Laurent Maitre, voyager en deux-roues avec les Relais Motards

Publié le 04/02/2025

Avec son large réseau d’hébergements adaptés aux besoins du tourisme à moto, les Relais Motards ont su séduire les passionnés depuis plus de 26 ans. Durement impactée par la crise de la COVID-19, l’aventure se serait certainement arrêtée-là sans l’intervention en 2022 de Laurent Maitre, motard et adhérent du réseau. Désormais à la tête de cette belle entreprise, il revient pour nous sur ces deux années de reconstruction et de développement.

motardsRassemblement de passionnés devant le camping morbihannais L’Evasion (56).

D’où vous vient cette passion pour la moto ?

Comme beaucoup, j’ai commencé par le vélo, puis, des copains ont eu des mobylettes, et ensemble, nous avons ensuite récupéré des petites 125 Enduro pour s’amuser en forêt. Un ami a obtenu son permis deux ans avant moi, donc au début, j’étais souvent à l’arrière. Depuis l’âge de 14 ans, j’évolue dans l’univers du deux-roues motorisé.


Quel type de motard êtes-vous ?

Quand j’étais plus jeune, je préférais les Hypersport, mais avec l’âge, je suis devenu plus calme. Ce qui m’intéresse aujourd’hui, c’est d’aller me balader, de profiter, de m’arrêter pour prendre des photos, etc. J’ai une approche bien différente de celle que j’avais à dix-huit ans, d’autant plus que je vis dans une région avec de nombreuses petites routes sinueuses et de magnifiques paysages. Cela ne donne pas vraiment envie de rouler vite. Aujourd’hui, rouler sur des motos de plus de 200cc, je trouve ça délirant. Si j’avais encore vingt ans, je verrais peut-être les choses autrement, mais pour aller vite et prendre des virages serrés, autant aller sur circuit.


Quel a été votre parcours professionnel jusqu’à la reprise du Relais Motard en 2022 ?

J’ai travaillé pendant une dizaine d’années dans l’informatique. Je passais beaucoup de temps sur la route en voiture et j’ai fini par avoir un accident, heureusement sans gravité. Même si je n’ai eu aucune blessure sérieuse, cela a été un déclic pour moi : j’ai réalisé que ce métier ne me convenait plus. Je faisais des centaines de kilomètres, j’accumulais la fatigue, et cela devenait dangereux. Après cette expérience, j’ai décidé de changer complètement de voie et me suis tourné vers l’horticulture et le maraîchage pendant plusieurs années. Avec ma femme, nous avons choisi de nous installer en Charente-Maritime (17), pour être à mi-chemin de nos deux familles.

Par la suite, j’ai travaillé environ dix ans dans la grande distribution, jusqu’à devenir directeur de magasin. Cependant, j’accorde beaucoup d’importance à l’humain et j’ai constaté que dans ce secteur, l’humain cède souvent la place aux chiffres. Nous avons donc décidé, ma femme et moi, de revenir à ce que nous aimons vraiment faire et avons ouvert des chambres d’hôtes en Corrèze (19). L’idée était de pouvoir recevoir des gens chez nous et de partager nos expériences et nos passions.

En tant que motard, il était évident que l’une de nos clientèles principales serait composée de motards. J’ai monté notre projet autour de cette idée et suis devenu Relais Motards en 2019. Puis, en 2020, la pandémie de COVID-19 a frappé. Nous nous sommes retrouvés confinés, sans savoir de quoi le lendemain serait fait. Ce fut une période difficile sur le plan psychologique, même si le secteur du tourisme a reçu un important soutien.

En revanche, le journal qui gérait le réseau Relais Motards a souffert de la crise, voyant le nombre d’adhérents chuter avec l’incertitude des hébergeurs et restaurateurs. En 2022, ils ont finalement décidé de cesser leur activité. En tant qu’adhérent, je ne pouvais pas me résoudre à voir l’aventure s’arrêter, alors j’ai racheté l’entreprise. J’ai officiellement repris le réseau en octobre 2022.

BMW R1200Camping de l’Aix, à Pommiers-en-Forez (42).

Le Relais Motards a été créé en 1998. Pouvez-vous nous présenter son histoire ?

L’histoire débute avec Jean-Pierre Dupré, qui a créé un premier journal Le Monde de la Moto dans les années 70. Cette publication s’est arrêtée dans les années 80, et au début des années 90, un nouveau journal a vu le jour avec pour idée de partager des récits de voyage de motards. Les articles étaient alors écrits par les motards eux-mêmes.

Le journal s’efforçait d’éviter les publicités, mais face aux difficultés de financement, une régie publicitaire a été mise en place avec des hôtels, restaurants et campings accueillant les motards. Ils ont établi une charte, qui reste inchangée aujourd’hui, avec des critères spécifiques pour l’accueil des motards. L’intérêt était de pouvoir inciter les établissements présents dans la régie à parler du journal pour vendre plus d’abonnements.

