Groupe Bénéteau : 140 ans de passion pour les bateaux

Publié le 29/01/2024 Par Julie Leveugle

Il y a cent quarante ans, Benjamin Bénéteau se lançait dans la construction de bateaux. À Saint-Gilles-Croix-de-Vie, en Vendée, l’architecte naval posait ainsi les premiers bordés d’une entreprise de construction de bateaux, sans se douter qu’elle deviendrait plus tard l’un des leaders mondiaux du secteur...

L'héritage maritime de Bénéteau

À l’origine de la saga Bénéteau, on trouve Benjamin, passionné par les navires. Ce dernier développe dès 1884, en Vendée, un chantier de construction de chalutiers à voile, à une période où la pêche professionnelle est une activité très importante. Les pêcheurs au thon ou à la sardine de la région lui font confiance pour la construction de leur embarcation, qui doit pouvoir les ramener au port avant les autres et ainsi leur permettre de vendre leur poisson plus cher. Benjamin répond à leur demande en construisant dès 1909 le premier sardinier à moteur, baptisé le « Vainqueur des Jaloux », rapidement suivi d’un deuxième. Le chantier Bénéteau se montre alors déjà précurseur. L’architecte naval œuvre au chantier pendant près de quarante-cinq ans.

Après le décès de Benjamin Bénéteau en 1928, c’est son fils André, lui aussi passionné par la mer, qui reprend la main sur l’entreprise et fera perdurer les activités du chantier. Il ne cesse d’innover dans la construction des bateaux. Il dessine et construit sa première pinasse (bateau utilisé pour la pratique de la pêche), aux lignes élégantes.

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, André et son équipe œuvrent à la reconstruction de la flotte de pêche française. L’entreprise familiale prend de l’ampleur. Les navires sont toujours construits en bois, mais plusieurs d’entre eux possèdent désormais un moteur.

Au début des années 1960, l’industrie de la pêche s’essouffle. Les commandes se font plus rares et les dix-sept compagnons charpentiers du chantier sont désœuvrés. André Bénéteau, qui connaît le polyester (un matériau composite très résistant à base de pétrole), aura alors l’idée d’utiliser cette matière dans la construction de canots pour les sardiniers et crée dès 1963 les premières embarcations en polyester. Ce sont le Guppy, le Flétan, et l’Ombrine, qui font naître, du même coup, l’activité de pêche loisirs, également appelée « pêche promenade ».

Canot en polyester BénéteauPremiers canots en bois et polyester Bénéteau, 1964.

À partir de 1972, le chantier Bénéteau se lance dans la construction semi-industrielle de bateaux. À la tête du chantier, André Bénéteau et sa sœur Annette Roux s’adaptent à une période où la plaisance se démocratise et où les grandes courses à la voile commencent à faire rêver le public. Les premiers voiliers de pêche promenade évoluent pour donner vie à des voiliers de croisière plus grands, plus confortables, où il est désormais possible de voir la mer depuis le carré (pièce interne principale du bateau). La gamme des bateaux à moteur, idéale pour l’activité de pêche loisirs en mer, s’étoffe également.

L’année 1976 marque un tournant dans l’histoire du chantier. Le premier voilier de la gamme « First » est présenté au Salon nautique de Paris et obtient un grand succès. À partir de là, Bénéteau s’ouvre à l’export et invente des unités pour les différentes catégories de bateaux et tous les programmes de navigation. Des filiales sont ouvertes, des contacts sont pris avec les sociétés de location et les bateaux construits par le chantier ne cessent d’évoluer. André, Annette et leur frère Yvon, qui a rejoint l’aventure, assistent à l’essor de l’entreprise familiale.

Les gammes Flyer, les First Class 8, First Class 10 et First Class 12, puis Oceanis voient le jour, ainsi que le First 35, premier bateau doté de deux cabines arrières. En parallèle, le chantier Bénéteau participe activement à la promotion de la voile avec, dès la fin des années 80, la construction des monotypes pour la Solitaire du Figaro.

Voilier Bénéteau First 31.7Voilier Bénéteau First 31.7.

Le rebond dans les années 90 et la naissance du groupe Bénéteau

Au début des années 90, Bénéteau est confronté à une baisse des ventes et fait face à une crise économique sans précédent. Mais l’entreprise tire son épingle du jeu et acquiert en 1992 la majorité des parts du capital du site CNB (Construction Navale de Bordeaux), qui réalise alors des catamarans de croisière. Le premier bateau à moteur sera construit en 1994.

En 1995, son concurrent vendéen Jeanneau est à son tour dans la tourmente et est placé en redressement judiciaire. Bénéteau est désigné par le tribunal de commerce pour reprendre les activités du chantier, donnant ainsi naissance au plus grand constructeur mondial de bateaux de plaisance.

