Sarah Lezito : quand la passion deux-roues devient un art

Publié le 19/11/2024

Depuis l’adolescence, Sarah Lezito s’est éprise d’une passion pour la moto, le bitume et l’adrénaline. Cascadeuse mondialement reconnue et suivie par plus de 60 millions de personnes sur les réseaux sociaux, elle a aussi été pendant de nombreuses années, doublure sur certains gros blockbusters Hollywoodiens, d’Avengers à Batman. Plein gaz sur l’incroyable parcours de cette passionnée, devenue championne du monde de stunt.



Sarah Lezito Sarah Lezito, championne du monde d’acrobaties à moto.

Premiers pas & carrière prometteuse

Revenons aux prémices de votre passion pour la moto. Qu’est-ce qui vous a attirée vers le stunt ?

Mes débuts dans le stunt remontent à mes 13 ans. Il faut savoir que petite, j’étais assez « casse-cou » et ma famille n’était pas forcément issue des sports motorisés, loin de là ! Je traînais avec une bande de garçons dans le village avec qui je faisais pas mal de bêtises, on fabriquait des tremplins pour sauter à vélo etc. Mes parents ne voulaient pas du tout entendre parler de moto, alors, à 14 ans, j’ai commencé à rouler avec le quad agricole de mon père. Petit à petit, j’ai regardé des vidéos de stunt, c’est-à-dire faire des acrobaties avec des machines, j’ai vu des spectacles de cette discipline dans ma ville, à Reims, et j’ai commencé à pratiquer. J’ai fini par y prendre goût, puisque c’est devenu mon métier.

Vers mes 15 ans, j’ai acheté une moto (une Yamaha 125 DT) pour gagner en liberté, et c’est immédiatement devenu une véritable passion : je pratiquais tous les jours, sans vraiment d’objectifs derrière, hormis le fait de progresser. C’est comme ça que tout a commencé.


Comment cette passion a été accueillie par votre entourage ?

Au début, je ne vous cache pas que ça n’a pas été accepté (rires) ! Le fait que je veuille une moto a été vraiment dur pour mes parents, même si j’étais un peu plus mûre, que je connaissais déjà des personnes du milieu et que je pratiquais en toute sécurité.

J’ai préféré ne pas leur en parler car le stunt est une discipline qui fait peur, qu’on connaît encore trop peu et qui est souvent associée à la rébellion. Dans la réalité, c’est un sport très technique où on ne roule pas vite. C’est seulement à mes 18 ans que je leur ai avoué, lorsque j’avais déjà des opportunités et que j’ai commencé à vraiment évoluer dans cette pratique.


Quel a été le moment le plus mémorable de votre carrière jusqu’à présent ?

Il y en a eu plusieurs, lors d’étapes indispensables par lesquelles je suis passée pour évoluer. Au début, j’ai été repérée sur les réseaux sociaux pour faire des spectacles et ça m’a beaucoup marquée car je ne m’y attendais pas du tout, vu que je pratiquais uniquement pour m’amuser.

Deux ans plus tard, j’ai reçu un premier appel pour réaliser un film. Au début, j’ai cru que c’était un canular (rires) ! C’est à ce moment-là que je me suis dit que sans le vouloir, je faisais de ma passion mon métier.


Y a-t-il un film qui a particulièrement retenu votre attention ?

Je dirais le premier film où j’ai été doublure : Avengers, l’Ère d’Ultron. C’était assez irréel car lorsque Hollywood m’a appelée, j’étais dans mon village chez mes parents. À cette époque, j’avais à peine 20 ans et je finissais mes études donc il m’a fallu faire un choix. Je suis partie à Londres pour les répétitions et les essais de costumes, pendant un mois. J’ai fait plusieurs allers-retours aux États-Unis pour les essais car la moto du film (une Harley-Davidson LiveWire, le premier modèle de moto électrique de la marque américaine Harley-Davidson, NDLR) n’était pas encore officiellement dévoilée. Le tournage s’est ensuite terminé en Corée du Sud. C’était deux mois de travail très intenses dans un monde qui m’était complètement inconnu !

