Les tendances moto 2024
Publié le 09/01/2024• Par Thierry Traccan
L’EICMA a dévoilé les nouveautés motos, scooters et nouvelles mobilités 2024. Des motos baignées de lumière sur les podiums d’un salon et des gens qui défilent devant elles, les yeux rivés dessus et la tête déjà ailleurs… plus loin, plus vite, avec un large sourire. Un visage qui sait déjà tout ce que ces belles charrieront comme émotions supplémentaires quand elles se mettront en mouvement, les sens dessus dessous.
- Le marché européen : une vitrine d'innovation et de diversité
- L’Aventure à portée de roues
- Les nouvelles références trail
- Des moyennes cylindrées en vogue
- Les sportives reprennent du poil de la bête
- L'ascension des marques de moto chinoises
Le marché européen du deux-roues : une vitrine d'innovation et de diversité
Quand on aime les deux-roues motorisés, on est heureux d’être européen. En tout cas, on se doit de l’être. Déjà, parce que l’on y organise les plus beaux salons du monde, l’EICMA de Milan en tête, qui s’est tenu au début du mois de novembre dernier. Le rendez-vous incontournable des nouveautés de l’année à venir, sans oublier Cologne, de retour l’an passé et le salon de la moto de Lyon en mars prochain.
Un salon aux allées passionnées et passionnantes, où seront bien sûr exposées les nouveautés deux-roues 2024. Mais aussi un endroit qui va une nouvelle fois bien au-delà du « simple » produit pour embrasser 100 % de l’univers du motocycle, offrant des expériences immersives, participatives, traversant l’Histoire. Un lieu de rencontres et d’échanges, une bouffée d’air frais, matinée d’effluves de parfums de cette huile qui, immanquablement, enivre nos narines. Une chance immense, donc, que l’on nous amène sur plusieurs plateaux.
L’autre chance, c’est la densité des modèles présentés sur ces salons. Une quantité incroyable de machines qui n’a pourtant rien de naturel, en tout cas rien de vraiment cartésien. Il n’y a qu’à regarder le volume des ventes de deux-roues motorisés réalisées en Europe, qui ne représente pour l'année 2023 qu'environ 1,2 million d’unités (ce qui est un très bon millésime pour l’Europe), alors que sur la même période, en Asie, il s’en sera écoulé 30 fois plus !
Plus de 30 millions de modèles vendus et pourtant un catalogue famélique comparé à celui que les constructeurs nous offrent en Europe. Qu’ils soient japonais, européens et même désormais chinois, les catalogues des marques débordent de modèles. Là où le volume en Asie se fait sur quelques modèles, la palette qui nous est proposée chez nous est riche de plus de mille nuances.
Un volume tellement important que c’est d’abord là-bas que les entreprises gagnent de l’argent. Et il faut mesurer cette chance que l’on a d’être aussi bien considérés en Europe alors, qu’encore une fois, on ne pèse rien comparé au marché asiatique, et peu face au marché américain et sud-américain. L’Europe, et plus généralement l’Occident, c’est une vitrine pour toutes ces entreprises. Le continent choisi pour étaler sa puissance, montrer son savoir-faire, son champ des possibles, et capitaliser sur l’image pour renforcer sa marque et inonder le reste de la planète de modèles estampillés du même blason, mais pas avec les mêmes caractéristiques techniques.
Et pour 2024, les constructeurs ont encore pensé à nous. Une année qui s’annonce riche en nouveautés, en tendances aussi, avec des orientations assez marquées, comme en témoignent les lignes qui suivent.
Yamaha Ténéré
L’Aventure à portée de roues
Oui, on parle bien ici d’Aventure avec un grand « A ». Parce que l’aventure, vu à quel point les constructeurs lui accordent de l’attention, est vraiment majuscule. Une envie qui se traduit dans notre milieu par cette explosion du trail, qui permet de continuer son chemin là où s’arrête la route. Un trail « couteau suisse » dont beaucoup d’interprétations s’inspirent de l’esprit originel, proposant un maximum de polyvalence, à l’image de cette nouvelle déclinaison de Yamaha Ténéré. Une version appelée Extrême qui devient modèle de série après avoir été série spéciale en 2023. Au menu, plus de débattement, toujours autant de simplicité (pas d’électronique embarquée ici, tout se gère depuis la seule rotation de la poignée de gaz) et un excellent équilibre. Une sixième déclinaison de Ténéré proposée au catalogue 2024, une offre à l’image d’une communauté qui s’est emparée de ce modèle pour en faire bien plus qu’une moto, un étendard de liberté.
