Le projet Biodysseus, une mission scientifique sous la banquise

Publié le 18/08/2023

Avec la mission Biodysseus, l’explorateur et plongeur sous-marin Alban Michon envisage de vivre avec son équipe confinée dans une base de recherche sous-marine immergée sous la banquise arctique, pendant 6 mois. Cette base permettra également de simuler des sorties extravéhiculaires en plongée afin de préparer d’éventuelles missions spatiales. Départ prévu fin 2025.

Alban Michon

Pouvez-vous nous parler de votre prochain projet, Biodysseus ?

Je suis un amoureux du monde polaire et l’Arctique se réchauffe 3 à 4 fois plus vite que le reste du monde. Les populations locales subissent des changements rapides et brutaux. Cette région est un réacteur climatique, là où tout se passe : changement des courants océaniques, fonte du permafrost, augmentation du niveau des océans, tout cela est intimement lié à l’Arctique.

Je me suis donc demandé : pourquoi ne pas faire un habitat sous-marin, dans la continuité du commandant Cousteau (le projet Précontinent dans les années 1960, NDLR), afin d’étudier l’environnement au cœur du réacteur climatique, en emmenant sous la glace des scientifiques et des ingénieurs.


Cette mission sera-t-elle uniquement à caractère scientifique ?

Cette base sera une plateforme mutualisée qui servira à la science, mais aussi à la technologie, afin de pouvoir tester en condition réelle des prototypes qui existent dans des laboratoires et qui feront le monde de demain. On va par exemple travailler sur un photo bioréacteur : ce sont des tubes remplis de microalgues, une sorte de micro-forêt, qui vont capter notre CO2, purifier l’air et nous apporter de l’oxygène. C’est de la photosynthèse, mais sous une forme plus rapide qu’avec des arbres. Ce photo bioréacteur ira peut-être demain sur Mars ou dans des endroits très pollués comme les métros.

Projet Biodysseus laboratoireLe futur laboratoire sous-marin qui sera immergé sous la banquise arctique.

Pouvez-vous nous décrire la mission ?

La station sera immergée à une dizaine de mètres de profondeur. Nous serons 4 à l’intérieur et j’ai prévu pour ma part d’y rester 6 mois. J’ai choisi cette durée pour 2 raisons. D’une part, c’est le temps minimum qu’il faudra à l’homme demain pour atteindre la planète Mars. Il y aura d’ailleurs une étude clinique menée sur ce confinement. Et d’autre part, parce que j’ai envie de faire une saison complète sous la glace, de voir la mer se fermer et s’ouvrir à nouveau 6 mois plus tard.

Pour le reste des membres, il y aura un turnover. Chaque équipe pourra travailler sur son propre programme. Pour ce projet, je travaille également avec une entreprise qui vise à réduire au maximum l’empreinte carbone de la station. La station sera par la suite mise à disposition des scientifiques et ingénieurs pour environ 20 à 25 ans.


Cette mission est assez similaire à une mission spatiale ?

Tout à fait, c’est ce que l’on appelle une « mission spatiale analogue » et l’intérieur de la station peut se rapprocher de l’ISS. Nous avons la chance d’avoir Jean-Francois Clervoy, un ancien astronaute qui nous soutient et nous conseille sur ce projet.


Comment va se passer le ravitaillement ?

Au-dessus de la banquise, nous aurons un camp de base, une sorte de « Houston », pour poursuivre l’analogie avec le spatial. Comme je ne veux pas prouver que l’on arrivera à cuisiner sous la mer, la nourriture viendra probablement de ce camp, amenée par des plongeurs.



Pour en savoir + sur la mission Biodysseus ou soutenir le projet : https://www.biodysseus.com/

Alban Michon BiodysseusLa base de recherche sous-marine comprendra un laboratoire et un hangar sous-marin, ainsi qu’un sas de plongée. À l’extérieur, elle sera dotée d’un bras manipulateur, de hublots numériques, d’instruments scientifiques et d’hydroliennes (équivalent sous-marin de l’éolienne).

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Visuels : © @lecinquieme rêve - Christophe Silvestre /Thomas Vollaire