À la suite de cela, à mon retour en France, j’ai passé une année à énormément m’entraîner à moto et à acquérir un excellent niveau. Cette expérience m’a permis ensuite d’avoir d’autres opportunités : de travailler avec des marques, d’obtenir des sponsors etc. Les années qui ont suivies, j’ai doublé dans d’autres films, notamment en Italie, pour le film Inferno.


Quel est le conseil qui vous a le plus aidé dans votre carrière ?

Alors, il faut dire que les conseils qu’on m’a donnés, je ne les ai pas écoutés ! Par exemple, on m’avait dit que je ne pouvais pas faire de ma passion ma carrière, qu’il était impossible d’en vivre. Finalement, je pense que c’est le meilleur conseil qu’on m’ait donné puisqu’aujourd’hui, les résultats sont là. Le plus important, c’est de suivre son instinct et de s’écouter soi-même.

Défis & Compétitions

Votre passion, c’est l’adrénaline mais aussi repousser vos limites et acquérir une certaine force mentale et physique. Quels sont les plus grands défis que vous avez rencontrés en tant que femme dans le monde du stunt ?

Je dirais que les plus grands défis que j’ai rencontrés ont été lors des compétitions. Dans le sport lui-même, je n’ai jamais réellement rencontré de problèmes car comme souvent j’étais la seule femme, beaucoup de personnes venaient m’aider pour changer mon pneu ou des pièces par exemple.

Pour les compétitions internationales en Pologne ou en République Tchèque, il y a une limitation à 100 participants, venus des quatre coins du monde. La mentalité n’est pas la même, c’est beaucoup plus « perso ». Sincèrement, je n’ai pas du tout aimé les compétitions car elles étaient trop loin des sessions d’entraînement le dimanche tous ensemble et des barbecues conviviaux. Comme j’étais la seule femme, j’ai dû redoubler d’efforts pour faire ma place dans ce milieu très masculin. Le stunt reste une petite famille, qui compte une centaine de pratiquants en France, où l’entraide est vraiment présente.

Sarah Lezito sur sa moto

Quelle a été votre réaction en remportant votre premier titre de championne du monde ?

J’étais trop contente ! La joie de voir qu’enfin, tous ces efforts et le travail fourni finissaient par payer. J’avais aussi envie de montrer ce que je sais faire de mieux, tout en prenant du plaisir et en m’amusant. J’avais terminé 8ᵉ au total sur les 100 participants, ce qui était mon meilleur résultat. Étant la seule femme parmi les concurrents, j’ai donc été sacrée championne du monde.


Comment vous préparez-vous physiquement avant une compétition ?

Depuis mes premiers pas dans le cinéma, je fais beaucoup de sport avant les compétitions : musculation, gymnastique etc. Les films m’ont montré l’importance du physique dans le sport. Quand j’étais jeune, je faisais juste de la moto, il n’y avait pas ce côté sportif. J’ai vraiment vu une grosse différence sur mes entraînements et mon endurance. Maintenant, je peux rouler jusqu’à cinq heures d’affilée. Grâce à ça, il y a aussi beaucoup de figures que j’ai pu ajouter à mon catalogue. Je pratique du sport un jour sur deux, avec le mardi comme jour de jeûne total pour reposer mon corps.


Pourriez-vous décrire une semaine « type » ?

En parallèle du sport la semaine, de mon travail et de mes jours de repos le mardi et le jeudi, le week-end je fais des démonstrations, partout en France et dans le monde. Quand je ne m’entraîne pas, j’en profite pour faire des vidéos stunt et motos, des contenus pour les réseaux sociaux, avec ma compagne Charlotte. En semaine, si la météo et ma forme me le permettent, je vais rouler. Je m’écoute tout le temps et je n’ai pas de planning fixe pour la moto, je suis mes envies, c’est au feeling !

Sarah Lezito et Charlotte ConsortiSarah et Charlotte, un duo complémentaire, lors de leur voyage à la Réunion.

