Ventes aux enchères de voitures de collection : principaux acteurs et état du marché
Publié le 02/08/2023
Les ventes aux enchères sont un canal essentiel du marché de l’automobile de collection. Le secteur reste très actif, malgré une conjoncture économique difficile. Gros plan sur les principaux acteurs du secteur dans l’Hexagone et sur les tendances actuelles : voitures les plus prisées, enchères records, concurrence des ventes en ligne... AXA Passion vous dit tout.
Les principaux acteurs du marché des véhicules de collection en France
Pour tout ce qui touche au marché des véhicules de collection en France, les grandes maisons de vente parisiennes n’ont pas leur pareil. Artcurial, Osenat et Aguttes se placent ainsi loin devant leurs concurrents français. Ces trois « têtes d’affiche » se disputent le marché dans l’Hexagone avec les grandes maisons anglaises, Bonhams et RM Sotheby’s notamment. En 2020, Artcurial, RM Sotheby’s et Bonhams réalisaient 88 % du montant cumulé des ventes de véhicules de collection en France (étude CVV*).
Artcurial
Côté Artcurial, l’étude Poulain-Le Fur a rejoint l’écurie. Mais à part le nom, rien n’a vraiment changé : la maison reste la référence en matière de ventes d’anciennes.
En 2020, Artcurial restait le leader incontesté du marché, réalisant à lui seul 42 % du montant total des ventes en France, sur un marché qui était évalué à environ 80 millions d’euros en 2020 (chiffres du Conseil des Ventes Volontaires / CVV). Aujourd’hui, Me Hervé Poulain garde le marteau en main, mais c’est Matthieu Lamoure et son équipe qui font tourner le département Motorcars.
Sa vente annuelle au salon Rétromobile est devenue la plus importante d’Europe, avec environ 3 000 acheteurs potentiels en salle. Celle qu’elle organise en marge du Mans Classic (bisannuelle) est un incontournable pour les amateurs de voitures de course. Deux autres rendez-vous s’ajoutent à ce calendrier : un évènement annuel sur les Champs-Élysées et un autre bisannuel à Monaco.
Le département Motorcars compte 4 personnes et fait intervenir plusieurs consultants. D’après son directeur, il a réalisé en 2022 une « très bonne année », avec un chiffre d’affaires de 60 millions d’euros, en légère progression par rapport à l’année précédente.
Osenat
Créé en 1977 par Jean-Pierre Osenat, le département Automobiles de Collection d’Osenat organise quant à lui 6 à 10 ventes par an et constitue l’un des fers de lance de l’étude. La maison de Fontainebleau s’est spécialisée en particulier dans les voitures atypiques et d’avant-guerre.
Pilier de ce département, Stéphane Pavot est un « vieux de la vieille », si l’on peut dire. Collectionneur et président du Syndicat des Commissaires-priseurs (SYMEV), il dispose d’un important réseau dans le monde du véhicule de collection : clubs automobiles, historiens... Il vient de s’adjoindre les talents de Baptiste Nicolosi, un jeune érudit des voitures les plus anciennes.
Osenat organise chaque année une vente au salon Epoq’Auto de Lyon, généralement en novembre.
Le commissaire-priseur Maître Osenat.
Aguttes
Aguttes a été fondée à Clermont Ferrand en 1974. Créé il y a 10 ans, son département Automobiles de Collection (Aguttes on Wheels) est constitué d’une équipe de 6 personnes placée sous la houlette de Gautier Rossignol.
La maison revendique le meilleur taux de vente sur le secteur automobile et un positionnement à la 2ᵉ place des opérateurs des ventes volontaires sur le marché français, avec une prédilection pour les voitures de course et les sportives.
D’après les chiffres fournis sur son site par l’étude Aguttes, ses résultats ont progressé de manière significative : plus de 20 millions d’euros en 2022, soit une augmentation de 50 % par rapport à l’année précédente.
Aguttes on Wheels organise 5 ventes aux enchères de voitures de collection par an, dont 3 à Paris, à l’Espace Champerret. Elle a orchestré des ventes exceptionnelles en marge d’évènements comme le Tour Auto et l’Aventure Peugeot Citroën DS. Depuis 2016, 21 collections sont passées entre ses mains.
Grâce à sa stratégie marketing et communication, l’étude réunit à chaque vente près de 1500 acheteurs (source : Connaissance des arts). Elle s’est notamment spécialisée dans les ventes de youngtimers.
RM Sotheby’s
RM Sotheby’s dispose depuis 2022 d’un département français spécifiquement dédié aux automobiles de collection, dirigé par Benjamin Arnaud, un ancien d’Aguttes et Artcurial. La maison organise déjà depuis une dizaine d’années une vente annuelle en parallèle du salon Rétromobile et vient également d’organiser une vente exceptionnelle le 9 juin, lors des 24 Heures du Mans.
