des années 2000 débarquent, comme sortis de nulle part, un mot et une mode : youngtimers. Nostalgiques, certains ont ressorti du garage de leur père la Peugeot 604 endormie depuis tant d’années. D’autres, étudiants ou jeunes actifs aux moyens limités, ont acheté une vieille Volkswagen Golf I au prix de la ferraille ou récupéré la Renault 4L de leur Papi. Leur entretien est facile, leur fonctionnement pas plus compliqué, pas d’électronique qui tombe en panne tout le temps et même, miracle du temps qui passe, le privilège de s’offrir une voiture de chef d’entreprise ou de chanteur à succès avec quarante ans d’écart (rouler en Mercedes 500 SEC en 2025 est une expérience bourgeoise spatio-temporelle assez amusante) ! Passionnelle et anti-crise, la vague des voitures d’avant devient une tendance, puis un marché à forte croissance, une bulle spéculative enfin. Les rassemblements s’étendent à la France et à l’Europe. Sur un parking de village ou à travers Paris, populaire ou chic, la passion youngtimers se décline de mille façons. Elle a même trouvé sa grand-messe annuelle à la Porte de Versailles, Rétromobile, et sa foire internationale XXL à Essen en Allemagne, Techno Classica... Dans la ville thermale de Pougues-les-Eaux, mille voitures rejouent tous les deux ans les embarras de la Nationale 7 (comme les embouteillages de Lapalisse ou encore le Bouchon de Blois).

Dans l’enceinte du mythique circuit, Le Mans Classic¹ expose plus de neuf mille voitures dont de nombreux youngtimers (Montlhéry aussi organise ses grands “rassos”). Partout, propriétaires et curieux se croisent dans la même célébration de l’âge d’or de l’automobile et des souvenirs ressuscités. Tous s’offrent un voyage dans le temps : designs audacieux, odeurs des vieux cuirs, stickers d’époque sur la lunette arrière (“Pompidou, président !”). Et ça discute : de moteurs ! de cylindrées ! de souvenirs (“mon grand-père avait la même !”) ...

Reines des youngtimers : Peugeot 205 GTI et 2CV Charleston !

Petit à petit, cet engouement bon esprit s’est transformé en vague économique et sociétale, présente dans les médias (émissions télé, magazines papier, chaînes YouTube...) mais également pourvoyeuse d’emplois (fabricants de pièces, revendeurs, selliers, garagistes dédiés, maisons de ventes aux enchères...). Des véhicules autrefois promis à la casse ont atteint des cotes folles, à six chiffres parfois, en fonction de leur rareté. Une Peugeot 504 cabriolet est devenue soudain plus chère qu’un SUV actuel. Un exemple de cette folie douce ? Une Citroën SM Maserati présidentielle carrossée par Henri Chapron (sept exemplaires) se négocie 500 000 €...

Bien sûr, au fil du temps, des modèles plus “abordables” sont sortis du lot. Voici le top 5 des youngtimers depuis vingt ans et leur estimation à l’achat actuel en bon état général (source Youngtimers Magazine) :

• Peugeot 205 GTI 1989 (20 000 €),
• Renault Clio Williams 1993 (25-30 000 €),
• 2CV Charleston 1977 (15 000 €),
• Renault 5 Alpine Turbo 1982 (20 000 €),
• BMW Série 3 E30 1982 (15 000 €),
• Porsche 911 Targa 1973 (100 000 €).

Actuellement à la mode et donc pas données non plus : les Golf GTI, Renault 4L, Ford Mustang, VW Coccinelle, Citroën Méhari, Austin Mini... Encore bon marché avant qu’elles ne versent elles aussi dans la surenchère : Peugeot 406 coupé, Citroën BX, Audi TT première génération, Fiat Barchetta (et son joli petit look pour les virées à la plage...). Cela fluctue, évidemment, au gré des tendances, car le marché des youngtimers est un univers inclassable où le prix de vente n’est généralement fixé que par celui qui achète !