Les nouveautés moto du salon EICMA 2022

Une édition al dente

Après une édition 2021 un peu terne souffrant des effets secondaires liés au confinement de l’année précédente, cette fois le salon de Milan avait mis les petits plats dans les grands, retrouvant faste et paillettes. De quoi redonner un large sourire à toute une communauté d’utilisateurs de deux-roues motorisés, regonflée à bloc pour vite traverser l’hiver avant de s’en aller débrider sur les routes printanières, leur belle, choisie sur les podiums italiens.

Les absents ont toujours tort… Et certaines fois encore plus que d’autres. Si l’édition 2021 du salon de Milan avait été un peu tristounette, coincée dans les difficultés liées à une sortie poussive de la Covid, l’opus 2022 aura tenu toutes ses promesses, nous offrant un salon riche de nouveautés, de public, et de sourires ! Quel plaisir que de parcourir ces travées milanaises encombrées, tant sur les stands par les belles mécaniques que dans les allées où une foule compacte se laissait charmer, portée par un plaisir retrouvé. Une ambiance festive entretenue par de nombreux exposants (1 370 au total, incluant évidemment les équipementiers ou accessoiristes) qui y auront montré le meilleur d’eux-mêmes.

On pourra bien sûr regretter l’absence de BMW et du groupe KTM (KTM/HVA/Gas) qui ont décidé, à la sortie de la pandémie, de ne plus faire de salons, tout comme celle d’Harley Davidson. Mais vu le succès de cette édition (fréquentation du public en hausse de 38% comparée à l’édition précédente), difficile d’imaginer qu’ils ne reviennent pas sur leur décision.

En attendant de retrouver (peut-être) les forces américano-austro-germaniques, concentrons-nous sur celles qui ont joué le jeu, et plus particulièrement sur quelques-uns des modèles qui devraient animer le marché 2023.

Plus qu’un modèle, un moteur !

Eh oui, la vedette n’est pas un modèle mais bien un moteur ! Ou plutôt, une architecture moteur : le bicylindre en ligne.

Un choix gagnant fait par Yamaha il y a quelques années et qui anime désormais chez le constructeur toute une gamme à succès, MT-07 en tête. Une tête que ce roadster maintient constamment sur le podium des meilleures ventes annuelles depuis sa commercialisation en 2014.

Yamaha MT07

Derrière la MT-07, les Yamaha Ténéré 700, XSR 700 et Tracer 7 partagent le même organe, et avec lui un classement bien ancré parmi les 50 meilleures réalisations de l’édition 2022. Une plateforme mécanique commune portée par ce bicylindre de 689 cm³, bénéficiant d’un calage à 270° qui lui confère un caractère fort sympathique, rempli de peps et d’autant de vie.

Si les autres marques ont mis un moment à s’engouffrer sérieusement dans la brèche, une brèche pourtant payante, elle est à l’aube de cette saison 2023, enfin garnie de prétendantes.

Dans le genre « roadsters », catégorie n°1 des immatriculations sur le marché hexagonal, parmi les nouvelles concurrentes à la MT-07, attardons-nous sur deux modèles qui auront compté parmi les vedettes de cette 79^e édition milanaise : la Honda 750 Hornet et la Suzuki GSX-8S.

Honda 750 Hornet

Comme la Yamaha, ces deux rivales japonaises ont fait le choix d’un bicylindre en ligne, calé lui aussi à 270° (si un bicylindre en ligne a pour inconvénient un caractère très lisse, le calage – décalé – à 270° du vilebrequin permet de faire bien plus que rattraper les choses, en offrant un comportement cette fois très pétillant du moteur). Une recette de base analogue donc, mais avec un distinguo majeur, une cylindrée plus importante et surtout des valeurs de puissance et de couple largement supérieures à celles de la Yamaha (73 ch et 6,8 mkg).

Ainsi, la Honda vaut 92 ch pour 7,7 mkg quand la Suzuki revendique 83 ch pour 8 mkg. Si la Suzuki n’a pas encore été essayée, le premier test de la Hornet révèle une moto très aboutie, équilibrée et performante. Et la cible Yamaha clairement identifiée par Honda qui a calqué son prix sur celui de sa rivale (7 800 € pour la Honda et 7 799 € pour la Yamaha) alors même que la Hornet propose un équipement technique et électronique supérieur. Un avantage certain dont ne pourra profiter à priori la Suzuki qui s’affiche à 8 899 €.

Restera alors la vérité du terrain et la politique commerciale de l’importateur français, peut-être obligé d’ajuster les choses pour accompagner ce lancement.

Suzuki GSX 8S

Une plateforme commune

À la manière de Yamaha avec sa MT-07, Hornet et GSX-8S vont également se décliner dès cette année, dans un premier temps dans la peau d’un trail. Chez Honda, ce sera le retour de la Transalp, chez Suzuki l’apparition de la V-Strom 800 DE.

Honda Transalp

Un besoin économique que de mutualiser les coûts en mettant en place une plateforme commune, avec notamment ici, l’utilisation d’une architecture mécanique adaptée à bien des genres de motos.

Utilisée en automobile depuis des décennies, la pratique de la mutualisation des technologies (moteur et partie-cycle) est plus récente à moto, datant d’une dizaine d’années seulement et à mettre au crédit de Honda qui a développé plusieurs lignes de produits sur des bases de 500 et 650 cm³. Yamaha s’y est ensuite mis, renforçant son offre en étendant une plateforme (on parle là, du bloc CP2 qui motorise notamment la MT-07) à davantage de modèles.

Une réalité économique désormais incontournable mais qui est aussi très pertinente, la mutualisation des coûts profitant à tous, constructeurs comme consommateurs, et qui se voient proposer des offres tarifaires attractives, ce qui serait impossible sur la base de développement d’un modèle unique. Aprilia, BMW, Ducati, Kawasaki, KTM, Moto Guzzi, MV Agusta, Triumph... toutes les marques adoptent désormais cette stratégie même sur leurs modèles Premium.

Pas de quoi bouder notre plaisir pour autant, ni brider notre élan au moment d’agripper les commandes, d’ici quelques semaines, de cette promotion 2023 découverte lors de cette très belle édition du salon milanais.

Suzuki V-Strom 800DE