Jean-Paul Naddeo : passionné de voyages, motard et auteur
Publié le 29/04/2024
Grand voyageur, motard passionné et amateur de voitures anciennes, Jean-Paul Naddeo est assuré AXA Passion via l’agence Christophe Kovacs de Beuzeville (27). Après quarante ans passés dans le monde de l’édition, cet infatigable globe-trotter féru d’Histoire ne cesse de sillonner la planète à la rencontre des pays et de ses habitants. Il a signé de nombreux livres de voyages superbement illustrés, consacrés à de célèbres itinéraires comme la Route 66, la Nationale 7, la Route Maya dans le Yucatan et plus récemment la Route Napoléon (chez Gründ).
Jean-Paul Naddeo en Norvège en Honda Africa Twin 1000.
Comment êtes-vous entré dans le monde de l’édition ?
J’ai travaillé dès l’âge de 17 ans pendant mes vacances en librairie, là j’ai découvert l’univers du livre et la lecture. Plusieurs ouvrages comme Premier de cordée de Frison-Roche m’ont poussé à la fois vers la haute montagne que j’ai pratiqué, et vers l’édition. J’ai notamment été directeur général des éditions Larousse. Aujourd’hui, je continue mon aventure éditoriale en écrivant des livres qui satisfont à la fois ma passion de l’édition et des voyages. Je réalise textes et photos. J’ai aussi écrit de nombreux articles sur les voyages et les routes mythiques dans des revues spécialisées.
Vous avez parcouru de nombreux pays et routes de la planète à moto...
J’ai traversé les États-Unis, parcouru à plusieurs reprises la Route 66 et effectué la remontée du Saint-Laurent, de Montréal jusqu’au nord du Canada avec une BMW. Je suis allé au Cap Nord avec une Honda Africa Twin 1000, j’ai sillonné le Mexique et le Yucatan en Harley, traversé l’Amérique du Sud, de Santiago du Chili à Ushuaia, la cordillère des Andes et la Patagonie avec une BMW 1200 GS. J’ai aussi effectué de nombreuses virées en Europe.
Passage à gué dans la Sierra Nevada (Espagne).
Vous ne délaissez pas pour autant les routes de France !
En effet, l’aventure est aussi au bout de la rue... J’ai traversé la France de Honfleur à Saint-Tropez, loin du bitume, en empruntant chemins et petites routes, en hiver ; une belle virée dans la France profonde ; j’ai découvert de petits villages, franchi des bras d’eau estimant leur profondeur pour savoir si nous pouvions passer ! J’ai été immobilisé par la neige en pleine forêt, contraint de bivouaquer... J’ai effectué de nombreuses balades de ce type.
Et vous avez récemment roulé dans l’Himalaya ?
Oui, plus qu’un voyage, une véritable aventure sur « la route des dieux » en Royal Enfield « Bullet », une route mythique pas simple « à rouler » au nord de l’Inde entre le Pakistan et la Chine, dans la région du Ladakh, considérée comme la plus haute route du monde. Des fortes sensations dans des paysages fantastiques, des cols au-dessus de l’altitude du Mont Blanc, où l’oxygène manque. Une route étroite, boueuse, caillouteuse, dégradée par les intempéries où virages et épingles à cheveux s’enchaînent, entre parois vertigineuses et précipices, slalomant entre gués et éboulis, en évitant les vaches sacrées et les yacks. Probablement une des routes les plus dangereuses du monde, mais je suis allé au bout ! En arrivant au col de Khardungla, je me suis offert le luxe de gravir un petit chemin à pied pour atteindre le sommet à 6 000 mètres, une belle expérience !
Au sommet de la route la plus haute du monde en Himalaya.
Parmi vos nombreux livres, il y a notamment celui consacré à la mythique Route 66 ?