RM Sotheby’s propose aussi les « sealed auctions », des enchères à l’aveugle.
Les enchérisseurs connaissent uniquement leur rang lors de l’enchère, mais ignorent les prix proposés par les autres, ainsi que le prix final de la voiture (sauf s’ils remportent l’enchère). Ces ventes sont organisées hors calendrier et consacrées à un seul modèle d’exception.
Bonhams
Bonhams propose des ventes aux enchères de voitures de collection à vocation plutôt haut de gamme en France, notamment lors de leur évènement annuel « Les Grandes Marques du monde à Paris ». Celui-ci a été organisé en février 2023 au Grand Palais Éphémère.
La maison a racheté récemment le site d’enchères en ligne de voitures de collection The Market.
Vente Bonhams au Grand Palais de Paris en 2020.
L’état du marché de vente aux enchères de voitures de collection
Tendances, véhicules plus ou moins prisés, prix… Voici un état des lieux du marché des ventes aux enchères des voitures anciennes.
Voitures de collection : un marché très disputé
Quelles que soient les maisons de vente, les collaborateurs ont comme principale mission d’être sur le terrain. « Ce qui compte c’est la relation que nous entretenons avec nos clients. C’est un travail de longue haleine sur un marché très disputé », indique Matthieu Lamoure (Artcurial).
Ce qui est le plus compliqué pour ces hommes et femmes de terrain, c’est de trouver un accord sur le bon prix avec le vendeur. L’expérience et la renommée sont des facteurs essentiels. « Si une vedette, comme cela a été le cas avec Johnny Hallyday, nous confie ses motos ou ses automobiles, elle sera forcément prescriptrice. Cela rassure des vendeurs qui hésiteront moins à nous confier leurs véhicules », poursuit le directeur d’Artcurial Motors.
Il faut noter que ces grandes ventes de véhicules de collection nécessitent donc un long travail de préparation. C’est pourquoi seulement deux ou trois ventes sont conclues par an. Pour les meilleures d’entre elles, 70 % à 100 % des voitures se vendent. « Pour les ventes de collections où tous les modèles trouvent preneur, ce sont généralement celles dans lesquelles le vendeur n’impose pas de prix de réserve et nous fait confiance », indique Stéphane Pavot, directeur du département automobiles de collection Osenat.
Vente Bonhams à Paris en 2020. Au 1er plan : 1955 Alfa Romeo 1900C SZ Coupé.
Quels sont les véhicules de collection les plus prisés ?
Il existe différentes catégories de voitures anciennes, certaines plus prisées que d’autres. Selon Artcurial, les voitures des années 1940 à 1980 représentent environ 45 % des véhicules vendus aux enchères, tandis que près d’un tiers du marché est dévolu aux voitures d’avant-guerre. Les youngtimers, elles, représentent environ 25 % des ventes. Elles font partie des modèles qui vont prendre de la valeur.
Matthieu Lamoure note néanmoins un ralentissement des ventes de voitures d’avant-guerre, « de l’ordre de 20 à 30 % ». Une raison pourrait, selon lui, expliquer ce relatif désamour : « Se lancer dans l’achat de ce type de véhicules demande une certaine culture. Il est compliqué aujourd’hui d’essayer une voiture d’avant-guerre afin de se rendre compte de ce que c’est réellement ».
Une situation que le directeur d’Artcurial Motorcars déplore : « Cette partie du marché de l’automobile souffre d’un entre-soi qui, à terme, condamne ces véhicules de collection. C’est dommage », regrette-t-il.
Vente aux enchères Osenat.
Quels prix de vente pour les véhicules de collection ?
Selon une étude publiée par le Conseil des Ventes en février 2020, le prix de vente moyen des véhicules de collection par les maisons Artcurial, Bonhams et RM Sotheby’s, lors des enchères volontaires, était compris entre 184 000 € et 263 000 €. Toujours d’après le CVV*, une grande partie des véhicules (45 %) ont été adjugés à un prix supérieur à 25 000 € (hors frais) en 2020.
Si certains véhicules de collection dépassent le million aux enchères, leur nombre reste très faible : ils représentaient moins de 2 % du nombre de véhicules vendus en 2020 (chiffres CVV).
En 2022, une Porsche 907 ex-usine de 1968 et une Ferrari F50 de 1996 ont été adjugées respectivement à 4,4 millions d’euros et 4,2 millions d’euros par Artcurial lors de Rétromobile. Une Ferrari 288 GTO de 1985 a aussi trouvé preneur à 3,4 millions d’euros sous le marteau de RM Sotheby’s.
