Le mystère de « La Noire »

En 1936, Ettore Bugatti, attiré par d’autres projets que les voitures (en particulier les trains), laisse les clés de l’usine de Molsheim à son fils Jean. Ce dernier a hérité des talents de son illustre famille, en particulier ceux de son père. Très jeune, il dessine des carrosseries et se passionne pour la mécanique. À 27 ans, il est donc à la tête de la plus illustre marque d’automobiles et va moderniser les œuvres de son père.

Suivant l’adage de son paternel : « rien n’est trop beau, rien n’est trop cher », Jean veut créer la voiture ultime. En s’appuyant sur la Type 57, une voiture « populaire » produite à 800 exemplaires, il imagine alors un modèle plus léger, plus rapide, plus moderne : il conçoit alors l’Aérolithe. La voiture en magnésium ne pouvant être soudée, la carrosserie sera assemblée avec pas moins de 1200 rivets, ce qui lui donnera cette incomparable esthétique, avec sa crête sur le toit.

Avant-gardiste, Jean fait des études sur l’aérodynamisme et le design de son « bébé ». Il dote son coupé d’un moteur V8 de 200cc, lui permettant d’atteindre les 200 km/h. Seules quatre aérolites seront produits, toutes de couleurs différentes. L’histoire est floue sur l’ordre de sortie de l’usine. Ce qui est avéré, c’est que la deuxième était la voiture personnelle de Jean, la fameuse noire. Victor Rothschild achètera, lui, la première.En 1938, les prémices de la guerre se font sentir. L’Allemagne voisine menace. Bien décidés à ne pas abandonner leurs précieux véhicules et à protéger la famille, les Bugatti décident de s’installer à Bordeaux. Dénommée l’Atlantic, « La Noire » de Jean Bugatti est mise sur un train à Molsheim à destination de la Gironde… Et a tout bonnement disparu. On ne la reverra jamais.

Cette disparition est à ce jour l’un des plus grands mystères de l’histoire de l’industrie automobile. Il se dit même que Bugatti aurait embauché des détectives pour la retrouver. Pour rendre hommage à la Type 57 Aérolithe, Bugatti a présenté en 2019 une Chiron prénommée « La Noire ». Il n’existe qu’un seul exemplaire de cette auto. Elle reprend les codes de son illustre aînée, en particulier la crête dorsale jusqu’à la célèbre calandre en fer à cheval. Vendue 13,2 millions d’euros, la légende veut que ce soit Cristiano Ronaldo, le génie du football portugais, qui en ait fait l’acquisition.

Mais alors, où est donc passée « La Noire » ? Le mystère reste encore entier.