Thierry Traccan dans les coulisses de l’Africa Eco Race

Publié le 20/06/2025 Par Thierry Traccan

Quoi de plus fort à vivre qu’un rallye-raid pour faire naître autant d’émotions ? La distance, la durée, la difficulté, l’engagement personnel autant que celui d’un groupe arc-bouté vers un unique objectif… avancer, toujours un peu plus, coûte que coûte, et à la fin, en témoigner. L’Africa Eco Race vous touche au cœur, et nous étions au cœur de ce rallye.

Thierry Traccan
Même petite, ce type de médaille représente beaucoup.

Un rallye en plein cœur

Surtout ne jamais s’arrêter ! On me l’a recommandé, comme on m’a exhorté d’accélérer à fond, comme je le faisais il y a deux décennies dans les bourbiers du Limousin… Pourtant, vu d’ici, les dunes de sable qui s’étirent à perte de vue n’ont guère l’allure des tourbières qui ont fait la renommée de la disparue Gilles Lalay Classic, enduro extrême du milieu des années 90. Élève consciencieux, j’applique à la lettre les consignes pour éviter de me bloquer au guidon de ma Yamaha Ténéré 700 dans ce sable mauritanien particulièrement fin, changeant, mouvant, capricieux. Debout sur les repose-pieds, les genoux serrés sur les flancs, le guidon parfois un peu lâche pour laisser la direction vivre, souvent bridé pour qu’elle ne puisse dévier d’un iota au moment de découper la trajectoire, un œil à 5 mètres, l’autre sur la crête de la dune suivante, cherchant du regard où je pourrais conduire notre équipage pour espérer ne pas me bloquer, m’ensabler, ou chuter… Anticiper un maximum et tout donner à l’instant T, pour franchir la difficulté qui se présente sous mes roues, en attendant la suivante dans quelques mètres, avant de répéter inlassablement cet exercice tout le temps (long, le temps) que durera ce cordon de dunes… Le roadbook, rouleau papier qui établit ma feuille de route du jour et que je fais défiler depuis mon pouce gauche, indique qu’il durera 40 kilomètres… 40 bornes… Un océan de sable en somme dans lequel je suis engagé, juché sur ma moto imposante, lourde de 250 kg, et que je refuse de voir tomber, étant quasiment certain de ne pas pouvoir la relever seul. La suite de l’histoire m’apprendra que si, finalement, j’y arriverai. Lorsqu’on est prisonnier d’une situation et qu’un espoir subsiste, on s’y accroche, se découvrant des forces qui seraient restées terrées dans un environnement douillet. Mais dans le sable du désert, dans cette contrée inhospitalière, on lutte avec une intensité qui décuple les forces, les sens aussi.

Après une petite chute entre deux cordons de dunes, ma Ténéré de nouveau en position verticale, je tire sur la pipette de ma poche à eau, évalue la suite, et me jure de ne plus me rater… Un grand coup de première vitesse pour arracher mon pneumatique sur les premiers centimètres, et la deuxième enclenchée dans la foulée en même temps que je balance mon corps vers l’arrière pour prendre une vitesse suffisante permettant à la roue avant de se délester pour redevenir directrice, pile la bonne manière pour attaquer la prochaine paroi de sable, souvent abrupte, à la montée comme à la descente. Les dunes, j’y suis rentré la plupart du temps avec la boule au ventre, les sens et les muscles en éveils, la concentration au maximum, et j’en serais sorti chahuté, mais avec un énorme sourire et un immense soulagement ! Quelle Aventure… Quelle Aventure capitale.

Thierry Traccan sur sa moto autour de dunes de sable
Des dunes à perte de vue, un univers qui nous sort de notre zone de confort.

