Rencontre avec François Allain, ambassadeur passionné

18/08/2023 Par Igor Biétry

François Allain, le présentateur de Vintage Mecanic sur RMC Découverte, est devenu une véritable référence dans le monde de la voiture ancienne. Ce journaliste automobile, affable et passionné, est plus qu’un présentateur télé ; c’est un véritable ambassadeur. Il nous accorde cette interview exclusive.

François AlainLe présentateur de Vintage Mecanic, les mains posées sur une Harley Davidson FLH80 Electra Glide de 1978.

Vintage Mecanic est devenu une émission de référence sur RMC Découverte. Les audiences progressent de saison en saison, c’est un vrai succès !

Pour être honnête, je suis très fier de voir que cette émission, qui est la première du genre en France, marche aussi bien. Nous travaillons sur la deuxième partie de la 8e saison et nous commençons d’ores et déjà à échafauder des plans pour la 9e en 2024. Les audiences ont toujours été en progrès, ce qui signifie bien entendu qu’on touche un public beaucoup plus vaste que les seuls passionnés. Dans les salons ou dans la rue, on me reconnaît de plus en plus : « Ah, le monsieur des vieilles voitures… » Pour moi, cela signifie que l’émission est populaire et que l’on touche une frange bien plus large de téléspectateurs que les collectionneurs de bagnoles. Ça ouvre le cercle !


Et les collectionneurs, comment réagissent-ils ? Tu es obligé d’être plus didactique si tu veux aller chercher le grand public ?

C’est malheureusement ce que certains ne veulent pas comprendre ou admettre. Certains sont très critiques parce qu’ils ne veulent pas entendre qu’il ne s’agit pas d’une émission pour spécialistes. Certains voudraient conserver un côté « entre soi », un côté un peu snobinard même, n’ayons pas peur des mots.

Si nous avions suivi cette voie, nous ne serions même pas allés au bout de la première saison ! À la télé, ce qui compte ce sont les chiffres ; il ne faut pas se méprendre. Plus il y aura du monde qui s'intéressera aux voitures de collection, plus elles seront préservées et leur « voix » audible auprès des autorités administratives. Il y en a pour tous les goûts et tous les portefeuilles, de la 2CV à la Ferrari, chacun peut se faire plaisir suivant ses moyens.


Le milieu de la collection souffre-t-il encore d’une image un peu trop élitiste ?

Un peu, oui. Ouvrir le cercle est une nécessité vitale pour notre milieu. Si nous ne le faisons pas, le bateau va couler ! C’est une évidence absolue. Faire connaître notre passion au plus grand nombre est une obligation, sinon dans 30 ans, il n’y aura plus de collectionneurs.

Nous voyons déjà le nombre d’amateurs de voitures d’avant-guerre s’étioler parce que les anciens vieillissent et ne les utilisent plus. Il n’y a quasiment pas de relève. Les jeunes se dirigent vers des autos plus récentes voire beaucoup plus récentes, d’où l’avènement des youngtimers.

Du coup, ça devient compliqué pour des voitures très anciennes qui sont pourtant souvent des voitures faciles. Les gens imaginent que puisque ça date d’avant 1950, ça ne roule plus !

François AlainL’émission sur l’Aston Martin DB5 (chère à 007) : l’une des plus belles audiences de Vintage Mecanic.

Pourtant, Vintage Mecanic fait la part belle aux anciennes, avec succès !

En effet. Si des émissions comme Vintage Mecanic (et d’autres !) arrivent à fédérer le plus grand nombre autour de notre passion, c’est une formidable opportunité. Ce que nous faisons, c’est du « divertissement intelligent ». J’essaie de faire une émission accessible à tous, afin que celui qui n’y connaît rien ne se sente pas largué au bout de 3 minutes. J’assume totalement le fait que cette émission soit grand public, n’en déplaise à quelques-uns.

Après l’émission sur l’Aston Martin DB5 par exemple, qui a été l’une de nos plus belles audiences, j’ai reçu des dizaines de messages de téléspectateurs qui s’insurgeaient parce que le mécano avait inversé dans sa description l’ordre des segments au remontage. Sur Internet, les gens ne parlent que de ça en disant : « Ce sont des nuls ! Ils ont inversé les machins etc. »

Sauf qu’ils oublient que cela représente des mois de restauration, que s’affoler parce qu’il y a une erreur dans la description du montage, ce n’est pas vraiment utile. Le mécano, c’était sa première télé et effectivement dans la précipitation, il a dit une bêtise et sincèrement, je n’ai pas percuté en visionnant la copie de travail. Du coup, on est dans le paradoxe de gens qui traitent l’émission comme une émission « pour le peuple inculte » à cause d’une erreur de description que 99 % des gens n’ont pas remarquée et qui ne retire rien à la qualité de la restauration de la voiture.