C’est le premier livre réalisé de la collection « Éternelle Route », avec Marie-Sophie Chabres. Il est devenu un best-seller, de nombreux motards le considèrent comme la « Bible » de la Route 66 ! La Route 66, 3 200 km entre Chicago et Los Angeles, est certainement la route la plus célèbre du monde, « la route-mère » selon le célèbre écrivain américain John Steinbeck. Rouler sur la 66, c’est découvrir la vraie Amérique avec ses villes fantômes ou animées, ses paysages grandioses, ses petites villes avec ses saloons et ses ranchs d’une autre époque, c’est rencontrer des Américains accueillants et chaleureux souvent vêtus comme des cow-boys. Il faut prendre son temps, s’arrêter à Santa Fe, faire un stop à Bagdad Café, au Grand Canyon et faire un détour à Las Vegas...
On croise de nombreuses voitures anciennes et on en découvre abandonnées à l’écart de la route, un régal pour les passionnés et collectionneurs... J’ai parcouru la Route 66 à quatre reprises en Harley-Davidson et une fois en GoldWing. Dans ce livre je raconte l’histoire de cette route, la première route moderne développée dès 1923 qui nous fait pénétrer dans le rêve américain. Un roadbook précis vous accompagne avec de bonnes adresses. Je songe à y retourner cet été pour réaliser une actualisation de mon livre Éternelle Route 66.
À quand remonte votre passion pour la moto ?
La moto, c’est un peu mon cheval ! J’ai eu ma première mobylette à l’âge de 15 ans. J’ai passé mon permis moto à l’armée. J’ai eu plusieurs motos dont j’ai eu beaucoup de mal à me séparer. Aujourd’hui, je conserve une Africa Twin RD04 Paris-Dakar de 1990, avec laquelle j’ai fait des chemins, des raids : restaurée et entretenue, elle est en parfait état ! J’ai aussi une Honda Transalp 650 cc très pratique pour rouler en ville, ainsi qu’une GoldWing. Passionné, j’ai réalisé pendant plusieurs années des essais moto et tourisme pour des articles dans différents magazines.
Jean-Paul Naddeo en Honda Goldwing
Vous êtes aussi amateur de voitures anciennes ?
En effet, c’est pour moi un vrai bonheur de rouler avec ces voitures sur des petites routes, cheveux au vent, comme avec ma Triumph TR4, ou au volant de ma Coccinelle cabriolet, ou encore avec ma Porsche 3,2 cabriolet. J’ai effectué de nombreux voyages et rallyes historiques avec ces voitures, en France et à l’étranger. Elles me faisaient rêver dans ma jeunesse, elles sont devenues aujourd’hui des collectors que je bichonne.
Mon dernier coup de cœur est l’Alpine A110 S. Ce n’est pas une ancienne mais déjà une référence et pour moi encore un rêve de gosse réalisé. Lorsque j’avais 17-18 ans, je me rendais au Col du Turini pour assister au passage du Rallye Monte-Carlo, je bavais devant les berlinettes Alpines. J’admirais tous ces grands pilotes de rallye : Bernard Darniche, Jean-Pierre Nicolas, Jean-Luc Thérier qui faisaient des merveilles au volant de leurs Alpine de l’époque. Lorsque la nouvelle Alpine est sortie, j’ai craqué.... Cet été, j’ai fait tous les grands cols des Alpes autrichiennes. Une belle découverte le Tyrol, un vrai road trip sur des routes, avec des panoramas uniques, un bonheur !
Voyagez-vous à l’étranger en ancienne ?
J’ai beaucoup voyagé en Sicile, en Sardaigne, en Écosse, en Tunisie et notamment au Maroc, jusque dans le Sud avec ma Triumph TR4. L’avantage de ce type de voitures est qu’elles n’ont pas d’électronique, leur mécanique est simple et l’on trouve toujours en cas de besoin une personne pour vous aider et vous dépanner... mais il est judicieux d’emporter avec soi quelques pièces de rechange sensibles au cas où et sa trousse à outils. Au Maroc par exemple, un ami a cassé l’arbre de sa pompe à eau, sur le bord de la route, un homme s’est proposé de la réparer dans son garage, un parc à ferraille à proximité. Il a déniché un tube d’acier et il a refait avec un vieux tour hors d’âge la pièce cassée qu’il a remontée. En moins de deux heures, nous étions repartis !