Et pas que dans les dunes, même si elles nous auront tellement occupées, mais bien tout au long de cette Africa Eco Race 2025. Le plus grand rallye-raid africain du monde, avec près de 6 000 kilomètres de course disputés entre Maroc, Mauritanie et Sénégal. Un Dakar dans l’esprit d’antan, mais avec des moyens de sécurité modernes, et des tracés imaginés pour les véhicules les plus performants de l’univers du rallye. Pas de passe-droits pour nos trails dans ces dédales de sable, ils doivent passer là où les 450 cm³ (plus légères de 100 kg) évoluent. Too much pour nos machines alors ?

En fait après réflexion, et après avoir bouclé la course, je me dis que non. Enfin, je dis « oui », si on vient faire une compétition pour chercher un classement - à moins d’être un pilote professionnel aguerri à cet exercice - mais je dis « non », si on vient chercher un résultat… Un résultat mais pas un classement ? Paradoxal ? Même pas. Ce résultat, je l’imagine depuis le départ de Monaco et sa cérémonie protocolaire, celui de parvenir à rallier Dakar. La confrontation chronométrique mise de côté la plupart du temps, j’ai vite compris que la bonne gestion de ma manière d’aborder les éléments serait la clé pour espérer mener l’engagement à terme. Car oui, on peut parler d’engagement, dans une compétition qui représente aujourd’hui l’Everest de ce qu’on peut accomplir avec un trail. Ne cherchez pas, il n’y a pas plus haut. Et pour cette Ténéré qui porte en elle l’ADN de l’aventure et du tout terrain, l’Africa Eco Race incarne ce Graal sans aucune hésitation.

Depuis 2019, date de sa renaissance sur le marché, la Ténéré connaît un succès commercial éclatant. Les fans de tout terrain se sont approprié ce modèle accessible financièrement, fiable, simple, affichant par sa plastique des promesses d’évasion et validant par ses actions sa capacité à se jouer de tous les terrains. Une moto que l’on achète souvent au départ pour l’évocation, que l’on rode sur la route, que certains emmènent d’abord timidement sur des chemins blancs, avant d’aller un peu plus loin, d’augmenter les sorties, de suivre des itinéraires à tendance off-road, puis à majorité off-road avant de finir à 100 % d’off-road, de partir pour plusieurs jours les arpenter entre potes, de voyager, jusqu’à parfois traverser la Méditerranée pour l’emmener sur ses terres d’Afrique…

De découvrir le raid, ou le rallye-raid sur des formules de quelques jours, jusqu’au moment où on se met à rêver de l’engagement ultime, l’Africa Eco Race, seule épreuve à accueillir des trails multicylindres en plus des 450 cm³ imaginés pour le seul exercice du rallye. Ce défi, cette Africa Eco Race à faire en Ténéré, ça fait quelques années que j’y pense…

Thierry Traccan et son équipe
Seul sur la moto, mais en équipe pour avancer. Et célébrer à l’arrivée...

M’y voilà, et pas n’importe où, dans le team MBSM de Marc Bourgeois, au cœur de la structure du Ténéré Spirit Expérience. Autant dire la Rolls des assistances pour appréhender pareil défi. D’ailleurs en plus des deux pilotes officiels, Alessandro Botturi et Pol Tarrés, cinq autres pilotes (en plus de ma pomme) engagés dans la catégorie racing et trois de plus en raid (version édulcorée qui emprunte un mélange de route et de piste), ne s’y sont pas trompés… Une grosse armada qui a de la gueule dans le paddock de Bordighera en Italie où se tiennent les vérifications administratives et techniques. L’occasion de faire gentiment connaissance avec une troupe grosse de presque 30 personnes.

