Side-car, une passion sur trois roues

Publié le 15/10/2024 Par Thierry Traccan

Ils sont plusieurs milliers en France à avoir opté pour le side-car, cet engin aussi attachant qu’atypique. Trois roues, une moto attelée à un panier, pas de prises d’angles mais un pilotage façonné à coup de contre-braquages, et la possibilité d’emmener sa petite famille en vadrouille, le tout accompagné du regard curieux et bienveillant de ceux qui les croisent.

Un engin atypique et attachant

« Tous les chemins peuvent mener au side-car ». Voilà ce qui revient généralement quand on questionne les pratiquants sur ce qui les a conduits à grimper, un jour, sur cet engin pour le moins atypique. Beaucoup de chemins pour finalement une arrivée qui fait sens selon leur retour d’expérience, déjà parce qu’une fois installés aux commandes, leur chemin continue, s’élargit même, se multiplie, soulevant à chaque tour de ces trois-roues, une bonne dose de plaisir, et même de bonheur.

Car oui, le side-car a la cote. Pas tant au niveau du volume des ventes puisque comparé au marché du deux-roues motorisé, le nombre de side-cars qui s’écoule en France chaque année reste très marginal. Quelques grosses centaines d’unités de véhicules neufs, dont beaucoup – dans un style rustico/rétro – portent la nationalité russe ou chinoise, les plus modernes et technologiques étant l’oeuvre de petites structures bien rodées (françaises notamment) mais se limitant à produire et livrer quelques dizaines de modèles chaque année. La cote que nous évoquons, c’est d’abord celle de sympathie quand on vient à se frotter, ne serait-ce que visuellement, à un engin finalement assez rare sur nos routes. Une rencontre insolite qui éveille à minima la curiosité du public, touché par une esthétique souvent détonante, sensible à l’équipage qui s’y loge, avec des regards qui se fixent immanquablement sur celui ou ceux qui auront pris place dans le panier.

side-cars Yamaha et SuzukiSportives, trails, roadsters, les paniers s’accrochent à bien des styles de motos.

Le side-car, un investissement durable

Il est une autre cote que le side-car tient avec force, celle de sa valeur qu’elle étire d’une façon constante dans le temps. Une bonne nouvelle pour un matériel dont le prix d’achat reste élevé (matériel chinois), voire très élevé (modèles réalisés sur commande), comme nous l’explique Corinne Salliot, Présidente de l’association du Side-car club Français : « Chaque side-car est unique, il n’y en a pas un pareil si ce n’est les marques chinoises, ou les Oural. Tout dépend de la moto choisie déjà, puis du panier, sa taille, les choix de couleurs, de finitions etc. Le tarif d’un panier neuf coûte entre 20 000 et 30 000 €, soit avec la moto un bel ensemble qui frise les 45 000 €. Mais ce sont des véhicules superbes, que l’on garde, et des véhicules qui conservent leur valeur. Personnellement, je roule avec un side-car attelé à une Suzuki 1250 Bandit S qui affiche 80 000 kilomètres. Même aujourd’hui, avec ces kilomètres, je pourrais le revendre le prix que je l’ai acheté. »

Une tenue dans le temps qui s’explique par la faible production de side-cars qui sont l’oeuvre de petites sociétés hautement qualifiées capables de ne sortir chaque année qu’une petite vingtaine de modèles (les carnets de commandes des six ou sept entreprises françaises spécialisées dans la conception de side-cars affichent des carnets de commande à trois ans). Peu de véhicules sur le marché, et donc une bonne tenue du marché de l’occasion. On peut donc effectivement parler d’un bon investissement, à condition d’avoir la mise de départ nécessaire. Heureusement, pour goûter à la discipline, les marques chinoises offrent une alternative intéressante, même si leurs performances ne peuvent offrir les capacités, prestations, performances, des modèles de haute couture évoquées par Corinne.

Harry Payne & Kevin Rousseau, ici en action au SachsenringLa compétition offre un spectacle absolument saisissant.

