Interview de Joseph Bizard, Directeur Général d’OC Sport, organisateur du Tour de Belle-Île
Publié le 02/07/2024
Après des études à l'école de commerce Audencia à Nantes et une expérience professionnelle de presque 10 ans dans le Marketing chez Mc Donald’s France, Joseph Bizard a décidé il y a 9 ans de changer de cap. Son souhait profond ? Se réorienter pour suivre sa passion : la voile et la course au large. Après une dizaine d’années passées chez OC Sport Pen Duick, il est désormais le directeur général du groupe OC Sport depuis le 1er juin 2024. Joseph a accepté de partager avec nous son retour d’expérience sur l’édition 2024 du Tour de Belle-Île.
Le Tour de Belle-Île est revenu après 4 ans d’absence. Quelles sont les raisons de cette pause ?
La course n'avait pas pu avoir lieu depuis la crise sanitaire de 2020. Une absence trop longue de près de 4 ans, pour cette course devenue une classique de la voile. Nous avons ainsi repris l’organisation de l’évènement en 2023 et relancé l’épreuve en 2024. Un vrai challenge ! Et pour cause, nous avons constaté avec joie que l’évènement n’a pas perdu de sa superbe. Un succès qui s’explique notamment grâce à son ancrage historique profond et durable dans le panorama des évènements plaisance.
Quels étaient cette année les deux parcours proposés aux bateaux ?
Le Tour de Belle-Île comporte deux parcours distincts : un P’tit et un Grand Tour, débutant tous les deux dans la Baie bien protégée de Quiberon, près de la Trinité-sur-Mer.
Le P’tit Tour fait 37 milles nautiques : c’est un parcours plutôt simple et facile d’accès, ouvert à tous les voiliers de plus de 6 mètres équipés en côtier. Les eaux y sont plutôt calmes et font le bonheur des bateaux moins habitués à la régate.
Le Grand Tour, lui, fait 43 milles nautiques et fait le Tour de Belle-Île par l’extérieur. Il est ouvert à tous les voiliers de plus de 9 mètres, armés en équipement semi-hauturier. Plus exigeant, il s’adresse aux navigateurs plus chevronnés.
Avec ces deux parcours, la course est alignée avec sa promesse initiale : proposer une régate conviviale et ouverte à tous les types de bateaux, de navigateurs et de plaisanciers.
Avez-vous rencontré des problèmes particuliers durant l'évènement ?
Les conditions météorologiques ont été assez musclées. Nous avons donc décidé avec le directeur de course d’ajuster le dispositif en conséquence : rediriger les bateaux du Grand Tour vers le P’tit Tour dans la Baie, bien protégée par Belle-Île et Quiberon. Le volume de participants a été réduit avec la suppression de petits bateaux ayant une taille inférieure à 8 mètres 50, trop à risques dans ces conditions. Une décision bien accueillie par les marins.
Rappelons-le, le Tour de Belle-Île est d’abord une course placée sous le signe de la convivialité. Nous voulions en priorité que tout le monde s’amuse, garde des bons souvenirs de cette édition et que la course soit belle.
Quelles embarcations se sont différenciées sur les flots ?
Nous voulions réunir sur l’eau tous types d’embarcations, naviguant plus ou moins vite. Il y avait aussi bien les bateaux de plaisance de navigateurs chevronnés de la côte Atlantique, des multicoques, des monocoques, des bateaux de tradition et des bateaux plutôt classiques. Nous avions par ailleurs, et c’est l’une des particularités du Tour de Belle-Île, des grands bateaux de course, habitués aux épreuves océaniques.
Nous devions ainsi assister au grand retour d’Hydroptère, un bateau expérimental créé il y a une vingtaine d'années, qui avait été l’un des premiers bateaux à battre les records de vitesse sur 1 mille nautique. Il n'a finalement pas pris le départ à la suite des conditions météorologiques.
Il y avait cependant la présence du bateau ULTIM de l’équipage « Team Actual », d’ailleurs gagnant de cette édition : un grand trimaran de 32 mètres de long et 23 mètres de large. Ce bateau fait partie aujourd’hui des plus grands bateaux de course au monde et s’est illustré notamment sur le dernier tour du monde en solitaire, l’Arkéa Ultim Challenge Brest.
