Jean-Marc Ferret, PDG d’Allshot

Publié le 14/06/2023

Jean-Marc Ferret, client AXA via l’agence de L'Haÿ-les-Roses (92), nous parle de sa passion pour la mécanique et la moto, et de son parcours atypique qui l’a amené à créer des vêtements techniques portés par des gendarmes, policiers ou secouristes. Avec sa société Allshot, il conçoit et commercialise des produits airbag pour la moto et l’équitation et s’apprête à mettre sur le marché un gilet connecté autonome.



Jean-Marc Ferret

Pouvez-vous nous présenter votre parcours ? Avez-vous une formation d’ingénieur ?

Non, pas du tout ! J’ai un parcours plutôt atypique. J’ai toujours été passionné de mécanique. J’ai construit mon premier kart à 14 ans et je faisais de l’optimisation sur des moteurs 2 temps. Puis à l’âge de 20 ans, j’ai construit des véhicules et j’ai monté ma propre entreprise de carrossier constructeur. Je construisais des camions et j’aménageais des cars régie pour les tournages de télévision : je les rallongeais, les surélevais, j’aménageais des racks à l’intérieur…

Puis en 1985, j’ai monté ALX, une entreprise textile qui conçoit et fabrique des uniformes et tenues techniques adaptés aux contraintes spécifiques de différents corps de métier. Très observateur, j’aime à chaque fois trouver des solutions pour répondre à ces contraintes. J’ai ainsi dessiné des tenues qui sont toujours portées aujourd’hui par 100 000 gendarmes en France, dont les motards de la Gendarmerie nationale, mais aussi les secouristes de la Croix-Rouge Française, les personnels d’ADP (Aéroports de Paris) ou de l’ONF (Office National des Forêts). Nous avons créé les tenues des convoyeurs de fonds de la Brinks, des gilets pare-balles… Et j’ai aussi dessiné pendant de nombreuses années toutes les tenues pour Sephora et Guerlain, portées dans leurs boutiques dans le monde entier.

En 2002-2003, les gendarmes sont descendus dans la rue pour réclamer plus de matériel. Nicolas Sarkozy a alors décidé de renouveler leur équipement. Ses services ministériels nous ont choisis car ALX figurait en premier dans l’ordre alphabétique dans l’annuaire (Rires). Cela nous a fait une publicité formidable. Pour l’anecdote, j’ai aussi dessiné la casquette emblématique de Coluche que je lui ai adressée à Europe 1 sans qu’il me le demande. À réception, il a fait un appel sur l’antenne pour nous inviter dans son émission Coluche 1 faux, sur Canal+. Ensuite, il a gardé cette casquette pendant tous les débuts des Restos du Cœur.

La tenue actuelle de la Croix-Rouge dessinée par Jean-Marc FerretLa tenue actuelle de la Croix-Rouge dessinée par Jean-Marc Ferret.

Pouvez-vous nous parler de votre passion pour le karting ?

J’en ai fait beaucoup de 1973 à 1977 et passais la plupart de mes week-ends à m’entraîner et préparer des moteurs sur le circuit de Cabourg dont le propriétaire était un de mes amis. Après une coupure d’un an pour service national, j’ai repris le kart. En 1981, je devais faire l’école de pilotage de F3 à La Châtre, mais des circonstances m’ont obligé à me retirer pour m’engager dans une école de pilotage à Montlhéry, sur Alpine turbo. Ensuite, j’ai fait quelques courses et je m’inscris toujours, en fonction de mes disponibilités, à des manifestations. Ma passion m’a conduit pendant presque 15 ans, jusqu’en 2016, à accompagner mon fils sur différents championnats en France et en Europe sur tous les circuits de karting et automobiles.


Et votre passion pour la moto ?

J’ai commencé la moto à l’âge de 14 ans. J’étais passionné de motocross dans les années 1970. J’ai également participé, en prenant pas mal de risques, aux courses sauvages qui étaient organisées à cette époque tous les vendredis, en nocturne, autour des Halles du grand marché de Rungis (qui ont précédé la création du circuit Carole à Tremblay-en-France).


Quelles sont vos meilleurs souvenirs en 2-roues ?

En 1972, j’ai eu la chance d’assister à une course internationale exceptionnelle organisée autour des Halles de Rungis, à laquelle ont participé de grands pilotes comme Michel Rougerie, Christian Bourgeois, Phil Read ou Barry Sheene. Ces courses, c’était une autre époque. Il n’y avait aucune sécurité et de nombreux jeunes trouvèrent la mort lors de ces affrontements, ainsi qu’une spectatrice… C’était de la pure passion… ou plutôt de la pure folie ! Par la suite, je me suis assagi et j’ai plutôt utilisé ma moto pour des balades, à la découverte des régions françaises. On partait chaque week-end en groupe. C’était un autre temps, les clubs de motards n’existaient pas encore… J’ai assisté chaque année aux courses de motocross à Gaillefontaine, ainsi qu’au Bol d’Or, aux 24 Heures du Mans...


Comment avez-vous eu l’idée de mettre au point des gilets airbag ?

