Ford Mustang : 60 ans et toujours sauvage !

Publié le 29/04/2024 Par Stéphane Cohen

Depuis 1964, sept générations de Ford Mustang se sont écoulées à plus de dix millions d’exemplaires, une performance bien au-delà des rêves les plus fous de son créateur, Lee Iaccoca. L’année 2024 sera marquée par de nombreuses célébrations, dont un rassemblement géant en France en hommage à la plus mythique des muscle cars.

C’était une foule immense autant qu’inhabituelle. On avait refusé du monde et beaucoup durent se résigner à rester dehors. Les autres, des milliers de spectateurs venus de toute la Floride, tous ceux qui avaient pu trouver une place sous l’imposante toiture de l’Osceola Heritage Park de Kissimmee, en eurent pour leur ticket d’entrée. Le 10 janvier 2020, au milieu de l’après-midi, une lourde clameur retentit lorsqu’elle apparut enfin, rugissante et toujours aussi majestueuse lors d’une vente aux enchères historique.

Quelques minutes plus tard, au terme d’une impressionnante escalade d’ordres et de surenchères, la Ford Mustang V8 GT 390 Fastback de l’inspecteur Franck Bullitt, incarné par Steve McQueen, fut adjugée à près de 3,8 millions de dollars (environ 3,5 millions d’euros). Tel fut le prix à payer pour s’offrir l’une des deux voitures utilisées lors de la course-poursuite la plus célèbre de l’histoire du cinéma, le modèle 1968 au célèbre vert Highland Green vrombissant dans les rues en pente de San Francisco sur fond de ciel bleu et d’océan Pacifique, décor du film Bullit (baptisée Mustang Bullit, une version moderne fut produite en 2008 pour son 50ᵉ anniversaire). Cette scène, un classique du cinéma, a définitivement installé la Ford Mustang au firmament des muscle cars. Produite à 10 millions d’exemplaires, elle incarne puissance et classe depuis 1964. Flashback...

Ford Mustang Fastback 1969Ford Mustang Fastback 1969

Un succès populaire dès sa sortie

À la fin des années 1950, les baby boomers qui, adolescents, ont vénéré James Dean et La Fureur de vivre sont désormais de jeunes adultes prêts à consommer. Aux voitures massives et lourdes de leurs parents, ils préfèrent les modèles légers comme la Beetle, la Coccinelle de Volkswagen. Comment satisfaire cette nouvelle clientèle ? En créant une voiture légère, compacte, dotée d’une image sportive mais disposant de quatre places pour s’évader entre amis et surtout pas trop chère. À la même période, au sein de l’entreprise Ford, une farouche lutte de pouvoir oppose les garants de la tradition à la jeune garde, incarnée par Lee Iaccoca, un ingénieur maison tout juste quadragénaire. La Ford Mustang en sera l’aboutissement et le triomphe de la nouvelle génération.

Henry Ford II fait confiance à Lee Iacocca (le futur big boss de la firme dans les années 1970) et lui octroie un budget de 40 millions de dollars. Mais Iaccoca n’a pas vraiment carte blanche. Les premières versions doivent être basées sur la Ford Falcon (les stocks de pièces sont immenses et chez Ford, un dollar est un dollar). En 1962 et en moins de trois mois, un prototype est fabriqué. Nom de code ? Mustang. Une rumeur reprise par beaucoup et officielle pour certains, prétend que son nom vient de la fascination de l’un des concepteurs pour l’avion de chasse P-51 Mustang. La thèse la plus probable est que Robert Eggert, patron du marketing et grand amateur de chevaux, se montra plus convaincant que Henry Ford II en personne qui lui préférait l’appellation « T-Bird II »...

Publicités pour la Ford Mustang dans les années 60.Publicités pour la Ford Mustang dans les années 60.

La couverture médiatique qui s’ensuivit fut exceptionnelle. 75 Mustang furent prêtées à des journalistes pour un essai grandeur nature : 1 000 km de New York à l’usine de Dearborn, ville natale de Henry Ford. Et lorsque la voiture fut présentée au grand public, son prix abordable (2 368 dollars de l’époque) fit le reste. Le lendemain, ce fut la ruée chez les concessionnaires : 22 000 Mustang furent vendues le premier jour de sa sortie !

