Comment bien se préparer pour ses virées à motos ?
Publié le 25/08/2025• Par Thierry Traccan
« La contrainte peut-elle s’associer à la liberté ? » Vous avez trois heures… Une question qui ne détonnerait pas au bac de philo et une interrogation qui parle forcément aux motards. La moto, indiscutable vecteur de liberté, mais une « liberté » que l’on sait devoir encadrer, ou à minima équiper pour préparer ses voyages. Nous vous donnons quelques clés, conseils et astuces pour limiter les contraintes inhérentes à notre belle pratique.

Voyager à moto, avant de parler du matériel, c’est déjà s’assurer que l’on est dans une forme physique suffisante pour répondre aux impératifs d’une pratique bien plus exigeante que ne l’est la conduite automobile. La moto tolère mal les approximations, un mal de dos latent pourra par exemple mettre en péril l’équipage, en raison d’un pilote incapable de manœuvrer à l’arrêt en toute sécurité, ne pouvant pas tendre la jambe ou s’appuyer suffisamment dessus pour rattraper une perte d’équilibre, fût-elle minime. Il en va de même si l'on pilote avec de la fièvre, une appréciation tronquée de la réalité et le risque d’une action inadaptée en retour. La fatigue qui s’installe plus vite quand on est diminué, l’inconfort conceptuel d’une moto qui attaque le moral lorsqu’on évolue loin de sa forme physique optimale - ou à minima normale - autant de difficultés qui doivent conduire à laisser sa moto au garage.
Opter pour des équipements rodés
Cette règle (d’or) préalable respectée, on peut alors se projeter sur son départ en voyage, long de quelques heures ou de plusieurs jours. Il impose déjà avant de soigner l’équipement de sa monture d’opter pour les bons matériels réservés au pilote, comme au passager. L’idée directrice étant de partir avec des équipements dans lesquels on se sent bien ! Des équipements rodés et validés. Rien de pire en effet qu’un casque qui vous gratte la tête passée la première centaine de kilomètres, qui vous appuie sur le crâne au point de vous laisser en guise de tatouage une barre rougie imprimée sur le front… Des sensations rapidement insupportables qui vous sortent complètement de votre concentration, et qui s’avèrent donc dangereuses.
De tous les équipements, au-delà de sa fonction de sécurité, le casque est celui avec lequel on ne peut transiger. Il est capital de s’y sentir bien. Un casque adapté à votre morphologie, un casque que vous connaissez sur le bout des doigts et sur lequel il sera facile d’intervenir pour changer un écran par exemple, pour ajuster un pinlock (antibuée) ou pour l’installer, pour manier sans y penser les ventilations ou utiliser (s’il y en a un) l’écran solaire rétractable… Et s’il n’y en a pas, de vérifier la compatibilité avec des lunettes de soleil, ou de prévoir sinon l’emport d’un écran fumé ou iridium que l’on saura changer en quelques secondes sur le bord de la route. Quand on parle de confort, on comprend aisément que celui des yeux s’avère absolument fondamental.
Pour le reste des équipements, bottes, pantalon, veste ou blouson, gants, protections, les désagréments encourus ne seront pas aussi capitaux, mais il n’empêche que l’on vous encourage à soigner particulièrement votre panoplie pour faire de vous un super motard. Les gants par exemple, il est important de se sentir bien dedans, d’avoir une bonne préhension des commandes, de les adapter si possible en fonction des conditions météorologiques, et pourquoi pas prévoir d’emporterdeux paires sachant qu’ils sont rarement étanches et qu’il sera toujours facile de loger une paire de rechange quelque part dans un sac ou une valise.

Une bagagerie préparée avec minutie
Pour les valises, il en existe de plusieurs sortes. Souples ou rigides, de plus ou moins grandes contenances. Au-delà des rangements latéraux, on vous conseille d’opter pour un top case qui offre un espace de rangement très souvent largement supérieur à celui des valises, et qui proposera un point d’appui royal pour le passager, supprimant les mouvements de bascule vers l’arrière. Si on vérifiera la bonne fermeture des valises, du clip jusqu’à la serrure à clés permettant de condamner l’accès, il est important également d’être sûr de l’étanchéité des dites valises, et si ce n’est pas le cas, ou si vous avez un doute, il est recommandé de prendre la précaution d’empaqueter vos vêtements dans des sacs plastiques avant de les glisser dans les valises, afin d’être certain de les garder au sec.
En parlant de valises, ou de sacs, disons donc de bagagerie, pensez à soigner l’organisation du rangement de vos affaires, et tenez vos équipements de « route » à portée de main immédiate. Rien de plus énervant, stressant, que de retourner sur un parking l’essentiel de ses vêtements pour trouver l’indispensable du moment : le plus souvent un ensemble de pluie, un écran (fumé ou clair) adapté à la luminosité ambiante, du démoustiquant pour nettoyer sur votre écran le reste de ce gros bourdon rempli de pollen malheureusement éclaté en plein milieu, ou encore des gants de rechange comme des bouchons d’oreilles… Les bouchons d’oreilles parlons-en, un impératif pour vous isoler des bruits trop agressifs, celui du vent dans votre casque, des frottements de chaînes ou du couinement des plaquettes sur les disques, etc. Des bouchons dans les oreilles, c’est du repos et de la concentration assurés, c’est ne conserver que les bons bruits en évoluant dans un environnement plus feutré. Attention, là encore, comme le casque, optez pour des éléments qui vous vont bien, au risque sinon de ressentir une réelle gêne après quelques heures à les porter.
Petit conseil, en cas de pluie, ou quand elle menace si fort qu’on ne laisse plus la place au doute, il est cent fois préférable de rapidement s’arrêter pour enfiler sa tenue de protection plutôt que de miser sur la providence et de se dire, comme on l’a tous fait (et que l’on fait encore, en le regrettant le plus souvent) : « non, ce nuage va passer, ce ne sont que quelques gouttes, je m’arrêterai plus tard… » et d’être rincé par une violente ondée qui vous trempe jusqu’en dessous du caleçon en quelques centaines de mètres… Glisser dans ses affaires une combinaison ou un ensemble de pluie est un impératif, la base de ce confort qui vous tient au sec (sans compter que cet ensemble sera aussi un excellent isolant par temps frais) et vous permet de conserver vos idées claires. Idem pour les pieds, si vos bottes ou chaussures ne sont pas étanches, optez pour des sur-chaussures qui le seront et s’enfilent en quelques secondes.

