L’aventure à 90 à l’heure !

• L'histoire de « 90 à l’heure »
• Les services et spécialités de « 90 à l’heure »
• Une activité et un secteur en expansion
• Le processus de restauration
• Les projets et défis de l'entreprise

Romain Schaffner, fondateur de 90 à l’heure.

L'histoire de « 90 à l’heure »

Bonjour Romain, d’où vient cette passion de véhicules vintages et de mécanique ?

J’ai toujours été bercé dans l’univers des voitures par mon père : quand j’étais enfant, il m’offrait souvent des petites voitures Majorette. Plus tard, j’ai travaillé dans l’automobile chez Renault puis chez Tesla. Pendant quelques années, j’ai participé au développement commercial de Tesla quand la marque est arrivée en France en 2016. C’était l’époque où personne ne croyait en Tesla, car il était très difficile de vendre des voitures à 150 000 € avec 220 kilomètres d’autonomie, sans « super chargeur » et sans zone de recharge. C’était un vrai challenge pour moi.

Je suis très sensible au fait de redonner vie à des vieux véhicules, de leur redonner une âme. Quand on entre dans un véhicule, on ressent quelque chose de fort, on se l’approprie et on finit même parfois par lui donner un nom. Avec le temps, le véhicule devient un membre de la famille, on s’y attache.

Pouvez-vous nous raconter l’histoire de la création de « 90 à l’heure » ?

J’ai créé « 90 à l’heure » il y a maintenant 4 ans. Avant cela, j’ai principalement travaillé dans le secteur automobile, en Irlande notamment. Une fois rentré en France, j’ai appelé un voisin de mes parents, Jean, qui avait une ancienne menuiserie. Grâce à lui, j’ai pu obtenir un garage de 30 m² qui m’a permis de commencer à bricoler, tout en postant quelques stories sur Instagram. Même si je n’y croyais pas vraiment à l’époque, cela a commencé à porter ses fruits, grâce aux réseaux sociaux.

« 90 à l’heure » est située au 11 rue Carnot, à Sannois (95). C’est une très vieille menuiserie dans un vieux local de 1875, tout en bois. Il y avait de très vieilles machines que nous avons remises aux normes et restaurées. Nous avons réaménagé l’espace et aujourd’hui, la superficie est d’environ 400 m², sur 2 niveaux. Cela nous permet d’avoir un espace d’aménagement, un endroit menuiserie, des bureaux et des zones de stockage, avec quelques places devant pour pouvoir garer les véhicules.

Les services et spécialités de « 90 à l’heure »

Quels principaux services proposez-vous et quelles sont vos spécialités ?

Pour le moment, notre cœur de métier est l’aménagement, la réparation et l’optimisation de véhicules. Si un client souhaite devenir complètement autonome, nous sommes capables d’installer un panneau solaire sur son véhicule. Nous savons dimensionner, conseiller et installer ce genre d’équipements. De même pour tout ce qui concerne le chauffage, l’eau et l’électricité.

Nous faisons aussi de l’aménagement sur-mesure, de A à Z. Nous guidons au mieux nos clients en fonction de leurs besoins, de leurs projets et de ce qui s’accorde avec leur véhicule. Aujourd’hui, nous comptons une quarantaine de restaurations et d’aménagements de véhicules.

Enfin, nous avons un service de location de véhicules dédié aux professionnels, sur des périodes estivales ou des week-ends, avec des parcours plus ou moins définis, que nous avons expérimentés en amont.

Fourgon 90 à l'heure.

Une activité et un secteur en expansion

Travaillez-vous seul ou avez-vous une équipe à vos côtés ?

Nous sommes 4 employés à temps plein au sein de la menuiserie. Jérôme, qui est chef d’atelier menuiserie avec 25 ans d’expérience à son actif ; Guillaume, qui s’occupe de l’aménagement électrique, de la plomberie, des panneaux solaires et de tous les équipements et accessoires et Mathieu, apprenti en menuiserie. Nous avons aussi une stagiaire en Community Management, arrivée en mai dernier. Nous travaillons dans une ambiance conviviale, détendue et chaleureuse, tout en restant professionnels. L’ambiance est aussi liée à cet endroit atypique, bucolique et fleuri où l’on se sent bien pour travailler.