Dans un registre un peu différent, plus de cylindrée et de technologie (avec un prix qui augmente aussi en conséquence), les nouvelles Africa Twin, dont la version standard joue la carte du tout-terrain, quand l’Adventure Sports se destine plutôt à la route. Un peu à l’image de la nouvelle BMW 1300 GS, la référence absolue et meilleure vente du marché 2023 (ce qui montre à quel point cette moto est magique puisqu’elle démarre à un prix de vente supérieur à 20 000 €).
BMW GS 1300
Les nouvelles références trail
D’ordinaire, les motos qui font le marché, en tout cas celles qui le dominent, sont des machines qui offrent un excellent rapport qualités / image / performances / prix. Là, les trois premiers critères sont remplis, mais pas le dernier, loin de là… Pourtant, il est à parier que ce modèle 2024 qui tranche radicalement avec le précédent, sera une réussite commerciale. La GS emporte avec elle une image forte, très forte, et pour certains, elle fait partie de ces codes que l’on se doit de posséder quand on souhaite affirmer sa position sociale. Un objet statutaire qui, dynamiquement, se montre à la hauteur de ce qu’elle exige. Une BMW 1300 GS, comme l’était la 1250, c’est un modèle d’équilibre, de performance et de plaisir.
Dans la catégorie, on peut aussi citer la Ducati DesertX Rally qui embarque avec ses équipements, toujours plus d’aventure. Une ode aux pionnières qui ont ouvert la voie sur le sol africain, au début des années 80, avec le phénomène Dakar. Un esprit qui perdure toujours, même si le côté course est moins présent, l’évocation de la découverte reste ce terreau fertile où naissent des produits et des envies. Une constante qui pousse les Chinois nouveaux entrants, comme CFMoto, Kove, Voge à emprunter les mêmes sentiers pour espérer trouver la voie du succès. Toutes les marques ont désormais à minima un trail dans leur catalogue.
Même Harley-Davidson s’y est mis, sur un segment pourvoyeur d’image et de volume. Un volume qui s’étoffe encore par les déclinaisons apportées à ce genre, avec des spécificités bien plus routières qu’off-road : Moto Guzzi cette année avec sa Stelvio ou sa V85 Strada, Kawasaki et sa Versys 1000, Suzuki avec sa V-Strom 800 SE et surtout sa GSXS 1000 GX. Un segment du trail routier qui a remplacé celui des GT. Aux Honda Pan European, Yamaha FJR 1300 qui ont disparu des radars sans être remplacées, les trails routiers ont pris le relais, emportant les mêmes qualités dynamiques, un confort au moins similaire et une meilleure position en prime : un dos bien droit, et cette sensation de dominer son environnement, sans oublier cette capacité à faire quelques incartades dans des chemins blancs, même sans les roues ni les pneus vraiment adéquats.
Des moyennes cylindrées en vogue
Jusqu’à peu, quand on parlait de moyennes cylindrées, on évoquait des 600 cm³, puis des 650 et des 700 cm³. La catégorie 300 qui a débarqué il y a quelques années dans le catalogue de quelques constructeurs était si peu fréquentée qu’on ne prenait même pas la peine de vraiment la qualifier. C’était la classe « 300 ». Mais la classe s’est bien remplie depuis, avec des cylindrées là aussi en hausse et désormais plutôt comprises entre 400 et 500 cm³.
L’industrie réinvestit massivement ce créneau qui mériterait d’être appelé celui des vraies moyennes cylindrées. Que ce soit dans le genre roadster, trail, sport ou custom, on en trouve partout. Des européennes avec par exemple Aprilia (sportive RS 457), BMW, KTM (roadster 390 Duke et trail 390 Adventure), Triumph (les néo-rétro 400 Speed et Scrambler), mais aussi des Japonaises comme Honda (NX 500, CB 500 Hornet et CBR 500 R), Kawasaki (ZX-4RR, Z 500), ou des chinoises à l’image de CFMoto (450 NK et MT), de Voge, de Zontes.