C’est studieux, appliqué. Les motos sont rutilantes, pas une rayure, enfin, pas encore. Une fois l’exercice réglementaire exécuté, c’est sur le port de Monaco que l’on passe sous l’arche symbolisant le début de l’épreuve. Une cérémonie sympathique avant de rejoindre Marseille et d’embarquer pour trois nuits et deux jours sur un ferry qui met le cap sur Tanger, Maroc, pour le début de cette course. Un départ au petit matin, encore dans la nuit d’ailleurs, et dans le froid pour une liaison de 174 km avant de rejoindre la première spéciale du jour. Une courte section chronométrée de 47 kilomètres dans laquelle nous entrerons avec une heure de retard, la faute à des hélicoptères indispensables à la sécurité retenus en amont. Au bord de l’océan Atlantique, l’ensemble des pilotes attend le départ, patientant sous un soleil qui réchauffe l’atmosphère. On sent un mélange d’excitation et d’appréhension… Perso, je me demande bien comment la belle va se comporter dans le sable qui s’étire devant la ligne de départ. Il a l’air dur ce sable, porteur… deux kilomètres plus loin il est tout mou, l’occasion d’improviser alors que je pars en fond de peloton, dans l’ordre des numéros, et forcément, quand on porte l’Yonne (89) dans son cœur… Cette première spéciale de 47 km, c’était 42 km d’Enduropale du Touquet… Un sable de plage très mou qui impose de garder suffisamment de rythme pour fendre les ornières et avaler les trous, sans toutefois trop en mettre au risque de se laisser déborder et de perdre le contrôle.

Ma technique semble plutôt bonne, je remonte pas mal de concurrents mais m’arrête pour porter secours à un compère italien qui a encastré sa Suzuki V-Strom 800 dans un profond buisson. En l’aidant à remettre sa moto droite, il me crie sa reconnaissance… Pas facile à relever non plus la Suz… Un poil plus loin, je tombe sur un collègue partenaire au sein du team Yamaha qui, dans une vague montée, a positionné sa Ténéré à la verticale. Jolie sculpture mais inutile pour ce qui nous concerne ici. Roue avant tendue vers le ciel, et pneu arrière cherchant à déterrer les taupes… Plutôt que de parler on creuse, puis on couche la moto et on la relève avant de reprendre notre chemin. Quelques minutes perdues dans ces opérations, et ça tombe bien, ça permet de museler immédiatement les velléités au niveau du classement. Il reste tellement à faire pour espérer voir Dakar que le chrono ne doit rester qu’une vague indication.

Mon leitmotiv durant cette course aura été non pas de chercher à aller vite, mais de faire en sorte de ne pas perdre de temps. Ça paraît peut-être stupide mais ça fait un gros distinguo. Pourquoi ? Parce que mon Dakar (sud-américain celui-là) de 2014 m’a enseigné que les pièges permanents qui rythment chaque kilomètre sont gourmands de minutes, et qu’accumulées, ces minutes font des heures, des heures qui nous rapprochent de la nuit, et là, là, on entre dans une autre dimension. Hors de question de vivre ça. Pendant toute la course je me suis efforcé de garder cette ligne de conduite, rentrer au bivouac de jour et suffisamment tôt si possible pour avoir le temps de récupérer… Ça aura fonctionné.

Thierry Traccan sur sa moto dans le désert
Le petit dans l’immensément grand.

Dès le second jour, on rentre dans le vif du sujet. Une longue étape et les premières dunes. Marocaines les dunes, et ça, ça fait une grosse différence avec celles mauritaniennes mentionnées dans l’introduction. En fait les dunes marocaines sont plus dures, souvent plus hautes certes, mais avec un sable porteur. Pourtant, à ce moment, et complètement novice à l’idée d’emmener une Ténéré 700 fût-elle GYTR (donc préparée pour cet exercice) dans les dunes, je prends le temps de regarder comment les copains font. Bon, ils ont des 450, mais la technique sera de toute façon approchante. Ma technique, mettre du gros gaz à la montée pour pallier un sournois ensablement, et relâcher les gaz à quelques mètres du sommet afin de mesurer si je dois en remettre ou au contraire freiner (de l’arrière, jamais de l’avant !), l’idée étant d’être en mesure de s’arrêter au sommet pour évaluer ce qu’il y a derrière. Et une fois ce ralentissement opéré, c’est gaz à la descente pour stabiliser l’ensemble. Une sorte de toboggan qui s'enchaîne dans ces dunes régulières, avec juste la crainte de trouver derrière un sommet, une étroite cuvette abrupte dont il m’aurait été difficile de me sortir directement, notre Ténéré acceptant difficilement les virages serrés. Son truc à elle, c’est l’espace, les grands espaces, et sur cette terre d’Afrique, ils ne manquent pas.

