Interview de Clara-CTO, créatrice de contenu et influenceuse moto offroad

Publié le 07/03/2023

Clara-CTO, créatrice de contenu, motarde et influenceuse, nous parle de sa pratique du trail et de l’offroad, et partage son expérience de la moto.



Clara-CTO

Clara, c’est en 2013 que tu passes ton permis moto et commences à piloter sur un roadster. La pratique de la moto était-elle une évidence pour toi ? D’où te vient cette passion et quel est ton rapport à l’univers de la moto ?

La pratique de la moto n’a jamais été une évidence, bien au contraire, j’étais passionnée d’aviation et d’équitation, mais certainement pas de moto ! Mon père avait bien tenté de nous mettre sur une Yamaha Piwi, mais pour mon frère comme pour moi, pas de révélation. Le passage du permis moto n’était qu’une case de plus à cocher sur le papier rose, et surtout d’utilité fonctionnelle, particuliè-rement dans le Sud de la France, où le climat s’y prête.

La passion m’est venue lorsque je me suis installée à Nice. Le Sud-Est de la France n’étant pas une terre d’aviation, ni d’équitation (comme en Picardie d’où je viens), j’ai dû adapter mes activités. Mes proches amis étaient tous motards, et notre activité principale et récréative était la balade moto sur route. C’est là que j’ai pris conscience de la médiocrité de mon niveau : sur les routes sinueuses de montagne. J’avais vraiment la volonté de m’améliorer, pour apprécier davantage l’activité et pratiquer en sécurité, alors je me suis carrément entraînée, plusieurs soirs par semaine, après le travail.

Cette passion a évolué les années suivantes car je me suis mise à pratiquer le chemin, en trail, pour des raisons diverses (répression de la vitesse sur route, contact avec la nature, autre rapport au véhicule). Je me souviendrai toute ma vie de ma première piste, au coucher du soleil, avec l’impression d’être loin de la civilisation, sensation unique qui a renforcé l’aspect émotionnel, que l’on retrouve lors de la pratique d’une activité qui « prend aux tripes ».

Désormais et grâce aux réseaux sociaux, mon rapport à l’univers de la moto est scindé en deux. En effet, je continue de pratiquer le trail dans les chemins avec mes amis, mais c’est également une activité professionnelle, puisque le contenu que je réalise pour les réseaux m’amène à lier des partenariats professionnels.

Clara-CTO


Pourquoi as-tu choisi de te spécialiser dans l'offroad, une discipline assez peu pratiquée par des femmes ? As-tu un rapport particulier, en tant que femme, avec l’offroad ou avec le trail ?

J’ai commencé à pratiquer l’offroad, notamment parce que j’avais acheté une Honda Transalp, à l’époque, une moto qui n’était ni tendance, ni sexy chez les jeunes… Mais je n’avais pas beaucoup d’argent et c’était le véhicule le plus polyvalent. Il a été vite tentant d’essayer de rouler ailleurs que sur la route. Sur les cartes, je passais des heures à essayer de trouver de nouveaux endroits à visiter, grâce aux pistes.

Cette discipline s’est révélée être le meilleur moyen d’assouvir un besoin de découverte et de dépassement de soi. Après des années de pratique, avec des motos variées, des terrains multiples, je peux affirmer qu’il y a une réelle difficulté physique dans la pratique du trail en offroad. C'est-à-dire qu’à moto égale, terrain égal, la difficulté vient de l’inégalité des ressources physiques. J’ai dû m’entrainer dur pour avoir la capacité de suivre mes amis sur de longs voyages offroad. J’ai adapté mes préparations en salle pour augmenter mon endurance, notamment à cause du changement d’altitude fréquent et du manque de sommeil, mais aussi à cause du rapport entre mon gabarit et les motos.

Lorsque j’ai débuté, il n’y avait qu'une poignée de femmes qui pratiquaient et je ne me retrouvais pas dans l’esprit des pratiquantes que j’avais rencontrées. Encore aujourd'hui, le ratio de femmes pratiquantes est faible. J’ai participé au Hard Alpi Tour (en Italie) cette année : pour environ 350 hommes participants, il y avait moins de 10 femmes engagées.

Je reconnais que ce n’est pas la pratique la plus simple, car il est fréquent de se trouver face à des difficultés importantes, et en plus d’être avec une moto lourde, haute et chargée (la pratique du bivouac étant la norme). Mais ce qui fera la différence est davantage la forme physique, le courage et l’expérience, que le fait d’être une femme ou non, j’en suis la preuve avec mon 1,65 m.

Clara-CTO


Tu écris dans ton blog :

« J’achète mon premier trail, un Honda Transalp de 1987, c’est la révélation. Je prends mon courage à deux mains, pour surpasser les difficultés de pratiquer le trail malgré le fait que je sois toujours trop petite pour mes motos. »
Le marché du 2-roues a-t-il évolué en proposant des produits mieux adaptés à la gent féminine ?

Pas vraiment. Les motos sont toujours très hautes. Mais je constate néanmoins que les constructeurs proposent désormais presque systématiquement plusieurs hauteurs et types de selles afin de pouvoir adapter l’assise de la moto.

Quant aux équipements, le trail étant à la mode, il y a effectivement une évolution sur l’offre. On trouvait avant de l’équipement haut de gamme très performant, mais onéreux, ou de l’entrée de gamme. Aujourd’hui, quasiment toutes les marques proposent une collection trail / touring pour femmes. Beaucoup proposent néanmoins des versions « femmes » inadaptées à la morphologie féminine...

Côté championnats (GP, super cross…) à très haut niveau, on ne voit quasiment aucune femme mais on en retrouve davantage sur des championnats moins médiatisés tels que le Bol d’Or, le Tourist Trophy, le WMX ou le Paris-Dakar. Dans les sports mécaniques, les femmes sont encore peu présentes et ça se reflète dans le très haut niveau.

Clara-CTO


Souhaites-tu rajouter d’autres éléments concernant ton rapport à la moto en tant que femme ?

Mon rapport à la moto est ultra complet et fait partie de ma vie quotidienne (aussi parce que j’utilise ces mêmes motos pour travailler). Je pense qu’intégrer une pratique essentiellement masculine demande une forme de dépassement de soi pour toutes les raisons mentionnées précédemment, mais qu’il s’agit surtout de partage, de cohésion et d’entraide. La passion est plus forte que tout, et elle n’a d’intérêt que si elle est partagée et si elle véhicule de l’émotion. C’est cette idée qui me réjouit le plus.

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