Robert Rabagny, figure emblématique du surf à Biarritz

Publié le 23/07/2025

Passionné chevronné, collectionneur de planches de surf et organisateur de la plus ancienne compétition de surf, Robert Rabagny a plus d’une corde à son arc. Figure incontournable à Biarritz (64), il incarne à lui seul, l’esprit du surf. Pour AXA Passion, il se livre sur sa vision de cette discipline et nous confie des anecdotes chargées d’histoire.

Robert Rabagny et Clément Roseyro
Robert Rabagny à gauche et Clément Roseyro, parrain de la Biarritz Maider Arosteguy 2025, à sa droite.

Bonjour Robert, d’où vous vient ce lien fort avec le surf et les plages de la côte basque ?

Comme beaucoup de Biarrots, j’ai commencé très jeune. J’avais douze ans lorsque j’ai mis les pieds sur ma première planche de surf, une Bimbo, achetée à des surfeurs anglais de passage. C’est là que j’ai découvert les joies de la glisse. Aujourd’hui, j’ai soixante-sept ans et je baigne toujours dans cet univers. J’ai grandi à la Grande Plage de Biarritz, un véritable amphithéâtre naturel où on a l’impression de surfer au cœur de la ville.

Comment avez-vous vécu l’évolution de l’image du surf, longtemps perçu comme un sport marginal ?

À mes débuts, on nous prenait pour des voyous, des hippies, des drogués... C’est pour cette raison que je suis très fier de l’évolution de ce sport. Aujourd’hui, le surf est une discipline olympique, pratiquée par des athlètes de très haut niveau. Certains surfeurs affrontent des vagues de 25 à 30 m, avec une préparation physique et mentale impressionnante. C’est grâce à une communauté forte que l’on a réussi à changer l’image de ce sport. Chaque année, lors de la Maider Arosteguy, j’organise une soirée de gala à l’hôtel du Palais où j’invite des sportifs de haut niveau comme Éric Irastorza, champion de pelote basque, ou encore Dimitri Yachvili et Jérôme Thion, joueurs du XV de France. C’est important de montrer que le surf est aussi un sport de haut niveau.

Vous possédez une impressionnante collection de planches de surf. Comment cette passion a-t-elle commencé ?

Cette passion a commencé très jeune. Quand on est adolescent et qu’on surfe, on revend souvent sa planche pour en acheter une meilleure. Mais moi, comme je suis un vrai passionné, un peu fou même, j’ai rarement revendu mes planches. J’ai tout gardé. Et puis j’ai enrichi ma collection avec le temps. J’ai commencé par collectionner les planches Rott-Barland et Jacky Rott. J’en ai une quarantaine. Ensuite, au fil de mes voyages à Hawaii ou en Californie, j’ai mis la main sur des planches légendaires : Donald Takayama, Greg Noll, Phil Edwards, Jacobs, Hansen… que du lourd. Je ne savais pas, à l’époque, la valeur qu’elles auraient un jour. J’ai eu beaucoup de chance aussi.

Il y a trente ans, j’étais à Hawaii avec Michel Laronde. Nous sommes entrés dans un surf shop, et il me dit : « Je vais t’amener quelque part. » On entre dans une boutique tenue par l’acteur qui jouait Boy dans le vieux film Tarzan. Dans le shop, deux Français repèrent une planche. Je tourne la tête, je la vois, je saute dessus, je l’achète. De retour en France, Michel me dit : « Tu sais ce que tu as là ? C’est une planche de Duke Kahanamoku. » Je l’ai exposée à Biarritz lors du Biarritz Surf Festival, quand on a invité Gerry López. Et cette planche, elle appartenait à Fred Hemmings, un grand surfeur, membre de l’équipe Duke Kahanamoku. Cette planche-là, je l’ai chez moi. Pour moi, c’est une pièce chargée d’histoire et d’émotion.

Vous avez participé à l’émission Affaire Conclue, spécial collectionneur, présentée par Sophie Davant. Comment cela s’est-il fait ?

Un peu par chance. Sophie Davant me connaît depuis longtemps, et son frère est un ami. Et puis, des collectionneurs comme moi, il n’en existe pas beaucoup ! Je ne collectionne pas que les planches. J’ai aussi une belle collection de chemises hawaïennes des années 50, de vinyles, d’affiches de surf issues de tous les événements auxquels j’ai participé. J’adore chiner, je suis un passionné. Et surtout : je ne revends rien. J’accumule ! Résultat : j’ai des collections incroyables, toutes liées à l’univers du surf.

Y a-t-il une planche que vous rêvez encore d’ajouter à votre collection ?

Oui, il m’en manque une. Je l’ai déjà vue, mais je n’ai pas réagi à temps. Ce serait une planche signée par Laird Hamilton, le surfeur qui m’impressionne le plus. L’an prochain, ce seront les quarante ans de la Maider Arosteguy, peut-être qu’à l’occasion de cet anniversaire, je le ferai venir. Et cette fois, avec une planche dédicacée qu’il me remettrait lui-même. Ce serait la cerise sur le gâteau de ma collection !