En Triumph TR3 à Santa Fe sur la Route 66.
Comment vous préparez-vous avant le départ, pour rédiger vos livres ?
Tout d’abord, j’accomplis un vrai travail de recherche, je me documente, j'interroge les offices de tourisme, je prends des notes que je vérifie ensuite sur place, mais le plus important pour moi, ce sont les contacts humains, les échanges avec les autochtones sur les sites, ce sont eux qui vont enrichir le livre par leurs anecdotes et en me faisant découvrir des endroits inconnus. En Corse par exemple, lorsque je préparais mon livre Éternelles routes corses, j’ai fait des rencontres formidables avec des habitants qui m’ont donné beaucoup d’informations et même accompagné pour me faire découvrir des endroits inédits.
Vous avez consacré votre dernier livre à la Route Napoléon ?
Oui, c’est une route de légende entre mer, pinède et montagne qui figure au panthéon des plus belles routes de France. Un tracé audacieux où l’Histoire de France se mêle à l’incroyable beauté des paysages. Il s’agit de l’itinéraire construit sur les chemins empruntés par l’Empereur Napoléon entre Golfe-Juan et Grenoble lors de son retour d’exil de l’île d’Elbe, pour reconquérir le trône de France. Une route de 400 km chargée d’histoire, qui serpente dans des paysages d’exception, traverse des villages authentiques, entre Côte d’Azur, Haute Provence et vallées alpines.
C’est un plaisir de rouler sur cette route bien entretenue qui procure de belles sensations de conduite. Elle ravit les automobilistes et motards qui l’empruntent. Mon livre Éternelle Route Napoléon est illustré par de nombreux documents. Il nous fait découvrir l’histoire de la remontée de Napoléon en 1815 vers la capitale, la visite de la route aujourd’hui, accompagné d’un guide du voyageur où est identifié tout ce qu’il faut voir pour ne rien rater de ce périple... sans oublier la gastronomie.
Jean-Paul Naddeo lors de son voyage en Patagonie sur une BMW 1200 GS.
Quelle est la route qui vous a le plus marqué ?
S’il faut en sélectionner une, je dirais la Route des Grandes Alpes, la traversée du massif alpin entre Thonon-les-Bains et les rives du lac Leman, jusqu’au rivage de la Méditerranée à Menton : 684 kilomètres de bonheur ! Cette route escalade les 16 grands cols alpins mythiques, elle tutoie les glaciers, offre des panoramas exceptionnels.
J’ai parcouru cette route à de nombreuses reprises, à moto ou en voiture, lors de rallyes historiques. Un vrai terrain de jeux, de quoi satisfaire ceux qui aiment conduire, un bonheur pour le pilotage ! On en prend plein les yeux dans des paysages grandioses. Une route à faire dès la fonte des neiges au début du printemps, en mai par exemple avec la floraison des fleurs sauvages riches et variées, les marmottes qui quittent leurs terriers. La nature au printemps nous offre sur cette route un superbe spectacle.
Quels sont vos prochains projets ?
J’en ai plein la tête ! (rires) Envie de découvrir l’île d’Elbe, mais aussi de retourner sur la Route 66, de cruiser sur la Route du Blues, de longer le Mississipi entre la Nouvelle-Orléans et Chicago, en passant par Memphis, Nashville, Saint Louis que je ferai à moto évidemment, bercé par les gospels et la musique de Johnny Cash. La moto offre une grande liberté. On peut s’arrêter facilement où on le souhaite et cela permet de faire de nombreuses et belles rencontres, les motards sont très appréciés dans de nombreux endroits de la planète, c’est très convivial et plaisant ! Pour conclure en citant Antoine de Saint-Exupéry, je pense avoir fait de ma vie un rêve et d’un rêve une réalité.
Sur la Route 66 en Harley-Davidson.
Visuels : © Jean-Paul Naddeo