Lady Art Car : visite de l'atelier de restauration de véhicules anciens
Publié le 06/04/2022
Découvrez l'antre de Lady Art Car, superbe atelier de restauration automobile qui se démarque par son expertise et sa sensibilité.
La Ferme de Chanteloup à Moissy-Cramayel était autrefois un centre d’entrainement de trotteurs célèbres. Ourasi, vous vous souvenez ? Depuis 2013, on y parle toujours de chevaux mais plus des mêmes. Les écuries sont devenues un superbe atelier de restauration automobile : l’antre de Lady Art Car. Suivez le guide !
Des ateliers de restauration automobile en France, il y en a un peu partout, et pour être honnête, beaucoup se ressemblent. Le parti pris de Lady Art Car est de se démarquer totalement en apportant une expertise et une sensibilité propre. Dès l’entrée du portail on découvre une rangée d’automobiles qui attendent leur tour : Triumph, Mustang, Corvette et Ferrari indiquent que nous sommes à la bonne adresse. On rentre dans un hall magnifiquement décoré et particulièrement chaleureux. On se croirait reçu dans un club anglais.
Céline Paillard et David André se sont rencontrés lors de leurs études d’ébénisterie à l’Ecole Boulle. Partageant la passion des métiers d’arts et des belles automobiles, le couple ne s’est plus quitté. À 19 ans, ils achètent leur première voiture : une Corvette ! Après leurs études, ils passent vingt ans chez Pininfarina France comme modeleurs-maquettistes.
« Nous avons travaillé avec les plus grands designers toutes marques confondues. À partir du sketch papier nous avions la charge de réaliser tout le développement numérique pour toutes les phases : outillage, prototypage rapide, usinage, etc. Nous partions du modelage à l’argile et fabriquions le modèle de A à Z entièrement à la main. Il fallait qu’il soit roulant et fonctionnel. Et lorsqu’il n’y avait pas forcément de travail sur des périodes tampon, nous restaurions déjà des voitures. Il faut savoir que les grands designers sont souvent aussi de grands collectionneurs...» se souvient David.
Forcément avec des références pareilles les méthodes de travail changent du tout au tout par rapport au petit mécano de village. « Je suis parti le premier du bureau Recherche et Développement en 2013, le temps pour moi de monter le projet, puis Céline m’a rejoint peu de temps après. Je voulais monter une vraie entité avec une identité forte ! Je tenais beaucoup à réunir toutes les compétences en interne car il n’était pas question de devenir un gestionnaire de sous-traitants » continue David.
Ils imposent ainsi leur propre méthode : « Nous avons créé un encadrement le plus précis possible et surtout totalement transparent pour le client. Nous avons créé 50 codes de réparation. Cela ne tient plus du métier d’art à proprement parler mais d’une approche « logistique-projet » comme celle que l’on pourrait trouver dans l’industrie. Donc nous avons une trame de travail matérialisée par un descriptif ultra détaillé, poste par poste. Comme ça tout est parfaitement transparent. »
Evidemment, dans ce contexte, pas de mauvaises surprises à l’édition de la facture. « Nous avons investi dans tout le matériel nécessaire pour mener à bien l’ensemble des travaux. Toutes les spécialités sont réunies dans l’atelier : mécanique, tôlerie-formage, carrosserie, préparation volume, peinture et sellerie. ».
Lady Art Car compte 15 personnes à temps plein et à part l’aéro-gommage rien ne leur échappe. Ce qui motive Céline et David au quotidien, c’est la mise en valeur des lignes et le design des voitures qui leur sont confiées. Compte tenu de leur parcours, même s’ils savent répondre à toutes les exigences, c’est celle de l’œil qui fait qu’ils sont perçus différemment ! Et que l’on ne vienne pas leur dire que leur atelier est élitiste… La preuve, cette Renault 4L qui leur est confiée au côté d’une MGB plus belle que neuve et d’une Ferrari 400 qui attendent sagement sur le pont…
La carrosserie se retranscrit par les lignes de lumières comme toute sculpture, comme toute peinture à l’huile. « Tout est retranscrit par les ombres et lumières ; donc on a appris à valoriser la géométrie d’un style pour créer des rondeurs, des facettes, des lignes de quart et des arrêts de lumières… Quand on attaque un véhicule, il faut comprendre à la base ce qu’ont voulu faire les anciens designers et le réinterpréter en restauration. On a créé des outils spécifiques qui permettent d’appréhender les choses de façon pédagogique pour notre clientèle. La peinture d’une voiture ce n’est pas juste un coup de ponceuse et un coup de pistolet ! Les émissions de télé m’énervent pour ça… parce qu’on y parle presque uniquement de mécanique. Et même si nous sommes très fiers de faire la mécanique de A à Z sur les voitures de nos clients, je lutte pour que nous parlions un peu plus de design… Même dans notre émission Vintage Mecanic, c’est « mécanique-mécanique »… Alors je suis très fier lorsque les gens qui viennent me voir, parce qu’ils nous reconnaissent comme des starlettes du secteur, et qu’ils nous parlent de design d’alignement à la ligne de lumières, des tunnels led, enfin toutes ces phases de décomposition lumières qu’on a créées et qui sont extrêmement pédagogiques pour le client. Ça marche hyper bien et le retour est très positif. Les couleurs et les matières, le design c’est vraiment ancré chez nous et ça plait énormément, ce qui nous rend évidemment très fiers. C’est un élément différent par rapport à la concurrence et qui est lié à des compétences acquises lors de notre parcours. Nous aimons re-sublimer ces voitures de style qui sont des voitures très atypiques et disposant d’une signature stylistique très forte. Il faut savoir le réinterpréter correctement, sinon c’est ni plus ni moins une voiture qui brille… Et ça peut vite ressembler à une Burrago à l’échelle 1 ! »
Chez Lady Art Car, une zone de l’atelier est réservée au démontage et remontage des voitures : c’est la zone propre. Lors de notre visite beaucoup de voitures très différentes s’y retrouvent : Facel Vega Opel GT, VW Kharman, Porsche 911 et Renault Caravelle se côtoient. « Nous proposons trois niveaux de restauration : Access, Premium et Excellence, de façon à nous adapter à la clientèle et au degré d’exigence demandé. Toutes les voitures qui sortent d’ici ne sont pas forcément état concours. Mais je voulais pouvoir répondre aux collectionneurs de tout type de voitures et pas exclusivement des modèles précieux et rares », conclut David.
La visite se termine par l’un des chantiers les plus incroyables qui soit. La restauration d’une des toutes premières Porsche 911. Presque voiture de présérie, chaque panneau de tôle est unique et la reconstruction est un véritable mixe entre l’archéologie et la tôlerie portées au rang de métier d’art. C’est beau, c’est extraordinairement compliqué et cher mais cette voiture ressortira de ces ateliers dans un état neuf et parfaitement respectueux de ce qu’elle était lorsqu’elle est sortie de chez Porsche en 1964.