Faire une émission qui fait plaisir aux gens, c’est ça le plus important. Dans Vintage Mecanic, les téléspectateurs apprennent beaucoup de choses sur l’histoire, la technique et aussi sur la collection et la restauration automobile. Ces émissions présentent notre univers. C’est ça qui prime.


Il y a un autre sujet sensible que tu as abordé, c’est le rétrofit. Là aussi, tu n’as pas eu peur de te faire des ennemis ?

Encore une fois, les « intégristes » ne voient pas plus loin que le bout de leur capot. Il ne faut pas oublier que procéder à un rétrofit ne se fait pas par plaisir. Il répond à une nécessité et à des lois qui ont été votées. Dans certains cas de figure, il faut savoir s’adapter aux règles. Il ne faut pas oublier que pour rétrofiter une voiture, il faut passer par une homologation qui ne se fait pas par modèle mais par type, via l’UTAC (Union Technique de l’Automobile, du motocycle et du Cycle). Prenons le cas des 2CV : il faut une homologation pour la 2CV4, une autre pour la 2CV6 et une troisième pour la 2CV camionnette.

Cela représente un coût très important. Par conséquent, aucune entreprise ne va rétrofiter une Panhard PL17, parce qu’ils savent que potentiellement aujourd’hui, il y aurait trois clients susceptibles de demander cette prestation en France. C’est pour ça qu’il ne faut pas oublier de dire que le rétrofit ne concerne que des voitures produites en très grand nombre (2CV, Cox, Mini et 4L). Ce n’est pas la peine d’espérer rétrofiter sa 203 ! Il n’y en pas assez roulant en France pour que cela puisse être économiquement viable.

Le deuxième élément à prendre en compte, c’est qu’aujourd’hui, le rétrofit est basé sur le volontariat uniquement. Rien ne vous oblige à aller dans ce sens. Enfin, pour le moment avec une carte grise de collection, on peut rouler dans les ZFE (Zones à Faibles Emissions). Ce n’est pas le cas pour les voitures à carte grise classique. Un commerçant qui travaille avec sa 2CV fourgonnette en centre-ville d’une grande métropole ne pourra plus rouler. Le rétrofit dans ce cas précis est une alternative réaliste.


Comment est-ce que l’émission Vintage Mecanic va évoluer ?

De nombreuses séquences de l’émission ont été modifiées. Nous avons notamment simplifié le début, afin de laisser plus de temps à la partie restauration. Nous avons aussi étoffé les équipes parce que le succès aidant, il a fallu plus de monde pour restaurer les voitures. Je me réjouis d’ailleurs que plusieurs jeunes nous aient rejoints, ce qui permet d’élargir le panel de voitures à restaurer. J’aime aussi beaucoup le fait que ces restaurateurs soient aussi installés en province. J’y tenais beaucoup.

Par ailleurs, j’ai réussi à ce qu’on ouvre l’émission à d’autres types de véhicules : tracteurs, motos, avions, bateaux… et j’espère même faire un jour une locomotive ! Les audiences montrent que les gens apprécient l’émission. Ils savent qu’ils vont passer un bon moment en apprenant des choses. Les gens aiment la mécanique au sens large, même si évidemment, nous resterons prioritairement axés sur l’automobile.

François Alain
François Allain devant une BMW 2002 Turbo de 1974.

Le parcours professionnel de François Allain

  • Passionné par l’automobile depuis son plus jeune âge et après des études dans les métiers de l’édition et du cinéma, François débute dans la presse écrite chez Auto Rétro puis chez Échappement (groupe Hommel) et Rétroviseur (groupe LVA).
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  • Au milieu des années 1990, il entre à L’Auto-Journal, où il reste une dizaine d’années. En 1998, Dominique Chapatte lui propose d’intégrer son équipe et de participer à l’émission Warning sur M6, en supplément du magazine Turbo.
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  • En 2008, Dominique, encore lui, propose à François de rejoindre l’équipe de Turbo. Aujourd’hui, il travaille encore pour l’émission diffusée sur M6, mais uniquement pour la co-présentation d’émissions dont le fil rouge est le véhicule historique.
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  • En 2015, il répond au casting lancé par RMC Découverte pour la toute nouvelle émission Vintage Garage, devenue par la suite Vintage Mecanic.

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Visuels : © François Allain