Une passion par transmission

Mais d’abord Madame la Présidente, comment vient-on au side-car ? « Pour plusieurs raisons. La première, c’est le lien de transmission. Les parents font du side-car, et du coup les enfants pratiquent à leur tour, ou en tout cas rêvent de pratiquer parce qu’il faut des moyens pour s’acheter son side. Personnellement, personne dans ma famille n’en faisait, pas plus que de moto. J’y suis venue parce que j’avais des enfants en bas âge, et puis parce que j’en avais assez de tomber à l’arrêt à moto… J’ai cherché une solution alternative pour ne plus rester à la maison le dimanche quand je voyais mon mari partir en balade. Il y a une autre raison aussi, le handicap qui ne permet plus de rouler à moto. Un side-car peut être adapté pour permettre à des personnes de continuer de rouler. Nous avons des paraplégiques, même des tétraplégiques qui font du side, avec des engins adaptés. C’est vrai, tous les chemins peuvent mener au side-car… ».

Pour prendre les commandes d’un side-car, vous devrez être en possession d’un permis moto. Une fois le précieux sésame en poche, à vous l’univers du trois-roues ! L’univers, mais pas le décor… Surtout, ne pas rentrer dedans ! Et pour rester tout en maîtrise et assimiler les subtilités du pilotage de l’engin, on ne peut que vous conseiller de suivre au moins un stage de pilotage spécifique : « Dans notre association, on encourage plus que fortement les nouveaux acquéreurs à aller faire un stage de prise en mains de deux jours, parce que c’est complètement différent du pilotage moto. La spécificité c’est qu’on ne penche pas, on vire à plat, avec la force centrifuge qui nous pousse vers l’extérieur, en fonction de la vitesse, de la qualité de la route, du chargement… Un nid de poule peut te faire complétement dévier de ta trajectoire. Il faut rester très attentif, encore plus qu’à moto, alors que paradoxalement l’équilibre est toujours tenu. Mais les réactions sont souvent imprévisibles. Un side-car reste très sensible aux mouvements de terrains. Idem pour le freinage, parfois seulement actif sur la moto, ou couplé avec le panier. Piloter un side-car oblige à une vraie notion d’apprentissage qui s’acquiert dans le temps », continue Corinne. Et pour y aider, le partage qui existe entre les membres d’une association y contribue le plus souvent.

NSC side-carsLes unités de petites séries jouent la carte de la personnalisation haut de gamme.

Une communauté de partage et de camaraderie

Plusieurs associations existent en France, à l’image de l’Amicale Sidecariste de France ou le Side-car club Français présidée par notre interlocutrice : « nous comptons 160 adhérents, un pur milieu de passionnés où nous organisons des rassemblements, des balades, où l’on part à la découverte de nos régions. Sur les gros rassemblements d’été, nous sommes entre 100 et 150 side-cars, pour un total de parfois 400 personnes sur site. Le monde du side-car c’est une deuxième famille, on s’entraide pour vivre notre passion, mais aussi dans notre vie personnelle. C’est une vraie famille. Une vraie famille qui côtoie celle de la moto, et le plus souvent fusionne avec : « avant d’être side-cariste on est déjà motard. 80% des side-caristes font aussi de la moto. Et comme sur les deux-roues, on retrouve tous les styles dans notre communauté. Ceux qui aiment les sportives et attèlent leur panier à une BMW S1000 R ou une Suzuki Hayabusa, d’autres qui optent pour un genre plus aventureux avec une BMW GS par exemple, ou du GT avec une Honda GoldWing, ou encore un genre plus tranquille, tout se fait en fonction de ses goûts, mais à la condition impérative que le constructeur moto ait préalablement accepté que son modèle soit attelé à un panier », poursuit Corinne.

Des règles, des coûts (pas plus élevés si on parle de l’entretien que ceux d’une moto), mais une liberté et un plaisir à part. Total surtout à écouter ceux qui se sont laissés faire, à l’image de notre Présidente : « Personnellement, je ne me fais plaisir qu’avec mon side-car. On roule en famille, on rejoint les copains. Sur la route, les gens s’écartent souvent pour nous faciliter le passage, il y a une bienveillance, et on bénéficie toujours de cet effet « wahou ». Qui n’a jamais essayé un side-car ne peut pas comprendre… alors justement, j’invite à essayer, parce que l’essayer c’est l’adopter ! Mais attention, il faut essayer des deux côtés, pilote et passager, c’est important de vivre la sensation du passager pour mesurer la responsabilité qui incombe au pilote. Le side, c’est extra ! Et puis, quand tu vas chercher tes enfants à l’école, que tu vois les étoiles briller dans leurs yeux, ça, ça n’a pas de prix. »

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