Cependant, entre 2000 et 2010, l’arrivée des smartphones a fait chuter les ventes de la presse écrite. Les gestionnaires ne comprenaient pas forcément l’intérêt d’internet et se sont arcboutés sur leur modèle sans le faire évoluer. Sur les dernières années, le réseau Relais Motards a quelque peu perdu de son attrait, car il était de moins en moins en phase avec son époque.

Le milieu de la moto est très communautaire, le bouche-à-oreille est encore très puissant. Tout se sait très vite. Donc, quand j’ai repris le réseau, on a eu une première année très compliquée. On a dû faire un gros ménage et supprimer près d’un tiers des établissements.


Quelles étaient vos ambitions pour les Relais Motards, au moment de la reprise en 2022 ?

Quand j’ai repris le réseau, j’ai laissé de côté le journal, car ce n’était pas mon métier et le modèle n’était plus viable. Avec mon expérience dans l’hébergement touristique, j’ai transformé les Relais Motards en un réseau orienté vers le tourisme moto et la découverte des territoires, avec des lieux réellement adaptés aux motards.

Nous avons refait entièrement le site Internet, sans nous limiter à la fonction d’annuaire. Beaucoup de réseaux moto ne sont que des annuaires, mais je souhaitais aller plus loin. Pour qu’un motard se déplace, il faut qu’il y ait des balades à faire dans la région. Nous avons ainsi créé une section « roadtrip », en partenariat avec nos adhérents qui connaissent parfaitement leur région. Lorsqu’un établissement propose une balade, celle-ci est associée à son nom et à ses coordonnées.

Un autre axe de développement est la partie « évènements moto ». Il existe de nombreux rassemblements et bourses aux pièces en France, principalement le week-end. Nous avons ajouté cette information sur notre site Internet, et pour chaque évènement, nous indiquons les Relais Motards dans un rayon de 50 km.


Quel est votre bilan de ces deux premières années d’activité ?

Notre première participation à un salon, le Salon de Lyon 2023, quelques mois après la reprise, s’est très mal passée. Certains anciens motards ne comprenaient pas les changements que j’avais apportés. Les premiers mois ont donc été consacrés à expliquer notre vision aux clients et aux établissements.

Aujourd’hui, après deux ans d’activité, nous avons dépassé ce stade. Nous n’avons plus de remarques ni d’appels nous disant ce que nous devons faire. Nous comptons désormais 520 Relais Motards (ce nombre évolue tous les jours en fonction des départs et arrivées d’adhérents), et nous commençons même à recevoir des demandes à l’étranger. Nous avons la chance d’avoir beaucoup de demandes sans même faire de démarchage.

Notre objectif n’est pas d’élargir le réseau indéfiniment, mais de maintenir un réseau de qualité. Les retours sont d’ailleurs très positifs. En cas de retour négatif, je contacte systématiquement le motard pour en discuter, puis l’établissement concerné.

Notre bilan est positif : après deux ans et pas mal d’investissements, nous atteindrons l’équilibre financier cette année. Mon rôle désormais est de continuer à développer ce projet.


Pourriez-vous nous en dire plus sur cette charte d’accueil des motards et de leur moto ?

Un point crucial pour les motards lorsqu’ils réservent est de savoir où leur moto va passer la nuit. Cela peut sembler évident, mais certains professionnels du tourisme sont surpris en l’apprenant.

Par ailleurs, les établissements doivent afficher le panneau « Relais Motards », rediriger les clients vers d’autres établissements – du réseau si possible – s’ils sont complets, leur proposer de quoi se sécher et entreposer leurs équipements en cas de pluie, et leur fournir des adresses locales de concessions ou de sites touristiques.


Quels sont vos projets futurs avec les Relais Motards ?

Pour participer davantage aux salons et faire grandir les Relais Motards, j’ai besoin de rentrées d’argent. Or, et je sais qu’il y a des seuils de cotisations au-dessus desquels je ne peux pas aller. Nous allons donc chercher des sources de revenus différentes, comme avec de la publicité ou la création d’une boutique.

Il est probable que nous développions une boutique en ligne centrée sur l’univers de la moto. Nous n’essayerons pas de concurrencer des enseignes comme Maxxess ou Dafy Moto, mais plutôt de proposer des articles que l’on ne trouverait pas ailleurs, comme des vêtements techniques. Des produits de petites entreprises pour qui le problème est surtout au niveau de la communication et de la diffusion. Avec les Relais Motards, on a une belle communauté, qui pourrait être un tremplin pour eux.

Le réseau Relais Motards est en continuelle évolution et de nombreux projets sont en cours. L’un d’entre eux est de développer une offre de voyages, en partenariat avec l’agence de voyages Moto Auvergne Plaisir, autour du Saint-Jacques-de-Compostelle.

équipe Relais MotardsLaurent Maitre, entouré de son équipe, de partenaires et d’adhérents, au Salon du 2 Roues 2024.

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Visuels : © Relais Motards