Rouler en hiver avec sa voiture de collection

16/02/2021 Par Igor Biétry

L’automobile ancienne ne se vit pas uniquement 6 mois par an. Afin de se sentir prêt à affronter les frimas, voici quelques trucs et astuces pour profiter de sa voiture quel que soit le temps… Par Igor Biétry.

L’automobile ancienne ne se vit pas uniquement 6 mois par an. Afin de se sentir prêt à affronter les frimas, voici quelques trucs et astuces pour profiter de sa voiture quel que soit le temps…

Pour certains collectionneurs, la voiture ne sert que de fin mars à fin octobre. Le reste du temps, elle est sagement remisée pour ne pas l’user, l’abîmer ou la salir…

Soyons clairs : la voiture de collection sous la pluie, dans le brouillard et par temps de neige, c’est un autre monde. Les voitures glissent et n’ont évidemment aucune assistance au freinage et certaines fuient dans l’habitacle. J’ai un souvenir ému de mon coéquipier lors du tour de France en Peugeot 202 qui « gueulait » parce que le « pare-brise lui faisait pipi dessus ! » Il est vrai que rouler dans des conditions hivernales n’est pas forcément simple. Le chauffage est souvent anémique et outre le fait qu’on se caille, la buée sur le pare-brise est une engeance à laquelle il faut faire face…

Pourtant, vous vous doutez bien que me concernant, il faut un confinement (et encore !) pour que je ne sorte pas en voiture ancienne !

Tout d’abord parlons de la conception de nos voitures de collection. A l’époque, elles sont construites pour rouler sans se poser de question, été comme hiver. Certaines d’entre elles sont même conçues pour des conditions climatiques bien plus coriaces que celles que nous connaissons sous nos latitudes. Bref, ce qui compte c’est l’entretien et quelques règles de bon sens.

En fait, quel que soit le temps, il faut prendre en compte que le fait de rouler, c’est entretenir. Je m’explique ! L’utilisation régulière de la voiture la préserve d’une détérioration lente et insidieuse. Lorsque vous roulez, vous mettez en fonctionnement tous les fluides : l’huile moteur, celle de la boîte et du pont, le système de refroidissement et les fluides hydrauliques, notamment pour les freins, et sur certaines voitures, les suspensions. Le fait de rouler régulièrement permet de prévenir la décharge de la batterie, la déformation et le durcissement des pneumatiques. C’est aussi important pour le graissage de l’ensemble des roulements. Vous éviterez aussi la formation de corrosion sur les disques de frein et les tambours et préviendrez le collage des plaquettes ou des garnitures.

Evidemment, l’humidité et le sel sont des ennemis de nos voitures anciennes. Il faut donc être méticuleux et prévoyant. Un nettoyage à l’eau claire est primordial pour les soubassements, passages de roues notamment et plus globalement pour l’ensemble de la voiture. Rouler en hiver, c’est aussi être prévoyant en appliquant des produits de protection qui seront utiles quelle que soit la saison pour protéger contre tous les polluants que l’on ramasse sur la route.

Rouler en hiver c’est avant tout soigner sa liaison au sol, autrement dit bien choisir sa monte pneumatique et s’assurer de son état irréprochable. Les voitures les plus anciennes utilisent des pneus étroits disposant de sculptures marquées qui aideront à rouler dans des contextes pluvieux ou enneigés. Si votre voiture est plus moderne, n’hésitez pas à monter des pneus d’hiver ou « 4 saisons » à tout le moins.

Le vrai ennemi de la voiture ancienne dans les frimas, c’est la buée ! C’est sans doute ce à quoi il faut se préparer le plus sérieusement afin d’éviter des « équipées » scabreuses. Pour éviter cette satanée buée sur nos verres de lunettes en cette période masquée, on bloque le passage de l’air au niveau de l’arête du nez. On « réduit l’humidité au sein de l’habitacle » en fait ! Pour la voiture, il faudra tenter de limiter les passages d’air impromptus… Oui, c’est plus facile à dire, derrière son écran d’ordinateur en écoutant du Miles Davies, que lorsqu’on est sur une route de col ! La deuxième parade théorique, c’est l’apport de chaleur sur le pare-brise. Là encore lorsqu’on est au volant d’une voiture des années 50 ou d’avant-guerre, c’est plutôt du luxe le chauffage. Mais puisque vous êtes un amateur avisé, vous avez bien entendu vérifié que votre système de chauffage, aussi asthmatique soit-il, est complet, bien fixé et sans trous dans les gaines…

Pour ma part, puisqu’on sait que les voitures anciennes sont ni très étanches, ni très chauffées, je préconise le plaid sur les genoux et la peau de chamois à portée de main ! Pour le pare-brise des « modernes » d’avant 1980, évidemment vos essuie-glaces fonctionnent et disposent de caoutchouc neuf, vous avez fait le plein de lave-glace antigel et vous avez même appliqué un produit hydrophobe pour limiter la casse.

La route en hiver a aussi la particularité d’être pourvue d’une visibilité réduite. Il fait sombre le jour en cas de pluie ou de neige et la nuit arrive très vite. Aussi, le bon état de l’éclairage est vital. Ampoules fonctionnant parfaitement, phares réglés (autant que faire se peut !) sont des impératifs. N’oubliez pas que vous n’aurez pas de lumière sans batterie et alternateur en parfait état de fonctionnement, soyez donc vigilant.

Enfin la conduite est une question de feeling. Vous avez lu dans tous les manuels que sur des chaussées glissantes, il faut anticiper les freinages, adopter une conduite souple et pour faire concis : « Y aller molo », à son rythme sans pour autant se crisper sur le volant. En cas de routes enneigées, ne roulez pas dans les traces de ceux qui vous précédent. Au contraire roulez dans la neige fraîche, vous trouverez plus de grip.

On notera enfin que malgré le fait que le chauffage soit exsangue, il faut conduire avec des vêtements souples et légers. Oubliez les peaux de biques et les blousons de pilotes qui vous engoncent. Préférez des vêtements techniques modernes qui vous permettent à la fois d’avoir chaud et surtout de pouvoir réagir. Les vêtements d’époque vous les mettrez une fois arrivé ou pour les concours d’élégance de cet été !

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Visuels : © Jean Claude AMILHAT