En revanche, le record détenu par le MOD70 Edmond de Rothschild depuis la 8ᵉ édition du Tour de Belle-Île (2 heures et 24 minutes) n’a pas été battu !
Sur terre, quelles ont été les animations prévues pendant ces 3 jours de fête ?
Nous avions un village ouvert du vendredi matin au dimanche soir, qui comprenait une grande tente d'accueil, un lieu de présentation avec une scène (pour diffuser les images de la course) et un bar pour se restaurer. Nous avions aussi d’autres tentes destinées aux inscriptions et aux partenaires. Une véritable ambiance de village régnait sur le lieu qui était assez spacieux pour accueillir tous les participants et leur famille.
Des concerts y étaient organisés chaque soir. Le dimanche, il y a eu la remise des prix et une animation sur la Fresque du Climat. Un sujet sur lequel les équipes OC Sport s’engagent à l’occasion des grandes épreuves.
Quelles sont vos plus grandes fiertés de cette édition 2024 ?
Notre plus grande fierté est collective : c’est celle d’avoir réuni près 350 bateaux et d’avoir pu compter sur la fidélité des participants. C’est une grande satisfaction de savoir que le Tour de Belle-Île figure parmi les plus grandes courses de bateaux en nombre de participants en France. C’est un évènement très attendu.
Nous sommes aussi fiers d'avoir réussi à remobiliser des acteurs locaux pour pouvoir donner l'impulsion de cette nouvelle course : la Société Nautique de la Trinité-sur-Mer, les yacht-clubs de la baie de Quiberon et notamment le YCCA1, la ville de la Trinité-sur-Mer, la société des Ports du Morbihan et le Port de la Trinité-sur-Mer. Sans oublier des partenaires privés comme AXA Passion, qui s'engagent dans cet évènement historique.
La dernière fierté concerne l’ensemble du travail fourni en marketing / communication / évènementiel qui a permis de reconstruire l’état d’esprit originel de la course : convivial, simple et joyeux !
Avez-vous eu des réactions à la suite de cette édition ?
Nous avons eu un retour unanimement positif de la part des coureurs. Ils ont reconnu que la course a, certes, parfois été âpre à cause des conditions météorologiques, mais fantastique pour autant. Certains nous ont dit qu’ils avaient hâte de revenir l’année prochaine. Pour être honnête, c’est un sentiment que nous partageons également car nous ne savions pas si le pari allait être gagné. Nous nous projetons avec beaucoup d’impatience dans la prochaine édition !
Les avis de nos partenaires, essentiels pour déployer la course, mais aussi des équipes, des jurys et membres du corps arbitral sont aussi très importants pour nous. Comme le dit l’adage : « vous n'aurez pas deux fois l'occasion de faire une première bonne impression » !
Pouvez-vous dire que vos objectifs ont été atteints ?
Absolument, à 100 % ! Nous pouvons nous féliciter de la relance de cet évènement, qui possédait dès le départ un grand potentiel. Il fallait aussi que le public soit nombreux car la promesse était aussi de réunir beaucoup de monde sur le départ. Nous avons eu plus de 1 500 participants, ce qui reste sensiblement comparable aux statistiques de la dernière édition en 2019.
Le prochain Tour de Belle-Île est bel et bien prévu au printemps 2025. Nous avons un an devant nous pour le préparer et pour le rendre une nouvelle fois mémorable.
Merci beaucoup Joseph pour cette interview. Que pouvons-nous vous souhaiter pour les futures éditions ?
La plus belle des récompenses pour le Tour de Belle-Île est de réunir le plus grand nombre de passionnés de nautisme le temps d’un week-end sportif et convivial. Nous avons l’ambition d’en faire le plus grand évènement de voile en France.
Pour les 10 prochaines années, on se souhaite aussi de continuer à partager cela avec tous ceux qui ont été à nos côtés sur cette édition de relance, dont AXA Passion, et à construire la suite de cette belle aventure main dans la main.
Chiffres clés 2024
- 3 jours de village
- 1 500 participants
- Près de 350 bateaux
- 900 m² dédiés aux exposants
1 Yacht Club Crouesty Arzon.
Visuels : © Arnaud Pilpré - Studiomarlea / Gauthier Lebec