10 questions à Ludovic Lazareth
Publié le 15/06/2023• Par Thierry Traccan
À l’occasion du Salon du 2-roues de Lyon en mars dernier, nous sommes allés à la rencontre de Ludovic Lazareth. Il revient pour nous sur son entreprise et son dernier modèle phare, une impressionnante moto volante, d’ores et déjà homologuée pour la route.
- Le public vous connaît pour votre travail des 2-roues, mais vous n’avez pas fait que ça ?
- Aujourd’hui, combien êtes-vous chez Lazareth ?
- Vous arrive-t-il encore d’avoir le temps de travailler dans votre atelier ?
- Comment se répartissent les tâches dans le processus de création d’un nouveau modèle ?
- Comment est né le projet de la moto volante, la LMV 496 ?
- Quelle était votre source de motivation pour vous lancer dans un projet aussi fou ?
- La LMV 496 est-elle homologuée ?
- Avez-vous déjà eu envie de travailler sur des véhicules de collection ?
- L’accueil mitigé de la LiveWire d'Harley-Davidson ne vous a-t-il pas refroidi ?
- Vos machines sont comme des œuvres d’art, envisagez-vous de créer un musée Lazareth ?
Le grand public vous connaît principalement pour votre travail des deux-roues, mais vous n’avez pourtant pas fait que ça ?
Tout a commencé par l’auto, la moto ne m’a intéressé que plus tard, quand j’avais 25 ans. J’ai ensuite construit un quad, avec un moteur de 750 GSX R. Ça n’existait pas encore ce genre de quad routier avec un moteur puissant. Quatre ont été vendus à Dubaï, avec des moteurs de R1, et là j'ai commencé à imaginer pouvoir les faire en France, c’est la première machine homologuée en 2004, sortie de mes ateliers.
Aujourd’hui, combien êtes-vous chez Lazareth ?
Nous sommes cinq, l’équipe est montée jusqu'à dix, mais les charges étaient trop importantes. À cinq, on fait forcément moins de volume, mais on a gagné en passion ce que nous avions perdu quand nous étions plus nombreux, il fallait faire de la rentabilité.
Malgré cette réduction d’effectifs, vous arrive-t-il encore d’avoir le temps de travailler dans votre atelier ?
Bien sûr, la majeure partie du temps d’ailleurs. Peut-être 80% à l’atelier et 20% derrière un bureau. La facturation, les salons, le commercial, les rendez-vous clients et autres me prennent du temps, mais je suis toujours à l’atelier, c’est ce qui me fait vivre. Faire du papier, ça ne m’intéresse pas.
Comment se répartissent les tâches dans le processus de création d’un nouveau modèle ?
Mon équipe est constituée d’un chaudronnier qui fait tous types de soudures, du pliage et du façonnage, d'un électricien/mécanicien, d'un dessinateur bureau d’études, d'un peintre, et de moi, qui fais le modelage. En carrosserie, je ne travaille pas sur ordinateur, tout est modélisé directement sur la machine au fil de fer, à l’ancienne, avec les moteurs, les roues et autres.
En décembre dernier, vous présentiez aux médias votre dernier modèle, la LMV 496, une moto volante. Comment est né ce projet un peu fou ?
En 2016, j’ai greffé un moteur de Maserati GranTurismo 4,7 L sur une moto à quatre roues pendulaires et la presse s’en est emparée. Un moteur italien c’est déjà beau, mais sur une moto, cela se voit ! Du coup, nous l’avons homologuée, nous en avons construit et vendu sept. Puis un matin, j'ai imaginé que les quatre roues pouvaient s’écarter comme sur un drone, via une cinématique particulière. C’est pour cela que la moto volante a un faux moteur tout en carbone et en polyester. Elle a le look du moteur Maserati pour garder la silhouette de la moto initiale.
La LMV 496, reprenant les traits de la 847, déploie ses roues pour se transformer... en moto volante !
Quelle était votre source de motivation pour vous lancer dans un projet aussi fou ?
C’était surtout de la R&D. J’ai eu l’idée et l’envie de la construire, mais n’avais pas pour projet de la répliquer et de la vendre. La mobilité du futur ? Peut-être que dans 30 ans, il y aura partout des véhicules qui voleront. On ne peut pas savoir. Tout le monde annonce faire des motos volantes, mais ça n’est pas vrai. Ce sont toujours des hélicoptères ou des avions dissimulés. Ça reste super et je suis admiratif de ce qu’ils font, mais la nôtre est une vraie moto volante. Elle peut avoir l’appellation « moto » car elle roule sur la route. Puis on la pose à un endroit, elle s’articule et elle peut voler.
La LMV 496 est-elle homologuée ?
Oui, elle est immatriculée et homologuée sur la route en électrique, mais pas pour pouvoir voler en revanche, c’est trop compliqué et trop cher.
Avez-vous déjà eu envie de travailler sur des véhicules de collection ?
Justement, on vient juste de créer une petite moto 125 hybride, avec un look des années 30, style moto « entretube ». Je ne crois pas au tout électrique, mais bien plus à l’hybride. L’utilisation de l’électrique est parfait pour la ville, en termes de pollution et d’autonomie notamment. Dès lors que l’on passe un périphérique ou que l’on arrive sur une autoroute, on bascule sur le thermique, c’est comme cela que j’imagine la mobilité actuelle et future.
La LM 250 F, inspirée d'une icône des années 1950, la Maserati 250 F, transformée en un 3-roues plus léger et maniable.
L’accueil mitigé de la LiveWire d'Harley-Davidson ne vous a-t-il pas refroidi ?
À mon avis, c’est une hérésie de faire une Harley électrique. Les gens achètent un bruit et une vibration. Je suis amoureux de tout ce qui est moteur thermique, et ne peux me satisfaire d'un bruit électrique, même si cela accélère plus vite.
Vous présentez vous-même vos machines comme des œuvres d’art. Avez-vous déjà envisagé de créer un musée Lazareth ?
Il y en a quelques-unes que je conserve, mais je ne peux pas les garder bien longtemps car c’est de l’immobilisation et de la trésorerie que je n’ai pas. Il y a certaines créations que je peux garder ponctuellement ou que j’ai faites pour moi, que je pourrais exposer, mais je n’en ai pas tant que ça. Mon vrai musée, ce sont les clients et leurs collections.
La LM847, un monstre de 470 chevaux à 4 roues, propulsé par un V8 4,7 l de chez Maserati.
Obtenir mon Tarif d'assurance MotoLire aussi : Ludovic Lazareth, sculpteur animé
Visuels : © Ludovic Lazareth