Pour les équipements, la liberté c’est le mouvement
Dans la mesure du possible, optez pour des équipements techniques, au-dessus comme en dessous. À l’inverse des oignons, l’objectif n’est pas de superposer les couches, au risque sinon de se retrouver engoncé dans son équipement, avec les mouvements devenus limités. On le constate parfois seulement en enfilant par exemple deux tours de cou. Le cou serré par ces simples éléments en tissu, associé à une jugulaire ajustée pour des raisons de sécurité, rend parfois douloureuse la simple action de déglutir. Supprimer une couche suffit alors à ramener les choses à la normale. Il en va de même pour le pantalon, la veste ou le blouson. Ne choisissez pas trop serré, bien que privilégier le confort ne signifie pas s’habiller comme un sac, les équipementiers proposent des matériels toujours plus commodes et toujours plus à la mode. Même les protections se font oublier, tant les airbags que les protections plus « rigides », plaques dorsales, coudières et épaulières.
Dans la mesure du possible, et si vous en portez un, essayez de fixer le sac à dos sur la moto (surtout s’il est lourd), ça épargnera vos épaules et par ricochet vous garantira plus de tonicité si une action vous impose de réagir vite. Conserver un maximum de souplesse, d’aisance dans les mouvements, c’est l’objectif prioritaire pour voyager loin. On dit que pour voyager loin il faut ménager sa monture. On ne dit pas autre chose pour le pilote et le passager…
Une fois encore, il est fondamental de se sentir bien, le plus confortable possible, le cou mobile, les yeux protégés du soleil, les mains et les pieds alertes. Dans ce confort de corps dont découle un confort d’esprit, sanctuarisez dans votre équipement une poche (ou un vide-poche si votre moto en est équipée) pour accueillir votre carte bleue, le ticket de péage. Une anticipation qui vous évitera une suée subite au moment de régler une quelconque facture sur votre trajet.

De l’art de la communication… à celui de la vacation
Il y a bien quelques gestes, ces saluts que l’on continue de s’adresser quand on se croise, mais il y a maintenant surtout le développement de ces intercoms qui nous accompagnent. Des matériels de communication qui peuvent avoir une utilité pour échanger brièvement, mais à la condition, par pitié, de ne pas en abuser et de ne pas utiliser tout ce qu’ils proposent ! Pas de musique, encore moins de téléphone, de lecture de SMS - déjà parce que vous êtes en vacances, que le bureau que vous venez de quitter,ce n’est pas pour le retrouver sur votre moto - ensuite et surtout parce que notre vulnérabilité nous impose une concentration de tous les instants, et que les intercoms servent hélas à tout sauf à se concentrer.
Vous n’oubliez pas, évidemment, qu’à de nombreux moments lors d’un voyage à moto, on redevient piéton, et qu’il est pénible de se balader avec tout son matériel. Réserver dès le départ un emplacement dans ses bagages pour ses équipements de moto, c’est l’assurance d’une pause gourmande ou d’une visite réussie. Tout en souplesse sur la moto, tout en légèreté une fois redevenu piéton, voilà le secret pour aimer voyager loin (ou pas), mais en tout cas, le faire souvent.

Faites un check-up général de la moto
Prenez le temps, si vous ne la confiez pas à un professionnel, de bien faire le tour de votre moto, le tour et les détours, inspectez le dessous, pour évaluer les impacts que l’on ne voit sinon jamais en essayant de détecter les traces de fuites de liquides éventuelles.
- Vérifiez l’état général : l’état des pneus (usure, gonflage), les plaquettes de frein, l’état du kit chaîne, des disques de frein, de la batterie… etc.
- Faites le tour de la boulonnerie et vérifiez qu’elle est bien serrée.
- Procédez à la vidange si nécessaire, vérifiez au minimum l’état de l’huile et faites le niveau. Idem pour le liquide de refroidissement.
- Inspectez les feux et clignotants.
- Vérifiez le bon fonctionnement des suspensions, adaptez les réglages (s’il y en a) à la situation en fonction du chargement (sacs et valises, passager/ère).
- Ajustez l’arrimage des bagages en faisant le maximum pour garantir un bon équilibre à l’équipage (répartition du poids équitable dans les différents volumes disponibles. Si vous allez en Suisse, ne mettez pas tous les lingots d’un côté et les billets de l’autre.).
- Placez votre GPS (qui peut être votre téléphone alloué à cette fonction) au plus près de l’axe de votre champ de vision qui se porte lui naturellement sur la route. Ça évite de quitter la route des yeux trop longtemps, épargne les mouvements de cou et repose les yeux.
- Et vérifiez que vous êtes bien à jour au niveau de vos assurances, cela coule tellement de source que certains peuvent l'oublier…
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