Après les dunes, nous rejoignons de grands plateaux arides, où les cailloux tapissent le sol. À tel point qu’on ne sait pas si, dessous, on trouve de la terre ou du sable. Dans cet environnement, la Ténéré GYTR la joue royale, poussant les cailloux et traçant son chemin sans dévier du cap décidé. Hyper stable, très sécurisante quand on évolue dans un flow1 qui lui va bien, elle s’appuie sur un moteur aussi souple que rempli de couple qui lui offre alors un confort naturel. Les dunes sont loin à cet instant, le plaisir d’évoluer au guidon de ce trail est total. Imperturbable sur les pistes sablonneuses où elle croise les ornières en dansant gentiment de l’arrière, elle devient spectaculaire par sa force et sa sérénité. En haussant vraiment le rythme, je perçois les limites du genre et ce poids qui impose de redoubler d’effort et d’attention pour ne pas se laisser déborder. Surtout au freinage (excellent au demeurant) en raison de l’inertie induite par la masse totale qui allonge les distances et impose d’anticiper un max pour ne pas se faire surprendre. Mais encore une fois, quand on se met dans un rythme soutenu mais maîtrisé, sans prise de tours trop arrogante, ce n’est que bonheur. Le plaisir de s’appuyer sur la force de ce bicylindre, de bénéficier d’une réserve de puissance toujours disponible, et la façon de le gérer avec douceur, autant de qualités qui rendent les choses plus faciles. Parfois même très faciles. Alors ok, le gabarit général met le physique à contribution, et les fins d’étapes sont toujours trop longues… Les épaules souffrent, les mains aussi avec de larges ampoules qui, après quatre étapes, éclairent mes paumes. Le défi physique dans cet environnement plus exigeant que celui demandé par une 450, mais l’histoire est belle.

En sortant des spéciales ou au bivouac, les pilotes de 450 ont souvent quelques mots sympas. Comme j’en ai pour eux. Parce que dans ces contrées rien n’est facile pour personne. Bien sûr on est plus lourd, plus haut, mais on est aussi plus stable, plus confortable. Des forces et des faiblesses : une histoire de compromis, en somme. En fin d’étape, on rentre au bivouac généralement bien usés, et là, en tout cas pour moi, le scénario est immuable : d’abord enlever mon casque et virer mes bouchons d’oreilles qui à la longue m’irritent jusqu’au sang, dépoussiérer à la soufflette mes équipements, débriefer avec Max, mon mécano, pour lui raconter comment s’est comportée ma Ténéré au cours de la journée. À ce sujet, il y a une chose essentielle à ajouter au crédit de cette Yamaha, c’est sa fiabilité. Pour faire court, zéro problème moteur pour les 11 motos engagées sous nos couleurs, et surtout, l’impression (vérifiée après 6 000 kilomètres) qu’il ne peut rien arriver de ce côté. Autant l’idée des dunes vous tord le bide, autant la fiabilité vous accorde un sentiment de sérénité total.

Primordial sur ces épreuves au long cours. Après la discussion avec Max, c’est douche (parfois chaude, souvent froide), vêtements propres (ou à peu près) et apéro Coca/cacahuètes/saucisson… Pas tellement diététique certes, mais tellement bon après 8 heures de motos avec pour seul souvenir stomacal celui d’un plat de pâtes ingurgité au petit déjeuner à 6 heures du matin… Un rituel immuable. Ensuite, c’est kiné ou ostéo, gracieusement mis à disposition par l’organisation pour tous les membres du paddock, un passage obligé pour me dénouer jour après jour et me permettre d’avancer dans les meilleures conditions possibles.