À l’époque, c’est un coupé 6 cylindres en ligne et boîte automatique 3 rapports considéré comme la première pony car (une sportive construite sur la base mécanique d’une voiture compacte de grande série). La Mustang 1964 ½ (car sortie au milieu de l’année) est dotée en option d’un V8. Cette version « musclée » deviendra la norme par la suite et de pony car, la Mustang deviendra muscle car. À la fin de cette première année, plus de 400 000 unités sortent des chaînes de production (bien plus que les 100 000 rêvées par Iaccoca). En 1966, elle dépasse le million d’exemplaires, un record longtemps inégalé pour une voiture de sport. La même année, Ford conçoit un modèle unique destiné à la société de location Hertz qui devient la seule (encore aujourd’hui !) à la proposer sur le sol américain.

Ford Mustang V8La Mustang première génération, en 1964.

Une icône américaine à travers les générations

1967 est considéré comme le plus beau millésime de la Mustang, surtout la version fastback (ligne de toit qui tombe en biseau jusqu’à l’arrière), un lifting que l’on retrouve justement dans la version utilisée dans Bullitt. À la même période, Carroll Shelby (le père de la Cobra puis de la célèbre GT40, vainqueur des 24 Heures du Mans 1966) a pour mission de revitaminer la Mustang pour en faire un animal capable de rivaliser sur les circuits de la NASCAR (qui ne portait pas encore ce nom) avec les Corvette, Plymouth Hemi Cuda ou Camaro (cette dernière créée en urgence par Chevrolet face au succès insolent de la Mustang). Bingo ! La GT350, monstre body-buildé sorti des ateliers du préparateur à Venice, Californie, et pilotée par Ken Miles remporte sa première compétition au Texas. La photo montrant la voiture décoller littéralement du sol, lui vaudra le surnom de Flying Mustang.

Le début des années 1970 coïncide avec l’âge d’or de la voiture. Avec sa carrosserie plus anguleuse, elle parade fièrement dans les rues de Las Vegas en compagnie de Sean Connery, alias James Bond, dans Les Diamants sont éternels. Entre 1964 et 1973, la première génération de la Mustang se sera écoulée à près de 3 millions d’exemplaires dans le monde (en ex-Allemagne de l’Ouest, parce que Krupp a déjà déposé le nom pour ses camions et parce que Ford refuse de régler une somme rondelette pour le racheter, elle s’appellera T-5 jusqu’en 1978).

Ford Mustang Cobra IILa Cobra II de 1976 reprend la livrée de l’AC Cobra signée Carroll Shelby.

En France, elle s’invite dans le Gendarme de Saint-Tropez en 1964 (premier modèle arrivé sur notre sol avant même sa commercialisation). On l’admire dans Un homme et une femme de Claude Lelouch (1966), et même notre Johnny national ne peut résister à son charme lors du rallye Monte Carlo 1967, sa Ford Mustang numéro 105 étant suivie par la DS numéro 106 de... ses gardes du corps !

La suite sera constituée de hauts et de bas. Frappée de plein fouet par le choc pétrolier de 1973, Ford sort presque dans la panique une Mustang plus petite, moins puissante et surtout moins gourmande en essence, ce qui participera au succès de cette deuxième génération (1974-1978). Quatre autres suivront : 1979-1993 (plus grande, plus légère, plus « européenne »), 1994-2004 (première transformation majeure avec un design beaucoup plus arrondi), 2005-2014 (un style « rétrofuturiste » qui reprend l’esprit des premiers modèles), 2015-2023 (qui tient compte des nouveaux enjeux environnementaux et propose un moteur très économe en carburant) et désormais la 7ᵉ génération depuis 2024 avec une gamme allant de la version Eco-Boost développant 315 chevaux à la version Dark Horse (500 chevaux). La Mustang reste l’une des dernières muscle cars encore produites puisque presque toutes les autres (Pontiac Firebird, Plymouth Road Runner...) ont disparu, à l’exception des Chevrolet Camaro et Corvette et des Dodge Challenger et Charger. Elle est désormais proposée en version électrique.

Grand rassemblement et show à l’américaine pour les 60 ans de la Ford Mustang

Du 19 au 21 avril, au Futuroscope de Poitiers

Affiche Mustang Club de France

Preuve que le mythe demeure plus que jamais, en cette année de 60ᵉ anniversaire, toutes les générations de Mustang de France et d’Europe se sont réunies sur le site du Futuroscope, près de Poitiers, du 19 au 21 avril dernier. Un show à l’américaine, avec démonstrations et concerts, organisé par le Mustang Club de France. Pas moins d’un millier de Ford Mustand rassemblées, le temps d’une célébration digne de la sportive la plus emblématique de la passion automobile : la seule Ford qui ne porte pas le logo de la marque sur sa calandre mais un cheval sauvage galopant derrière le soleil, comme au temps de la Conquête de l’Ouest.

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Visuels : © Mecum Auctions, DR