Vincent Chamon, 100 ans du circuit de Linas-Montlhéry

19/02/2024

Vincent Chamon, spécialiste bien connu des amateurs de voitures d’avant-guerre et assuré AXA Passion via l’agence de Carcassonne / Patrick Chaussat, est l’organisateur de l’évènement Vintage Revival Montlhéry et du Festival Of Slowth Français. Il revient sur sa passion des belles anciennes et nous présente le Centenaire du légendaire Autodrome de Linas-Montlhéry, qui a été célébré au salon Rétromobile en collaboration avec l’UTAC en janvier dernier, puis au Vintage Montlhéry Revival les 11 et 12 mai prochains.

Vincent Chamon

Comment est née votre passion pour les automobiles anciennes ?

J’ai travaillé onze ans chez Air France comme ingénieur mécanicien, notamment dans la branche Aéropostale, avant de reprendre l’entreprise familiale de plomberie et chauffage dans ma Nièvre natale. La passion de l’automobile m’a été transmise par mon père et par mon grand-père, ce dernier travaillait sur les moteurs d’avions chez Gnome et Rhône (fabricant français qui a également produit des motocyclettes jusqu’aux années 1950) comme metteur au point.

Je m’intéresse tout particulièrement aux véhicules d’avant-guerre et aux mécaniques insolites, qu’on trouve dans beaucoup de modèles d’avant 1914, avec des systèmes de distribution bien particuliers. Pour les restaurations et la mécanique, j’ai beaucoup appris avec mon père, qui m’aide toujours aujourd’hui mais aussi avec Jean-Pierre Olayat qui est dans le staff du Vintage Montlhéry Revival (VRM) au niveau logistique et avec qui je fais toujours de la mécanique. La rencontre d’un collectionneur, près de chez moi, a été décisive dans ma jeunesse. J’ai tout d’abord fait l’acquisition d’une Douglas, une moto anglaise de 1914. C’est à ce moment-là que je suis tombé amoureux de ces machines anciennes.


Comment est né le Vintage Revival Montlhéry ?

J’ai rencontré Jacques Potherat en 1998, à l’âge de 17 ans, lors d’un voyage avec mes parents à Prescott, en Angleterre. Nous lui avons dit que nous ne trouvions pas de rassemblements pour les véhicules d’avant-guerre en France. Il nous a alors parlé du circuit de Montlhéry et nous a invités au Vintage Lalique, en 1999. Après le décès de Jacques Potherat en 2001, il y a eu une édition en 2002, puis le circuit a fermé ses portes par la suite. Lors de la réouverture du circuit, dix ans plus tard, après sa nouvelle homologation je me suis précipité pour recréer un évènement, à partir de 2011.

Le saviez-vous ?

L’Autodrome UTAC Linas-Montlhéry est un anneau de vitesse situé dans l’Essonne, ayant accueilli de nombreuses courses automobiles, motocyclistes et cyclistes. Construit en 1924, il a reçu le label « Patrimoine du XXe siècle ». Il appartient depuis 1973 à l’UTAC (Union technique de l’automobile et du cycle), également propriétaire du circuit de Mortefontaine (CERAM), dans l’Oise.

Entre 1925 et 1939, de nombreux records mondiaux sont battus sur l’Autodrome, qui fait aujourd’hui figure de temple de la passion automobile. Le lieu accueille chaque année de nombreux constructeurs venus tester leurs véhicules et de nombreuses manifestations dédiées aux véhicules de collection y sont organisées.

Qu’est-ce qui explique, selon vous, le succès de cette manifestation ?

L’évènement, bisannuel, est devenu incontournable pour tous les passionnés d’avant­ guerre. Il attire plus de 5 000 visiteurs par jour. Environ 450 véhicules anciens d’avant 1940 sont présentés sur le circuit, à travers sept plateaux de voitures, deux de motos, un plateau motocyclettes d’avant 1919 et véhicules d’exception puis un nouveau plateau que nous appelons « La Coupe Olympique du Centenaire » avec des tricycles du début du siècle (petit hommage aux premiers jeux olympiques motorisés).

Nous essayons de recréer l’atmosphère de l’époque, en incitant les participants à venir en costumes d’époque. Nous avons récemment tourné un petit film pour le salon Rétromobile, sur l’anneau de Montlhéry, avec véhicules et costumes d’époque. C’était un moment magique. Le Vintage Revival Montlhéry ne pourrait exister sans l’aide de nombreux bénévoles : une centaine d’entre eux sont présents pendant la durée du festival et nous sommes un noyau dur avec Jean-Frédéric Frot, mon bras droit depuis l’Angleterre et Jean-Pierre Olayat pour toute la logistique.


Quels véhicules anciens restaurez-vous avec l’association Vintage Montlhéry Revival ?

L’association est créée pour promouvoir les véhicules anciens d’avant 1940 mais nous avons quelques véhicules que nous restaurons comme sur le dernier VRM, l’Hélica Leyat de 1919 qui appartient au Lane Museum aux États-Unis. Nous avons remis toute la mécanique en fonction, fabriqué de l’outillage spécifique et nous avons celui-ci en entretien régulier désormais pour le musée.

