Grayan-et-l’Hôpital : Kellett met un pied dans l’Histoire
Publié le 19/01/2023• Par Thierry Traccan
Du 14/01/2023 au 15/01/2023
Le champion de France des Sables 2023 est britannique ! En remportant du côté de Grayan (33) sa quatrième course de la saison, Todd Kellett s’offre un premier sacre plus que mérité. Un succès que le pilote Yamaha n’a pas encore pris le temps de savourer, tourné vers l’enjeu majeur de sa saison : s’imposer le 4 février prochain lors de l’Enduropale du Touquet.
Todd Kellett vise maintenant le Touquet !
Quelques bulles ont bien giclé une fois le drapeau à damier franchi, mais peu ont échoué dans le gosier de celui à qui se destinait pourtant cette envolée de bouchons… Trop concentré sur la suite, Todd Kellett n’a pas vraiment pris le temps de savourer son premier titre de champion de France des Sables remporté à l’issue d’une nouvelle victoire conquise dans le Médoc, du côté de Grayan-et-l’Hôpital.
Pourtant, il y avait de quoi : une première pour un pilote britannique déjà, et puis surtout, la manière avec laquelle l’officiel Yamaha est allé chercher ce titre. Vainqueur autoritaire de quatre courses (sur cinq) dans la saison, second de la première épreuve de l’année alors qu’il menait encore les débats à quelques centaines de mètres de l’arrivée, Kellett a survolé, dans l’ordre comme dans le désordre, sable et adversaires.
Si les officiels Honda (Genot et Van Berkel) se seront relayés pour donner la chasse au petit (par la taille) pilote anglais, ils ont dû se résoudre à le laisser filer à chaque fois, s’inclinant devant plus fort qu’eux. Il n’y en a eu qu’un pour challenger Kellett : Milko Potisek, son coéquipier chez Yamaha. Considéré à juste titre depuis des années comme l’épouvantail des courses sur sable, le nordiste n’a pas eu de chance cette année puisqu’après avoir remporté sur le fil la première manche, il s’est blessé lors de la seconde, ce qui le contraint à une longue période de convalescence. Mais peut-être ne faut-il pas voir que de la malchance dans cette douloureuse action ?
Duel au sommet entre Kellett et Potisek
Si lors des deux dernières saisons, Kellett jouait le rôle de brillant lieutenant, secondant admirablement Potisek sans parvenir à le challenger complètement, le début de saison et les entraînements qui l’ont précédé ont forcément montré au Français que l’Anglais avait cette fois les moyens de contester la hiérarchie jusque-là établie, un Kellett souhaitant jouer crânement sa chance pour s’imposer au reste du pack, Potisek inclus !
Le rythme tenu par Todd lors du round inaugural n’aura été, d’un point de vue comptable, qu’un avertissement sans frais pour Milko qui s’imposa au « bout du bout », après que Kellett chuta en vue de l’arrivée. Mais il est clair que dans sa tête, au soir de ce premier débat, Potisek a pris conscience que son adversaire le plus sérieux serait son coéquipier. Une volonté sans faille sous un cuir désormais plus épais, la recette gagnante de cette saison 2022-2023 pour Todd Kellett.
Enfin, il faudra attendre le 4 février à 16 heures pour en avoir la confirmation… Ce sera peu ou prou l’heure d’arrivée de la course de l’année, la compétition à ne surtout pas manquer, l’épreuve historique de l’Enduropale du Touquet se disputant cette année samedi et non dimanche.
Tous les grands pilotes vous le diront : « Le championnat de France c’est bien, le Touquet c’est mieux ! » Définitivement mieux. L’objectif d’une saison – et même d’une vie – pour ces pilotes de sable qui axent leur saison et leur préparation autour de cet évènement.
Gagner le championnat de France sans remporter le Touquet, ce serait comme n’avoir réussi que 25% de sa saison, guère mieux. Et ça, Kellett le sait trop bien, lui qui a pu mesurer ces dernières années quel prestige et quel motif de satisfaction personnelle cette victoire représente. Sauf qu’à chaque fois, les lauriers de la gloire, ce n’était pas lui mais Potisek qui les plaquaient sur ses tempes... L’Anglais a eu tout loisir de ruminer. Inscrire son nom au palmarès du Touquet, ce serait entrer dans l’Histoire. Terminer second, même à l’aspiration du vainqueur, même à une minuscule seconde derrière, ce serait manquer au rendez-vous. Imprimer un nom que l’on oubliera trop vite, laissant un souvenir aussi fugace que ces empreintes de crampons imprimées sur le sable et balayées à la prochaine marée. On ne se souvient jamais que du vainqueur…
Milko Potisek est resté dans l’ombre, travaillant sans relâche à l’entraînement pour se remettre de ses blessures, une course contre la montre en avançant masqué, avec l’ambition de ne pas donner d’indications sur son état de forme à ses adversaires.
Alors, que peut-on attendre de cet Enduropale 2023 ? Un cavalier seul de Kellett façon balade anglaise ? La passe de quatre pour Potisek ? Une victoire des Belges de chez Honda ? Le hold-up d’un outsider ?
Si au vu de la saison écoulée, il est facile d’imaginer un résultat, il est aussi impossible à prévoir, simplement parce que le Touquet, c’est une épreuve en soi. Plus de 1 000 pilotes au départ et autant d’inconnus pour les pilotes de tête qui vont devoir composer au milieu des amateurs, adapter leur rythme pour limiter au maximum les risques d’accrochages et de chutes et composer avec une météo rarement clémente à cette époque de l’année au cœur de cette côte d’Opale. La glorieuse incertitude du sport… Les courses sur sable l’incarnent au plus près et l’Enduropale du Touquet, à coup sûr au plus juste.
« Inscrire son nom au palmarès du Touquet, ce serait entrer dans l’Histoire. Terminer second, même à l’aspiration du vainqueur, même à une seconde derrière, ce serait manquer au rendez-vous. »
Finale du championnat 2022-2023 : 4-5 février au Touquet (62)
CLASSEMENT DU GURP TT DE GRAYAN :
- Kellett (GB-Yamaha), 2 950 pts
- Van Berkel (B-Honda), 2 330
- Hauquier (F-GasGas), 2 225
- Genot (B-Honda), 2 120
- Knuiman (NL-KTM), 1 924
- Mio (F-GasGas), 1 655
- Martens (B-Honda), 1 635
- Puffet (F-Fantic), 1 615
- Madoulaud (F-Yamaha), 1 600
- Morel (F-Yamaha), 1 586
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Visuels : © Courses sur Sable – Xavier Leporcher