Les vingt dernières années ont été marquées par une croissance exponentielle de celui qu’on appelle désormais le « Groupe Bénéteau ». Le chantier s’est développé, notamment grâce au rachat de plusieurs entreprises nautiques, comme les marques américaines de bateaux moteur Four Winns, Glastron, Wellcraft et Scarab, et produit des bateaux plébiscités par le public qui, bien souvent, en fait même des références.

Bénéteau Figaro 3Bénéteau Figaro 3.

Cent quarante ans plus tard, on peut dire que l’objectif de Benjamin Bénéteau de créer une référence de la construction navale a été largement dépassé. Avec plus de 150 modèles de bateaux, pour la plupart iconiques, sur les neuf marques du groupe (Bénéteau, Jeanneau, Prestige, Lagoon, Excess, Delphia, Four Winns, Wellcraft et Scarab), Bénéteau est aujourd’hui leader mondial de la construction de voiliers et coleader de la construction de bateaux à moteur. Avec Bruno Thivoyon à sa tête depuis juin 2022, le groupe construit chaque année 9 000 bateaux (à voiles ou à moteur) et crée une vingtaine de nouveaux modèles.

En 2024, Bénéteau peut même se targuer d’être le seul chantier au monde à proposer une aussi large gamme de bateaux... et de services (achat-vente de bateaux d’occasion, financement, location, maintenance, personnalisation).

Une entreprise internationale et écoresponsable.

Avec près de 7 500 collaborateurs répartis sur 15 sites de production en France (Pays de la Loire, Bordeaux) et 7 à l’étranger (États-Unis, Pologne, Portugal, Italie), le groupe est international. Il réalise d’ailleurs 85 % de son chiffre d’affaires à l’étranger grâce à la division Bateau, à parts égales entre les voiliers et les bateaux à moteurs.

Depuis plus de dix ans, l’entreprise est également engagée dans une démarche RSE (responsabilité sociétale des entreprises) avec des objectifs ambitieux, comme réduire ses émissions de CO2 de 30 % d’ici 2030. Le groupe Bénéteau s’est engagé à travailler avec les procédés et les matériaux de construction les plus respectueux de l’environnement. On parle alors d’éco-conception.* Un souci particulier est apporté, depuis quelques années, à la question de l’approvisionnement. Les éléments en bois de teck, par exemple, ont progressivement été remplacés par l’iroko, un bois exotique plus durable. Dans les prochaines années, le groupe souhaite de plus en plus favoriser les composants naturels comme le chanvre ou le lin, et les résines recyclables.

La modification de l’architecture des bateaux, elle aussi, devrait apporter de profonds changements : grâce à un design repensé, à des formes de carènes adaptées et à l’intégration de foils, les équipages de demain verront leur navigation optimisée et la consommation en énergie de leur bateau réduite.

« L’idée est de s’inspirer des expériences que nous avons eues dans la voile, en course au large. Retravailler par exemple le design de nos coques pour gagner en traînée d’eau et réduire les besoins en énergie. On peut gagner jusqu’à 20 à 30 % d’utilisation de carburants », assure Barbara Bidan, Directrice de la Communication Corporate du Groupe Bénéteau. Enfin, le groupe souhaite également doter progressivement ses bateaux de modes de propulsion alternatifs plus respectueux de l’environnement, tels que des motorisations hybrides ou électriques. Les modèles de la gamme Delphia, destinés à la navigation fluviale, devraient par exemple tous être motorisés en électrique d’ici 2030.

Monotype Jeanneau Sun Fast One DesignMonotype Jeanneau Sun Fast One Design.

Bénéteau fête ses 140 ans

Bénéteau célèbre cette année cent quarante ans d’expertise et d’innovations. « Nous avons prévu un certain nombre d’évènements qui sont tenus secrets et seront dévoilés courant février », annonce Barbara Bidan, en charge de la communication du Groupe. « Les évènements seront élaborés autour de deux thématiques principales : les origines de Bénéteau et l’avenir du Groupe, autant pour se rappeler d’où l’on vient, que pour se projeter dans l’avenir. L’idée est de fédérer nos collaborateurs, car même si le Groupe compte 9 marques bien différentes, toutes ont des valeurs communes que l’on souhaite mettre en lumière ». Côté nouveautés, une vingtaine de modèles de bateaux seront dévoilés, ainsi que de multiples innovations sur les voiliers et les bateaux à moteur.

*L’éco-conception chez Bénéteau consiste à analyser le cycle de vie de leurs bateaux afin d’identifier et de mesurer les différents impacts environnementaux liés à leur conception, leur production, leur utilisation sur trente années et leur déconstruction. Cela permet ainsi au groupe de formuler des propositions d’éco-conception pour les modèles à venir.

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Visuels : © Bénéteau