Prochainement nous allons aussi remettre en état le prototype de l’Hélica Leyat, un exemplaire unique daté d’avant 1914 ! Cet exemplaire n°1 a été retrouvé en morceaux au domicile de Marcel Leyat(1), après son décès. Nous avons donc un sacré travail d’assemblage en perspective... À côté de cela, nous restaurons nos véhicules personnels et j’espère pouvoir faire un musée privé pour présenter ceux-ci. De mon côté, je possède une monoplace de course unique, de marque anglaise GN (Godfrey & Nash), conçue pour faire de la course de côte dans les années 1930 en Angleterre.

Moto Guzzi C4V usine 1924
Moto Guzzi C4V usine 1924.


Que nous réservez-vous pour l’édition du centenaire en mai prochain à l’Autodrome de Linas-Montlhéry ?

En raison d’une forte demande, nous avons dû opérer une sélection drastique. Nous avons retenu essentiellement et en priorité les véhicules de 1924 à 1940 ayant marqué l’histoire du circuit, ou des répliques fidèles lorsque les modèles d’époque n’existent plus. Une vingtaine de clubs prendront part aux festivités, venus de 19 pays, dont l’Australie et le Japon.

Audi Tradition viendra célébrer son unification « Auto Union » (Audi, DKW, Horch et Wanderer) réalisée en 1932, avec des véhicules exceptionnels : 2 Horch, 2 Wanderer et probablement une Auto Union Type D. Renault Classic sera également présent avec 4 véhicules ainsi qu’un avion d’avant-guerre. Nous espérons également avoir une Delahaye 145(2) de la collection Peter Mullin. Par ailleurs, des tricycles de 1890 à 1900 feront une démonstration pour La Coupe Olympique du Centenaire, afin de commémorer la course de tricycles à moteur des Jeux olympiques de Paris, en 1900. Il y aura aussi de nombreuses expositions et une bourse d’échanges spécialisée sur l’avant 1940.


Pouvez-vous nous présenter l’exposition qui a eu lieu à Rétromobile fin janvier ?

Une vingtaine de véhicules mythiques ayant écrit la légende de l’anneau de vitesse de Linas-Montlhéry ont été rassemblés dans le Hall 3. L’exposition, d’une surface de plus de 300 m2, a été conçue en partenariat avec l’UTAC qui s’occupe de la partie après-guerre. Chaque véhicule a été présenté avec une explication historique et une photo d’époque prise à Montlhéry.

Les visiteurs ont découvert des véhicules de Grand-Prix (Bugatti Type 36/35A et Type 35 de 1925, tank Bugatti du musée Schlumpf, Amilcar MCO de 1928) des véhicules de record (Jonghi 350 de 1934, Peugeot 404, Leyland-Thomas n°1 de 1924), ainsi qu’une SEFAC de 1934, une Salmson 8 cylindres GP de 1928 (un modèle unique) et une Maserati Tipe 26 des années 1920, un modèle rare qui appartenait certainement à un des frères Maserati.

On pourra également admirer une Bugatti « Baby » et une « Silhouette » ÉDÉ (auto à pédales en bois et tôle), des automobiles pour enfants des années 20.

En motos, trois véhicules de la collection Nougier seront à l’exposition et au VRM mais aussi un side-car de course Monet-Goyon, une Douglas de course, ainsi qu’une moto Guzzi de 1924 usine. Les modèles présentés proviennent essentiellement de collections privées.

Amilcar C6Les passionnés du Vintage Revival font renaître et rouler des véhicules rares des années 1920-1930, comme cette Amilcar.


Vous êtes aussi le créateur et l’animateur du Festival Of Slowth Français. Qu’a-t-il de particulier ?

C’est un rassemblement festif de véhicules « cyclecars » essentiellement d’avant 1920 ou insolites et sur invitation uniquement, une année en France et l’autre année en Angleterre. La limite des véhicules est fixée à 50. Les participants se déplacent sur un parcours d’environ 20 à 30 km pour arriver sur le site d’un château dans la Nièvre et régions environnantes. Sur place les animations ne manquent pas : visite de brocante, bourse d’échanges entre les participants et surtout la fameuse « course de lenteur ». La 9ᵉ édition aura lieu en Angleterre fin août 2024 puis début juin 2025 en France.

(1) Marcel Leyat (1885-1986) : ingénieur, inventeur, pionnier de l’aviation, constructeur aéronautique et automobile français. Il lance en 1913 la construction d’automobiles dans les ateliers Leyat (Paris), fermés en 1927. Une vingtaine de véhicules propulsés par hélice y seront construits.

(2) La Delahaye 145 a été développée dans le but de battre les voitures de Grand Prix étrangères lors d’un concours imaginé par L’Automobile Club de France, la Coupe du Million. René Dreyfus remporta l’épreuve sur l’Autodrome de Linas-Montlhéry, le 27 août 1937, en roulant à la moyenne de 147 km/h sur 200 kilomètres. Elle était équipée d’un moteur 12 soupapes en V.

Salmson 1928.

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Visuels : © Vincent Chamon, Vintage Revival Montlhéry