Bagnaia/Quartararo : une rivalité de longue date en compétition moto

La montée en puissance des deux rookies en compétition moto

Un Francesco Bagnaia discret pour sa troisième saison de Grands Prix, alors que l’arrivée de Fabio Quartararo a été spectaculaire, avec un podium dès sa deuxième course. Pourtant, l’année suivante, Francesco Bagnaia émerge parmi l’armada de jeunes loups italiens. Il sauve sa place en Grands Prix avec deux victoires et une quatrième position finale, quand Fabio Quartararo prend l’eau chez Leopard Racing pour sa deuxième saison en Moto3.

Les deux pilotes moto GP passent ensuite en Moto2 en 2017, où Bagnaia montera encore en puissance jusqu’à décrocher le titre en 2018. Pour Quartararo, ce sont encore des coups d’éclat, avec une victoire à point nommé sur le circuit de Barcelone lors de sa seconde saison, suivie d’un podium à Assen, qu’il partagera avec... Bagnaia. Si l’accession de ce dernier en MotoGP est logique, puisqu’il arrive en champion avec 8 victoires dans son escarcelle, celle de Quartararo, dixième du championnat avec une éclaircie de deux podiums, parait plus hasardeuse.

C’est pourtant le français qui explosera en catégorie reine des courses moto sur circuit, avec d’abord un record de précocité pour sa pole position acquise à Jerez. Sa lutte avec Marc Marquez et ses sept podiums en compétition moto mettront ensuite rapidement « El Diablo » sous le feu des projecteurs. Cinquième pour sa première saison et logiquement couronné « rookie de l’année », Quartararo relègue loin derrière son adversaire italien. Celui-ci termine seulement 15ᵉ du championnat avec une quatrième place sur « son » circuit de Misano comme meilleur résultat.

Mais Bagnaia est un pilote qui monte en puissance, comme il l’avait fait en Moto3, où il avait connu une première saison « blanche » (zéro point), quand Quartararo avait réalisé un podium dès son second Grand Prix, en Argentine. L’un dévoile son talent de manière spectaculaire, l’autre l’exploite discrètement.

Une adversité abondante et agressive

Leur deuxième saison sera diamétralement opposée : quand le français aligne trois victoires et entre ainsi dans l’histoire nationale de son sport, l’Italien chute, se blesse et se contente donc d’un seul podium a Misano en 2020, comme avant d’exploser en Moto3. Les chutes sont légion dans les compétitions moto, du fait de la vitesse des pilotes moto GP et de leurs machines surpuissantes. Heureusement, la plupart sont sans gravité et compensées par de bonnes assurances moto.

Après son accident, l’italien est en ballotage avec Johann Zarco pour prendre la place laissée vacante par Andrea Dovizioso dans le team officiel Ducati. La décision de l’habiller en rouge ne s’est pas faite sans certains doutes.

En 2021, voilà Quartararo et Bagnaia propulsés pilotes moto GP officiels : le premier chez Yamaha en toute logique, le second chez Ducati, in extremis. Ainsi adoubés, les deux pilotes vont se révéler, malgré une adversité abondante et agressive. Encore une fois, Fabio Quartararo va très vite s’imposer en compétition moto, signant 4 de ses 5 victoires le menant au titre mondial dans la première partie de saison. Francesco Bagnaia ne remporte sa première course qu’en Aragon, 9ᵉ et dernier vainqueur d’une folle saison.

Mais une fois lancé, Bagnaia ne s’arrête plus. Il remportera ainsi 4 des 6 dernières courses, plantant le décor pour la saison suivante. Pourtant, à mi-saison, c’est bien Fabio Quartararo qui menait la danse, Bagnaia comptant 91 points de retard sur le français à l’issue du grand prix d’Allemagne.

Deux pilotes moto GP au-dessus du lot

La seconde partie de la saison de compétitions moto de Bagnaia sera aussi solide que la première partie avait été inconstante. Il passe de la sixième à la première position en 8 Grands Prix, enchaînant notamment 4 victoires successives et repassant devant le français en Australie... deux courses avant la fin du championnat.

Un revirement spectaculaire, qui est aussi dû aux performances de sa Ducati et à une stratégie d’équipe observée jusqu’au compatriote de Quartararo, Johann Zarco. Peu suspect d’être malveillant ou jaloux envers « El Diablo », Zarco tenait cependant à assurer Ducati de sa reconnaissance, pour lui avoir donné sa chance à un moment critique dans sa carrière. Il n’empêche que Bagnaia a bénéficié d’un soutien logistique et humain important pour conquérir son titre, quand Quartararo luttait seul. Deux situations, deux méthodes... mais deux pilotes au-dessus du lot, en dépit de la qualité du plateau MotoGP.

Pour les deux pilotes moto GP, un changement de style s’impose cependant : Bagnaia doit monter en régime plus rapidement et Quartararo tenir la distance. D’autant plus que la saison 2023 sera longue, très longue... Un défi à contre-courant de ce qu’ils ont montré dans leur carrière, mais une condition nécessaire pour s’imposer dans un combat dont chacun connaît parfaitement l’adversaire et ses failles.