Nous travaillons dans une vraie optique d’optimisation et de recherche de solutions pour les aménagements. Nous mettons un point d’honneur sur l’artisanat tout en restant dans une démarche de constante amélioration. À ce jour, nous n’avons aucune machine numérique, nous faisons tout à la main !

Existe-t-il beaucoup de concurrence dans votre secteur d’activité ?

Oui, nous sommes sur un marché très concurrentiel, surtout depuis la crise sanitaire. Il y a une véritable effervescence et une hausse des volumes de vente des véhicules de loisirs, malgré la législation des municipalités et l’augmentation des restrictions envers les fourgons, camping-cars etc.

Il y a deux écoles : ceux qui vont travailler à la main et ceux qui vont plutôt choisir de la découpe numérique pour une meilleure rentabilité et un placement tarifaire beaucoup plus intéressant.

Quelle est votre clientèle habituelle ?

Notre clientèle est plutôt éclectique. L’âge moyen est de 30 à 40 ans, mais nous avons aussi des clients de plus 50 ans, voulant se faire plaisir en prévision de leur retraite. Pour la location, nos clients ont plutôt la vingtaine et une véritable appétence pour les véhicules des années 70, très intemporels.

Récemment, nous avons eu des clients, originaires du Gabon, qui sont partis faire le tour de l’Afrique avec un Land Rover Defender que nous avions refait. Malheureusement je ne voyage plus physiquement, mais je peux dire que je voyage désormais à travers mes clients !

Comme nous sommes à côté de Paris, nous avons une clientèle urbaine, intéressée par la location de combis pour s’échapper le week-end. Pour l’aménagement en revanche, nos clients peuvent venir de plus loin.

Deux combis colorés, prêts pour l’aventure

Le processus de restauration

Quelles sont les différentes étapes de restauration d’un van sur-mesure et combien de temps cela prend-il ?

Dans le cas des vans sur-mesure, nous avons deux types de clients : ceux venant avec leur propre véhicule et ceux pour qui nous devons le trouver. Dans la deuxième situation, les étapes pour l’aménager sont les suivantes : une fois les ouvertures pour les fenêtres faites, nous nous occupons de l’isolation du sol, du plafond et des parois. Viennent ensuite l’installation électrique, le chauffage, la plomberie et la menuiserie. Notre expertise permet de conseiller au mieux le client sur les choses essentielles à avoir dans son véhicule et d’optimiser son confort à bord. Tous les projets sont différents, mais nous comptons en moyenne 2 mois pour un van classique.

Comment évaluez-vous l’état d’un véhicule avant de le restaurer ?

Nous allons vérifier dans un premier temps le châssis, la partie technique et mécanique. Nous constatons s’il y a de la rouille, et si c’est le cas, voir si elle est perforante ou non. Nous allons aussi nous assurer de l’état du moteur, si des révisions ont été faites et si les trains avant et arrière ont été entretenus. Ces étapes vont nous permettre de chiffrer une restauration de la partie mécanique et de la carrosserie. Pour la carrosserie, le client va aussi pouvoir choisir la couleur de son combi selon ses envies.

Transformation complète pour l’intérieur du Piaggio Porter.

Quels sont les principaux matériaux utilisés et leurs avantages en termes de durabilité et de confort ?

Comme première couche d’isolant thermique, nous utilisons de la laine de vêtements recyclée et du liège projeté. Le bois pouvant peser lourd, nous utilisons des alternatives, avec du bois contreplaqué, comme le bouleau et le peuplier.

Pour s’inscrire davantage dans un projet de durabilité, d’écologie et de renouvellement, nous utilisons aussi des bois exotiques d’Indonésie, qui ont l’avantage d’être plus légers. Ces bois bénéficient d’excellentes propriétés en termes de résistance à l’humidité et permettent de réduire la pose de vernis chimique polyuréthane. Avec ce bois-là, nous pouvons compter aux environs de 100 kg pour l’aménagement d’un combi, ce qui reste plutôt faible.

Proposez-vous des options d’énergie alternative pour alimenter les équipements à l’intérieur du véhicule ?

L’idée est que le véhicule soit complètement autonome sur la partie électrique. Nous pouvons y installer des batteries secondaires, en fonction de la demande énergétique du véhicule et de sa taille. Ensuite, nous dimensionnons le parc électrique en fonction de l’autonomie souhaitée par le client. Nous installons les panneaux solaires adaptés au parc énergétique pendant les étapes et lorsque vous roulez, le coupleur séparateur va pouvoir recharger les batteries.