Une vraie percée, en tout cas quant à l’offre. Reste à savoir si la demande sera au rendez-vous. Mais ces cylindrées offrent bien des qualités : un prix d’achat contenu, comme le sont l’entretien ou la prime d’assurance, des performances largement suffisantes dans une majorité d’utilisation, une évidence à l’usage (poids / maniabilité) qui en font des motos Ténéré peu fatigantes et adaptées à bien des publics, masculins comme féminins.
Kawasaki Ninja ZX-4RR
Les sportives reprennent du poil de la bête
Et pourtant il n’en restait pas beaucoup... de bêtes. Vitrines technologiques des marques dans les années 1990 / 2000, le genre sportif a commencé à décliner au moment où les contrôles de vitesse se renforçaient sur nos routes. Plus les radars automatiques garnissaient nos bas-côtés, moins les sportives les fréquentaient. Il est vrai qu’avec des limitations sur les routes secondaires oscillant entre 80 et 90 km/heure, les performances des sportives se sont vite retrouvées en décalage complet. Pour rappel, une 1 000 hypersport actuelle de plus de 200 chevaux, c’est presque 150 km/heure (voire plus) sur le premier rapport… Et des rapports, il en reste cinq à passer ensuite. Un vrai décalage, même sur autoroute…
Mais désormais, la pratique s’est exportée. De la route on est passé petit à petit au circuit, et pas forcément en compétition, juste pour des track days, des journées sur pistes que l’on partage entre amis. Un calendrier de plus en plus fourni et de nombreuses possibilités pour partir se défouler sur les circuits hexagonaux ou européens.
Pour cette année 2024, c’est le grand retour dans la classe Supersport, des Honda CBR 600 RR et Kawasaki ZX-636R, mais aussi la nouvelle évolution de la Honda CBR 1000 RR-R. Avec les Italiennes Ducati ou MV Agusta qui y vont de leur série spéciale, la palette de propositions sur le segment du sport extrême reprend des couleurs. Mais il est une autre déclinaison de sportives qui se développe, plus raisonnable, plus polyvalente, permettant une utilisation sur circuit mais ayant été imaginée avant tout pour la route : Suzuki avec sa GSX-8R, Triumph avec une future Daytona, ou encore Yamaha et sa XSR 900 GP… Des motos qui garantissent plus de confort, une position de conduite moins radicale, et des performances plus en phase avec ce que nous impose à la fois la réalité du code de la route, comme celle de nos chaussées. Il est à parier que ces trois modèles rencontreront leur public au cours de cette année 2024.
L'ascension des marques de moto chinoises
On peut vous l’assurer, la Chine s’est éveillée. Et dans le monde de la moto, on le mesure chaque année un peu plus. Oublié le schéma du salon de Milan d’il y a une grosse dizaine d’années, où les constructeurs chinois présents s’entassaient dans de petits espaces. Désormais, les marques chinoises sont passées à une occupation du sol aux formats japonais.
Et si la profondeur de l’offre n’est à ce jour en rien comparable à celle des constructeurs japonais, et dans une moindre mesure à celle des européens, le chemin emprunté en peu de temps montre qu’ils seront demain un acteur incontournable sur le marché mondial. Déjà rois dans leur royaume, avec Yadea, Haojue, Lifan, Loncin, CFMoto ou encore Zhongshen en Chine, où les volumes se mesurent en millions d’unités, les marques s’exportent désormais aussi à l’international. Et ce sont le plus souvent les constructeurs européens ou japonais qui sollicitent de nouveaux accords, des joint-ventures qui s’établissent pour contourner des taxes douanières, et pénétrer à leur tour de nouveaux marchés, l’Asie se dévoilant comme une sorte d’eldorado pour les marques « historiques ».
Parfois, ce sont aussi les Chinois qui signent des accords avec d’ex-marques européennes, comme Zongshen avec Norton, mais parfois aussi une réalité industrielle, comme ça a été le cas avec les marques italiennes Benelli (propriété de Quianjiang) et Moto Morini (appartient à Zhongneng)*.
*Entreprise britannique, Norton a été rachetée en 2020 par le géant indien TVS. Grâce à un accord avec Norton, l’entreprise chinoise Zongshen a développé depuis 2021 ses propres moteurs à partir du moteur 650cc bicylindre Norton, présentés sous marque Zongshen et Cyclone.
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Visuels : © Photos DR