Désert de Mauritanie
Non ce n’est pas la lune, il n’y a pas encore de routes... Mais la Mauritanie y ressemble.

Avancer… Et quelle traversée ! Ces paysages incroyables surtout en Mauritanie où on croit rouler sur la lune… ou sur Mars. Et quand on est seul dans ces immensités, qu’à 360° on ne perçoit pas âme qui vive, on ne se dit pas que l’on est poussière d’étoile dans l’univers, on se dit déjà que l’on est poussière d’étoile en Mauritanie… Ce sont aussi ces moments que je suis venu chercher ici. Le tout petit bonhomme plongé dans l’immensément grand, cette force de la nature qui t’écrase, rabat ton caquet et lave tes pensées. Un reset salvateur en forme de parenthèse enchantée, quelques jours avant de se replonger dans la grande lessiveuse de cette société bulldozer animée par autant de bruit que de fureur. Un moment hors du temps, sans rien suivre de l’actualité, un peu égoïstement peut-être, mais tellement important. Et puis ces moments où l’on roule à plusieurs, suivant des caps, les cherchant parfois, profitant de l’expérience des « routards » du désert qui ne se savent jamais vraiment perdus, juste égarés, reprenant une note pour corriger une trajectoire qui nous ramène sur le chemin.

Sur le fil de ce roadbook qui dessine notre trace en nous prévenant des pièges annotés, validant un à un les waypoint qui marquent nos points de passage imposés, limant le fil des kilomètres en même temps qu’on le déroule, jusqu’à apercevoir bientôt les drapeaux qui marquent l’arrivée de la spéciale. Nous en verrons douze tout au long de cette épreuve… Les douze de cette Africa Eco Race 2025 dont le dernier juste avant de grimper sur le podium au bord de ce lac Rose, en périphérie de Dakar.

Africa Eco Race

Mission accomplie. Et le bonheur de voir à cette arrivée une unité de visages bardés de sourires, les traits tirés, les joues creusées où quelques larmes trouvent un chemin facile pour y glisser, témoignant de l’engagement personnel mis dans cette aventure. Cette course, cette épreuve, je suis heureux de l’avoir traversée. Heureux comme je l’étais 11 ans plus tôt en bouclant mon premier et unique Dakar. Au-delà de la course, et bien loin du classement (sympathique au final, 24e sur 60 finishers et 5e bicylindre), je suis surtout content d’avoir mené à bien l’objectif d’emmener cette Ténéré au sommet de son Everest. Quand on grimpe un sommet, la vue y est tellement belle.

En savoir plus sur l’Africa Eco Race

L’Africa Eco Race est une course de rallye-raid qui se déroule principalement sur le continent africain. Créée en 2008, elle a pour objectif de revivre l’esprit du célèbre rallye Paris-Dakar, en revenant sur les traces de Thierry Sabine, tout en mettant l’accent sur le respect de l’environnement et des populations locales. L’événement attire des pilotes de motos, quads, voitures et camions, qui parcourent des milliers de kilomètres à travers des terrains variés, allant des dunes de sable aux montagnes. Le parcours de l’Africa Eco Race change chaque année, mais il inclut généralement des étapes à travers des pays comme le Maroc, la Mauritanie et le Sénégal. La compétition est réputée pour son esprit d’aventure et son défi technique, attirant des participants de différents niveaux et nationalités. Il promeut les valeurs humaines, la convivialité, l’authenticité, la solidarité et la sportivité.

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1 flow : état de fluidité et d’harmonie dans la conduite, qui nécessite concentration, précision et maîtrise.

Visuels : © Thierry Traccan, Alessio Corradi & Photos DR