La Gendarmerie nationale, pour laquelle je créais des vêtements, voulait sans cesse de nouveaux équipements. J’ai alors déniché pour eux des airbags au Japon et avec un associé, nous sommes devenus en 2010 importateurs de Mugen Hit-Air, les premiers airbags moto en France. Ces airbags filaires sont toujours intégrés aujourd’hui dans les vestes des motards de la gendarmerie. Puis j’ai revendu cette entreprise car je souhaitais avoir davantage de liberté pour mes propres créations.

En 2013, j’ai présenté au Salon de Paris un airbag électronique pour bébé, ainsi que le premier gilet airbag autonome. Mais à l’époque, cela n’intéressait personne ! Avec APC Systems, nous avons ensuite lancé le premier casque airbag autonome, mais cela n’a pas marché, car le casque était un peu volumineux et ressemblait à celui de Dark Vador… Puis j’ai créé Allshot l’année suivante et nous avons mis au point les airbags moto filaires. Nous étions les premiers sur ce marché, avec Helite.


Vous lancerez dans les prochaines semaines le Ridesafe, un gilet airbag moto autonome connecté. Pouvez-vous nous le présenter ?

La nouveauté, c’est que le gilet lui-même est connecté. Il est muni d’une carte SIM multi opérateurs et en cas d’accident, un boîtier intégré au gilet envoie un signal qui précise l’endroit de l’accident (point GPS) à une plateforme de secours. L’alerte peut donc être déclenchée même si le téléphone du motard est cassé ou éjecté au cours du choc. Notre système analyse l’activité du motard : on peut voir s’il marche, s’il est inerte, s’il est en rotation, s’il reprend la route… Le boîtier électronique, très léger, est de la même taille qu’un iPhone. Nous avons deux modèles, un qui se porte par-dessus les vêtements, pour les motards qui souhaitent une protection maximum, et un autre sous les vêtements. Ces modèles sont dotés d’un airbag de 15 ou 17 litres, en fonction des modèles, qui se gonfle en 55 millisecondes. La particularité de cet airbag est d’être doté de 2 générateurs de gaz argon, un gaz aux performances très efficaces, utilisé dans les airbags des voitures. La batterie dispose d’une autonomie importante, de 65 heures.

Gilet airbag Ridesafe

Combien d’années de recherche ont été nécessaires pour sa mise au point ?

Cela nous aura demandé 5 années. Ce qui n’est pas si long pour un produit de cette complexité, d’autant que nous avons été freinés par la pandémie. En novembre 2019, nous avons obtenu un prix aux Trophées de l’innovation (Trophée de l’embarqué) mais peu après, nous avons été stoppés à cause du Covid et avons perdu près d’un an et demi.


Quelles difficultés avez-vous rencontrées lors de la phase de développement ?

Même si nous maîtrisions la technologie de l’airbag autonome depuis 2013, il a fallu créer un nouveau gilet, ergonomique, avec une technologie embarquée optimisée... La difficulté principale consistait à intégrer de l’électronique au textile.


Comment est composée votre équipe ?

Nous avons une équipe d’ingénieurs et experts multidisciplinaire qui travaillent sur le traitement du signal et les systèmes embarqués et conçoivent le hardware et le software. Nous avons également un designer, ainsi qu’un bureau modèle et un banc de test. Enfin, nous avons un atelier de fabrication dans lequel on fabrique tous nos gilets filaires, pour la France et l’Amérique du Nord. Nous avons aussi fait appel à une équipe extérieure pour nous aider à mettre au point l’appli.


Et pour les tests, comment avez-vous procédé ?

Nous avons réalisé les tests crash à l’UTAC, il y a deux ans. Nous réalisons tous les autres tests en interne : sur la dynamique du gilet, sur la pression, le générateur de gaz… Puis nous avons testé le gilet en situation l’an dernier. Nous avons sélectionné pour cela plusieurs dizaines de bêta-testeurs pendant 5 mois, en hiver : des gros rouleurs réguliers, sur tous types de motos. Les motards de la Police nationale utilisent notre gilet airbag depuis déjà 5 mois, ce qui nous permet de recroiser l’ensemble des données avec celles de nos bêta-testeurs. Les policiers ont déjà eu plusieurs accidents, en intervention, et les gilets ont parfaitement répondu aux contraintes.


Quel sera le prix de vente de ce gilet autonome ?

Le gilet sera commercialisé entre 690 € et 750 €, sans abonnement. Les mises à jour s’effectuent automatiquement via une application. Celle-ci vous permet de choisir deux modes, route ou piste (pour rouler sur circuit par exemple).


Envisagez-vous la mise au point de gilets autonomes adaptés à d’autres sports ou activités à risques ?

Nous travaillons en effet sur des gilets autonomes avec un boîtier électronique adapté à la pratique de l’équitation, du vélo, mais également de la trottinette, ainsi qu’aux personnes qui travaillent sur des grandes hauteurs (les ouvriers en travaux acrobatiques sur des éoliennes ou les militaires qui remplacent des pales d’hélicoptères par exemple), pour les protéger des chocs avant et arrière en cas de chute, lorsqu’elles sont accrochées à un harnais.

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Visuels : © Allshot, ALX