Sarah Leiceaga
Sarah Leiceaga lors de la Biarritz Pays Basque Maider Arosteguy.

Est-ce que vous êtes d’accord pour dire que la Côte basque est le berceau du surf français ?

Complètement. Le surf est arrivé ici dans les années 50 avec les fameux « Tontons Surfeurs ». En 2002, j’ai même fait venir les Beach Boys, un groupe de pop-rock américain, pour le Biarritz Surf Festival ! C’est dire le lien entre surf et la culture locale. Aujourd’hui, le surf attire des passionnés de tous horizons : professions libérales, familles, touristes fortunés… La côte basque reste un haut lieu du surf, même si la Méditerranée, les Landes ou la Bretagne développent aussi cette pratique.

Chez nous, je conseillerais aux débutants les spots d’Hendaye ou la plage de la Côte des Basques à Biarritz. Ce sont des endroits parfaits pour s’initier, avec de nombreuses écoles de surf. Pour les surfeurs plus expérimentés, je recommande le spot de Parlementia, situé à Bidart mais souvent attribué à tort à Guéthary. C’est une vague puissante, longue et régulière, mais attention, il faut être aguerri.

Vous organisez la Pays Basque Maider Arosteguy. Comment est née cette compétition ?

Tout a commencé au club des Ours Blancs à Biarritz, un club de natation. J’ai rencontré Maider Arosteguy, une commerçante influente, présidente des commerçants de la ville. Elle m’a tendu la main, m’a présenté à la mairie et m’a demandé d’organiser une compétition de surf, et tout s’est enchaîné : podiums, animations, compétitions, sponsors… Malheureusement, elle est décédée brutalement lors d’une baignade en mer avec les Ours Blancs. Pour lui rendre hommage, j’ai donné son nom à la compétition. Aujourd’hui, c’est l’une des compétitions les plus anciennes d’Europe : elle fêtera ses quarante ans l’année prochaine. Personne n’aurait cru qu’elle dépasserait un jour le Lacanau Pro en dotation, mais c’est le cas. Nous visons désormais les 40 000 euros de récompense. C’est notre ambition !

Qu’est-ce qui rend cet événement unique ?

C’est la première compétition de la saison, donc elle est stratégique pour les sportifs. Elle leur permet de se distinguer et de gagner des points. Tout comme l’Eddie Aikau, prestigieuse compétition de surf, les surfeurs se disent qu’ils doivent participer à la Maider Arosteguy. Nous mettons un point d’honneur à accueillir la nouvelle génération et à transmettre notre passion pour le surf. Nous mettons tout en œuvre pour qu’ils puissent être à l’aise : babyfoot, tables de ping-pong ou encore animations. C’est ça, l’esprit surf !

plage de Biarritz

Est-ce qu’il y a des surfeurs qui vous ont particulièrement marqué ?

Oui, Laird Hamilton. C’est une légende ! Il est à l’origine de beaucoup de choses : le stand-up paddle, le foil, le surf tracté… Il a été notre parrain à la Maider Arosteguy. En France, Michel Laronde et Pilou Ducalme sont aussi des pionniers. Michel a été l’un des premiers à surfer de très grosses vagues. Pilou, lui, surfe à la rame, ce qui demande une force mentale et physique énorme. Ce sont des sportifs discrets, mais très respectés dans le monde du surf. On a récemment rendu hommage à Clyde Aikau, légende hawaïenne, frère d’Eddie Aikau, qui porte une compétition à son nom.

Enfin, à Biarritz, on pense à nos propres légendes : les Tontons Surfeurs. Il n’en reste plus que deux aujourd’hui : Joël de Rosnay et Claude Durcudoy. On leur a également rendu hommage à la Côte des Basques, avec une bénédiction, des chants basques et un paddle-out, ce cercle sur l’eau où chaque surfeur dépose une fleur. C’était très émouvant.

Pour terminer, avez-vous des projets pour transmettre cette culture du surf ?

Depuis des années, je milite pour la création d’un musée dédié au surf à Biarritz. Cette discipline a apporté énormément à cette ville : une renommée mondiale ! On parle souvent de Serge Blanco pour le rugby, mais à l’international, Biarritz est surtout reconnu pour le surf. J’ai une collection personnelle de planches anciennes, et je ne suis pas le seul. Un musée serait un bel hommage à notre histoire et une transmission pour les générations futures. Le surf se développe en Méditerranée, alors si un jour ce musée se crée ailleurs - à Marseille ou en Gironde, par exemple - ce serait une vraie déception. Parce qu’ici, Biarritz est la capitale historique du surf européen.

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Visuels : © Jean-Marc Alexia, Unsplash