Les projets et défis de l'entreprise

Avez-vous déjà travaillé sur des projets atypiques ou insolites ?

Tout à fait ! Pour une cliente ancienne danseuse professionnelle, nous avons créé un des plus petits vans du monde un Piaggio Porter. C’est un véhicule minuscule, d’à peine 3 mètres sur 1,42 mètre de large, qui sert principalement pour l’entretien des espaces verts. Le challenge était que l’on puisse y dormir, y mettre une cuisine, de l’eau et une planche de surf au plafond. Le pari a été réussi : nous avons réalisé un petit van vraiment cosy, au look surfeur, tout en bois avec du chêne et du lambris blanc. C’était un sacré défi !

Un Piaggio Porter, minuscule véhicule, en pleine rénovation.

Quel a été votre plus gros défi à ce jour, que ce soit dans la rénovation ou l’aménagement d’un véhicule ?

L’un de nos plus gros défis actuels est de pouvoir livrer les commandes dans les délais, car nous n’avons pas internalisé la partie mécanique et carrosserie. Sinon, je pense à la création d’un appartement dans un conteneur pour des voisins à la recherche d’un espace à vivre en plus. La nature de cette demande se situait entre la maison et le combi, avec des matériaux que l’on retrouve dans l’aménagement de fourgons. Le tout, avec les normes d’une maison.

Nous avons vu que le sujet du « slow tourism / travel » vous tient à cœur. Qu’est-ce que cela signifie pour vous ?

Alors déjà, on ne prend pas l’autoroute ! On prend le temps de voyager. On fait le choix d’aller découvrir, d’apprécier ce qui nous entoure et même parfois les problèmes que l’on va rencontrer sur la route. Le « slow tourism », c’est laisser plus de place à la spontanéité, au lâcher prise et ne rien prévoir si ce n’est la destination. C’est une philosophie qui permet de faire davantage de rencontres.

Avez-vous des conseils à donner à nos lecteurs dans le cadre de l’aménagement d’un van / camping-car ?

Le principal conseil, c’est de bien identifier leurs besoins, en se posant les bonnes questions, pour savoir ce qui leur conviendrait réellement sur le long terme : « Où est-ce que je veux aller ? », « Qu’est-ce que je vais faire avec mon véhicule ? » etc.

Un des meilleurs conseils est de louer et de tester pour savoir si le véhicule nous correspond vraiment. Il y aura toujours des concessions à faire mais en règle générale, il ne faut pas oublier que « moins on en a, moins on rencontre de problèmes à bord du véhicule ».

Y a-t-il des tendances qui se dégagent cette année ?

Ce qui plaît beaucoup en ce moment, ce sont les kits d’aménagement. Avec un kit, vous allez pouvoir transformer votre voiture du quotidien en un petit camping-car : y mettre une tente de toit, une galerie, un point d’eau, un réchaud, 2 ou 3 petits rangements et potentiellement, un lit dépliant. Vous pouvez transformer votre voiture pour un budget de 5 000 à 6 000 €. Je pense à des marques comme « Tchao Tchao » et « Exokit ». C’est une alternative pratique qui peut se ranger facilement dans votre garage.

Bienvenue au sein des ateliers de 90 à l’heure, à Sannois (95) !

Quelles sont vos ambitions et vos projets pour les prochains mois à venir ?

À terme, nous avons le projet de faire des ateliers participatifs. Le concept serait de permettre aux gens de venir faire « leur propre décoration et leur propre véhicule », avec un encadrement professionnel. Cela se déroulerait via des modules de formation, sur les parties menuiserie, aménagement, plomberie, électricité et autonomie.

J’ai aussi le souhait d’agrandir « 90 à l’heure », d’ouvrir la société à des potentiels investisseurs pour nous permettre de nous positionner sur un marché qui correspond plus à la demande. Je pense également aux kits d’aménagement et à de nouvelles machines plus performantes, qui nous permettraient de réduire le temps de production.

Pour terminer, avez-vous le rêve de retaper un modèle de van en particulier ?

On pensait à un « Schoolbus » du Canada pour y créer un petit appartement. Malheureusement, à cause de l’infrastructure des routes en France, il est très rare d’en croiser. Plus insolite : je dirais aussi une péniche, vu que nous sommes spécialisés dans l’habitat alternatif.

Plus d’infos sur le site de « 90 à l’heure ».

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