Mais rassurez-vous, de nombreux modèles restent beaucoup plus abordables, en particulier parmi les youngtimers ou certains modèles d’avant-guerre moins recherchés.
Vente aux enchères Osenat.
Les nouveaux canaux utilisés pour la vente aux enchères de véhicules de collection
La majorité des échanges de véhicules s’effectuent via les petites annonces, publiées dans la presse, notamment dans La Vie de l’Auto, qui reste une référence depuis 50 ans, ou sur les sites spécialisés.
Matthieu Lamoure (Artcurial) constate que « contrairement aux ventes d’arts et d’autres types d’objets de collection, le marché passe aujourd’hui beaucoup par les petites annonces. » Il ajoute, avec une pointe d’ironie : « Les propriétaires de voitures imaginent sans doute qu’ils sont les mieux placés pour vendre leur véhicule de collection. Tentés de vendre leur voiture grâce aux petites annonces, ils viennent souvent nous voir après une déconvenue. »
Dans les coulisses des ventes aux enchères de véhicules de collection, le nerf de la guerre reste la recherche de voitures à vendre. Autrement dit, comme dans l’immobilier : le sourcing ! Pour une maison comme l’étude Osenat : « Nous avons environ 10 000 à 12 000 adresses postales dans notre listing, mais notre fichier d’e-mailing compte plutôt 40 000 contacts qualifiés », confie Stéphane Pavot. « La principale source de recrutement est la présence sur le terrain, la demande active de vendeurs et aussi les notaires qui, dans le cadre de successions, font appel à notre expertise. » Artcurial avance de son côté le chiffre de 25 000 contacts dans son fichier clients, en France et à l’étranger, où résident la majorité des acquéreurs.
La facilité d’utilisation d’un site comme Leboncoin a fait son succès et de nombreux propriétaires de voitures anciennes ont très vite été séduits par ce canal pour les échanges. Il reste néanmoins primordial de faire appel à un expert en véhicules de collection pour obtenir des précieux conseils avant l’achat.
À l’image de ce leader, plusieurs sites se sont spécialisés et tentent de s’imposer sur ce marché de l’annonce en ligne réservé aux véhicules de collection. Néanmoins, leur part de marché reste anecdotique, tout comme les sites de vente en ligne. « Les sites de vente comme Catawiki ont un défaut majeur. On ne peut pas réellement voir ce qu’on achète. Dans le domaine de la collection, les acheteurs veulent voir de près, toucher ou même essayer les voitures ! », affirme Matthieu Lamoure d’Artcurial.
Même tonalité du côté de Stéphane Pavot (Osenat) qui ajoute : « Il est très facile de casser une vente effectuée via ces sites. Ceux qui l’ont vécu représentaient 60 % de nos acheteurs en 2022 », affirme ainsi Matthieu Lamoure.
*Le Conseil des Ventes Volontaires de meubles aux enchères publiques, plus couramment dénommé « Conseil des ventes » (CVV), est l’autorité de régulation du marché des ventes aux enchères
À savoir sur les ventes aux enchères de véhicules de collection
Des recours limités après achat
Les véhicules présentés aux enchères ont généralement passé un contrôle technique et certains sont soumis à une expertise. La qualification et l’expertise des maisons de vente ont permis à nombre de collectionneurs de trouver leur bonheur.
Il faut néanmoins rappeler qu’acheter aux enchères peut parfois présenter certains risques par rapport à un achat traditionnel. En effet, l’acheteur est censé juger de l’état de la voiture lors de son exposition, avant le début des enchères. Or il n’est pas toujours possible d’en démarrer le moteur. À surveiller en priorité : les traces de corrosion ou la rouille sur la carrosserie. Il n’y a pas de recours possible après achat, sauf à trouver un vice caché majeur, ou en cas de description non conforme, par exemple.
Les maisons de vente ne sont responsables que de la description du véhicule sur le catalogue (ou dans les publicités) de la vente et elles ont l’obligation d’indiquer la provenance de l’objet vendu. Elles ont le mérite de garantir l’anonymat du vendeur et de se porter garantes du paiement par l’acheteur.
Commissions et prix de réserve
Selon les informations publiées par le Conseil des Ventes Volontaires (CVV), la commission moyenne prélevée par les commissaires-priseurs sur les ventes volontaires de voitures anciennes est d’environ 15 % hors taxes du prix d’adjudication. Le vendeur d’une voiture ancienne peut exiger que son bien ne soit pas vendu en-dessous d’un certain prix. Ce prix de réserve ne peut être supérieur à l’estimation basse du bien. Il doit faire l’objet d’un accord écrit entre le vendeur et la maison de ventes.
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