Nouvelle trajectoire personnelle & professionnelle

Vous avez décidé de vous recentrer sur votre vie, sur des voyages et sur des vidéos à destination de vos réseaux sociaux. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?

Cette décision a été prise suite à un accident que j’ai eu lors d’un film et d’une grosse remise en question. Même si j’avais un casque, cet accident a été assez impressionnant, j’ai eu vraiment peur. Il faut savoir que le casque n’est pas toujours de rigueur lors des films et que les conditions de roulage sont très différentes de ce qu’on peut avoir lorsqu’on pratique soi-même.

Finalement, j’ai décidé de me concentrer sur la création de vidéos pour mes réseaux sociaux, avec Charlotte. Ce sont des vidéos où je parle moins, pour les rendre accessibles au monde entier, avec seulement le langage de la moto. Aujourd’hui, on a jusqu’à 8 millions d’abonnés sur certaines pages, nous en sommes très fières ! Créer du contenu sur internet, c’est aussi un métier et cela demande beaucoup de temps de travail.

Comme je le dis souvent : moi, j’avais de l’or dans mes mains avec la moto mais je ne savais pas l’exploiter, tandis que Charlotte a su trouver le bon moyen pour faire vivre cette passion.

C’est aussi une activité beaucoup plus sécurisante car je peux la réaliser chez nous, avec mes motos, nos conditions et nos propres outils de travail. Niveau équipement et sécurité, j’ai toujours un casque, des genouillères et des gants.


Où voyagez-vous pour la création de vos vidéos ?

Tous les hivers, on a décidé de faire une destination différente et d’y rester pendant plusieurs mois. Il y a deux ans, on est allées à La Réunion et on y est restées six mois. On a adoré l’île, on s’y est senties comme à la maison. J’ai même acheté une moto là-bas ! On en a aussi profité pour aider des associations de protection des animaux. L’hiver dernier, on est parties en Thaïlande pendant deux mois et l’hiver prochain, on a prévu d’aller aux États-Unis.


Qu’avez-vous prévu dans votre agenda d’ici ces prochains mois ?

J’ai encore beaucoup de démonstrations sur de nombreux événements, que ce soit voiture, moto ou même mobylette. J’ai hâte d’assister à l’événement mobylette en septembre prochain (Grand prix Meule Bleue, NDLR.) au Mans, car il m’intrigue beaucoup et je vois un réel engouement. Il faut savoir que les mobylettes sont limitées à 60 km/h et n’ont pas le droit de dépasser cette vitesse. Elles doivent donc faire la course telle quelle. J’ai hâte de voir ça !

Sinon, continuer nos vidéos et partir aux États-Unis pour créer du contenu différent, en fonction de ce que ce voyage nous réserve.


Sa figure favorite ? Le stoppie

Mots de la fin

Pour conclure cette interview Sarah, quelle est votre figure préférée à réaliser et pourquoi ?

Ma figure préférée, c’est le stoppie : lorsque vous roulez sur la roue avant. C’est une figure avec laquelle on n’a pas le droit à l’erreur, qui peut faire peur, car il faut aller vite et se lancer. J’ai beau en faire depuis de nombreuses années, c’est une figure dont je ne me lasse pas du tout.


Avez-vous une moto favorite ou un modèle qui vous porte bonheur ?

J’ai quatre fois le même modèle de moto, donc je pense que c’est celle-là que je préfère (rires) ! J’en achète une tous les ans, dont une, comme je le disais, à la Réunion. Mes motos sont des Kawasaki 636 ZX-6R, des sportives. J’ai eu la première en 2012. Je ne sais pas si c’est la meilleure mais je la trouve solide, puissante et avec un excellent rapport solidité/performance. C’est aussi une moto connue dans notre discipline, donc on trouve beaucoup de pièces qui s’adaptent.

En plus, cette année, la marque Kawasaki, m’a nommée ambassadrice de ce modèle, puisqu’elle vient de ressortir en France, après 3/4 ans. J’ai évidemment dit oui ! C’était beaucoup d’émotions.

Découvrez sa chaîne YouTube : https://www.youtube.com/@lezitow

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Visuels : © Sarah Lezito